lundi 14 novembre 2016

THE HEARING TRUMPET


THE HEARING TRUMPET

( LE CORNET ACOUSTIQUE )


Où je découvre la taille des cornets acoustiques, ancêtres des prothèses auditives, en effectuant, par curiosité, une recherche Google Images.
Où je croyais que l'histoire allait tourner autour d'un cornet acoustique, un peu façon instrument magique comme dans un conte, et en fait, pas du tout.
Où je découvre aussi que ce roman fait partie des classiques de référence (ce que j'ai appris en m'intéressant davantage à l'auteur et à la genèse et l'histoire de ce livre), un peu à l'instar de Trois hommes dans un bateau, et surtout de Lewis Carroll, pour son côté fantasque, symbolique, un peu fou inattendu.
Un roman écrit dans les années 50-60 à Mexico, publié dans les années 70, d'abord en France, étudié par de nombreuses féministes américaines et par le romancier britannique David Lodge dans L'Art du roman. Bref, une sacré bête quand même.
Où je découvre encore, et là, la découverte valait vraiment le coup, une personnalité épatante, singulière, extra intéressante, fascinante, malicieuse et à l'imagination fébrile, en la personne de l'auteure, Leonora Carrington.
Et enfin, où je découvre un roman unique en son genre, surprenant, inattendu, hautement original et surréaliste. C'est une sacrée expérience de lecture qui frôle le coup de coeur pour moi.

Déjà, je ne m'attendais pas à ce style savoureux et truculent, et là, je me dis que les écrivains anglo-saxons (d'origine la concernant car elle est plutôt considérée mexicaine - cf sa bio folle pour plus de détails) doivent avoir ça dans les gènes, ce talent de conteur inégalé qui vous fait vous sentir bien dès les premières lignes, qui vous happe et qui vous fait dévorer le livre comme si vous avez été envoûté, vous entraînant habilement d'un univers a priori tout à fait normal à un univers où s'entremêlent merveilleusement bien imaginaire, onirisme et humour. Ah oui, car, cerise sur le gâteau, ce récit est d'une drôlerie féroce et irrésistible, tissé d'humour noir et éclairé d'une certaine lucidité amusée aussi sur la vie, le monde et les hommes.

"People under seventy and over seven are very unreliable if they are not cats."

"What shall I do ?" I said. "It seems a pity to commit suicide when I have lived for ninety-two years and really haven't understood everything."

"It is impossible to understand how millions and millions of people all obey a sickly collection of gentlemen that call themselves "Government" ! The word, I expect, frightens people. It is a form of planetary hypnosis, and very unhealthy."

L'histoire, si tant est qu'il soit possible de la résumer, est celle de Marian Leatherby, une vieille dame anglaise de 92 ans (non c'est vrai, ça n'a pas l'air sexy ou source de péripéties excitantes comme ça mais franchement, bon sang, quel régal !) qui vit chez son fils au Mexique. Elle est vieille, elle est sourde, sa famille la considère sénile mais ça elle ne le sait pas jusqu'au jour où son unique amie et voisine, Carmella, une autre vieille dame excentrique, lui offre un cornet acoustique.
Elle surprend alors un soir, façon Petit Poucet, une conversation entre les membres de sa famille qui décident de la placer dans un hospice pour personnages âgées car ce n'est plus possible. Le choc ! Qu'à cela ne tienne, elle accepte son sort sans remous (il faut dire que physiquement, ce serait assez difficile malgré ses projets d'escapade élaborés avec sa vieille amie Carmella) (grands moments hyène hilare).
On l'amène alors dans cette institution, et c'est là qu'on commence à basculer petit à petit, d'une situation parfaitement réaliste et terre à terre, à un univers assez surréaliste et délirant qui le devient encore plus au fur et à mesure qu'on se rapproche de la fin.
Notre petite mamie, c'est un peu comme Alice qui atterrit dans un univers très spécial, sans repères vraiment logiques mais avec des symboliques fortes et une histoire qui a plus de profondeur qu'il n'y paraît au premier abord. Les personnages sont par ailleurs attachants. On pourrait voir ce récit comme un joli conte au final, mais pas forcément pour les enfants.

Je n'élaborerai pas plus parce que c'est un livre fou-fou qui ne se résume pas en quelques lignes. Peut-être pourrais-je lâcher qu'il y a une histoire de meurtre à un moment (héhé).

J'ai passé un moment de lecture fort divertissant et surprenant de bout en bout, une expérience de lecture à part, rien à voir avec le déjanté ou le décalé, c'est une expérience surréaliste, voilà tout, et je l'ai trouvée formidable.

J'ai apprécié par ailleurs cette thématique "vieillesse", où les héroïnes ne sont pas des enfants, ou des gens encore dans la fleur de l'âge, mais de vieilles femmes qui n'en traversent pas moins des aventures délirantes mais non moins dignes d'intérêt. C'est, quelque part, un roman d'initiation, d'apprentissage, mais à la vieillesse. Mais oui, pourquoi pas ?! C'est vrai que ceux autour du jeune qui découvre la vie, ça va bien au bout d'un moment, haha !

L'auteure
Leonora Carrington, née en 1917 en Angleterre et décédée à Mexico en 2011, est une artiste peintre surréaliste et romancière mexicaine avec une forte influence de Frida Khalo.

Intègre le 
Mexique => 4/28

18 commentaires:

  1. Comme je te l'ai déjà dit, ce truc là est à la bibli, yep!!!Donc je ne scrute pas trop ton billet.Et l'art du roman de Lodge est sur mes étagères, hé oui. Et en VO. Oui j'ai des pépites sur mes étagères.

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    1. Ohlala, j'ai hâte de te lire à propos de Leonora Carrington. Vraiment très curieuse de ton avis !
      Oui, tes étagères détiennent des pépites, et ta bib' aussi !:-)

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  2. Publié en 1983 en poche et jamais réédité depuis, ça ne va pas être simple de le trouver en français !

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    1. Hmmm, c'est vrai ! Il faudrait qu'un éditeur le remette au goût du jour (un peu comme les éditions Monsieur Toussaint Louverture avec Watership Down ^^, ou Belfond, avec sa collection Vintage), c'est impensable de laisser un tel livre sombrer dans l'oubli !
      Bon, sinon, il reste la bib', comme Keisha.;-)

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  3. Emprunté hier à la bibli (avec un autre d'elle, La débutante, mais je doute de le lire), et démarré, donc je subodore des trucs, mais je ne veux pas lire ton billet plus avant (j'y reviendrai)
    Dis donc, c'était paru chez flammarion (1974) tout comme les lapinous, années 1970, cet éditeur était fortiche, non?

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    1. Yes !! Ouuuhlala, très très curieuse de ton avis ! Tiens-moi au courant de ton avancée de lecture !:-)
      Pour les publications des années 70, c'était dans la collection GF aussi. Ça reste une bonne collection, avec des classiques "valeur sûre". Dommage qu'ils aient choisi de ne pas les rééditer. Bon, un autre éditeur a repris les lapinous, peut-être que le cornet sera repris aussi un jour.:-)

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  4. Voilà, j'en suis à la moitié. Finalement ce n'est pas 'barré' mais 'surréaliste' donc j'accroche un peu moins que pour le barré. Je me demandais où ça se passait, tu dis le Mexique, OK. Bon, faut que j'y retourne, là.(pas question de lâcher l'affaire, tu penses bien)

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    1. Ah oui, c'est spécial, hein !:-) On n'a pas vraiment l'habitude de lire ce genre de récit, je ne vois pas trop à quel autre roman le comparer, et en même temps, on n'est pas non plus perdus, on reste en terrain familier. J'ai trouvé cette expérience de lecture particulièrement intéressante et franchement plaisante. Ah, l'épisode de l'abbesse aussi, c'était quelque chose ! Dans le genre inattendu, ça me fait presque penser à Don Quichotte (même si quasi rien à voir au niveau de l'intrigue). Bref, j'attends ton verdict, haha !
      Ah, et sinon, dans le livre, elle évoque une ville dans un pays en Amérique latine sans préciser son nom en effet. Ce sont les résumés et autres textes sur ce livre qui mentionnent le Mexique (du fait que l'auteure s'y était installée et que c'est un récit avec une part autobiographique).

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    2. Je t'assure, je voulais aussi te dire que l'épisode de l'abbesse était très don Quichotte dans la méthode, mais on est sur la même longueur d'ondes, là!
      Bon, je suis dedans, j'ai fini un autre roman assez bizarre aussi, et compte terrasser le cornet acoustique! (il pleut, ça tombe bien)

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    3. Ah oui, là ça va être un weekend idéal pour bouquiner.:-) Ça tombe bien, j'ai de quoi !
      Pour le cornet, je suppose que tu as dû le finir là.:-) Ou tu as dû au moins arriver aux passages avec les chiens/loups, là oui, franchement bizarres, de l'ordre du délire hallucinatoire (parce que le reste à côté, c'est finalement plutôt classique haha) (quoique étrange quand même haha).

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    4. Terminé hier (et démarré deux autres, ha ha!)(et lu une nouvelle de Miss Carrington, zarbi pas mal , avec une hyène mais pas hilare)
      Bon, certains passages me donnent du mal, le graal, n'importe quoi! et ces histoires de grande déesse et tout ça, je ne comprends pas tout. On termine avec des loup garous, on évoque un grand père vampire, un truc comme ça.
      Mais c'est tellement fantaisiste avec des passages loufoques (j'adore Carmela!!!).
      Voilà voilà je dois écrire u n billet, ça va être coton, là.

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    5. Ouhlala je viens de me rendre compte que j'ai laissé passer ce commentaire alors que tu annonçais la fin de ta lecture. Ça m'étonne d'ailleurs parce que généralement je suis attentive. J'espère qu'il n'y en a pas d'autres que j'ai zappé comme ça. Bref, je reviens de chez toi, ton billet est nickel, tu t'en es bien sortie, comme toujours.:-)
      Oui, c'est vrai, il y avait quelques trucs complètement n'importe quoi, pas déjanté mais un délire assez spécial, ceci dit, je trouvais que ça glissait bien dans le récit, et ça ne bloquait pas sa compréhension ou la lecture. Moi c'est à l'épisode de la marmite que je me suis dit "Ouhlala ! Mais c'est quoi ce délire ?" Hahaha ! En tout cas, je trouve cette auteure fascinante pour avoir imaginé un récit aussi atypique, et j'ai trouvé qu'elle écrivait franchement bien et qu'elle en avait dans la tête !

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  5. un classique de référence? whouuu, tu m'en apprends :) ! Ben je note bien que ce titre se retienne tout seul !

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    1. Il y en a quelques-uns comme ça dans la nature, dont je découvre l'existence avec stupeur, haha ! Moi qui pensais être au fait. Mais chez les Anglais et les Américains, il semble y avoir pas mal de petits trésors "anciens" (enfouis pour nous, pas forcément pour eux) à découvrir encore.
      Très curieuse de ton avis aussi !

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  6. Qu'est-ce que tu me donnes envie de découvrir ce roman qui frôle le coup de cœur! Et ce n'est pas toutes les auteures qui nous happent dès les premiers mots. Elle en cumule des talents en étant également peintre et influencée par l'œuvre de la grande Frida Kahlo que j'adore. Là tu piques vraiment ma curiosité. Au Salon du livre de Montréal en ce moment le Mexique est à l'honneur, je ne serais pas étonnée de le trouver là-bas. Et en anglais ça me va très bien!
    Merci à toi pour la super découverte!

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    1. J'espère te lire à ce sujet prochainement.:-) Pour moi, ce livre vaut vraiment le détour mais c'est un avis très personnel. Je l'ai abordé avec méfiance (on me l'avait recommandé donc j'étais très curieuse, et en même temps j'avais peur haha) et dès les premières lignes, j'ai été rassurée, et même ravie du bon moment de lecture que le récit semblait promettre. Et puis, oui, l'auteure a l'air d'être un sacré personnage. Une vie, ou plutôt un destin de vie assez atypique.

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  7. Il m'intrigue celui-ci je l'ai noté à priori il est difficile à trouver je vais voir si je le trouve en anglais.

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    1. Oui, la version française est épuisée mais on peut encore le trouver à la bib', enfin, dans certaines du moins, et sinon en anglais. Je serais très curieuse de ton avis si tu as l'occasion de le lire.

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