dimanche 7 octobre 2018

HOMEGOING


HOMEGOING

( NO HOME )

Étrange, le titre "français" qui donne un autre sens au titre anglais en voulant jouer sur les sonorités. Autant garder le titre original, surtout si c'est pour choisir un autre titre en anglais. J'ai longtemps cru qu'il y avait deux romans différents de cette auteure, genre une suite... Bref...

Mon avis à chaud, livré tel quel, un besoin de poser de suite ce que j'avais pensé de ce roman au gré de ce qui me passait par la tête alors même qu'une dizaine de lectures attendaient dans mes brouillons sans une ligne de commentaires. Du coup, rien de construit, juste mon ressenti à vif, sans le besoin de réagencer tout ça, ni même d'introduire l'histoire.

Ah si ! Je pourrais juste préciser que ça faisait un moment que ce roman était sur ma LAL et qu'il me tentait vraiment mais j'ai eu du mal à m'y mettre car c'était juste après Americanah. J'ai eu l'impression qu'il y avait eu un effet post-Americanah avec des auteurs et des thématiques afro-américaines à foison. Il faut dire que les médias ont beaucoup contribué à la comparaison et à créer cette impression d'effet de mode. Peut-être est-ce juste l'émergence de nouvelles voix dans la littérature, dans un contexte historique et social qui le justifie. Tant mieux si ces écrivains suscitent la curiosité, tant mieux si on en parle, mais en même temps, ça a malheureusement l'effet de frein chez moi alors que ces sujets m'intéressent tellement.
C'est la présence de l'auteure au Festival America  qui a fini par me remotiver et enfin pousser à m'y plonger (sachant que je ne suis finalement pas allée au Festival America) (soupir).

Mon avis à chaud donc :
Je m'attendais à plus bouleversant. Pas vraiment transportée par les personnages, ni l'histoire, ou les histoires, devrais-je dire. Des tranches de vie, de la naissance ou l'enfance à un moment-clé où l'on sait que le personnage va avoir une descendance, et hop, protagoniste suivant. Un côté un peu frustrant. On sait qu'on ne va jamais rester très longtemps avec chacun, du coup, peu importe leur destin que l'auteure abandonne en cours de route, tout en comblant les quelques trous plus ou moins importants par l'intermédiaire de leur descendance. Une des grosses frustrations, car dans l'ensemble, ce roman survit très bien comme ça finalement, c'est le manque d'explications ou de détails sur la façon dont les parents de Marjorie se sont rendus aux États-Unis, comment s'est passée leur installation, tout ça. Ce n'est tout de même pas anodin, ça n'a pas dû être simple. Et avec quels moyens ?
Bref, du coup, avec ce type de ressort narratif, on n'a pas vraiment envie de s'intéresser aux personnages, et j'ai un peu lu ce roman comme un cours d'histoire accéléré romancé.

Bien sûr, pris dans l'ensemble - l'histoire de plusieurs générations de Noirs depuis le 18è siècle jusqu'à nos jours, du commerce des esclaves en Afrique à l'esclavage aux États-Unis, jusqu'à aujourd'hui, ce que signifie être Noir aux États-Unis - ce roman a une portée tout de même importante. On comprend l'ambition ou le projet de l'auteure à travers cette saga familiale. C'est louable, c'est plutôt bien mené, quoiqu'un peu linéaire, l'impression de lire un enchaînement de faits. Rien à redire sur l'écriture quoique rien d'admirable non plus, bref le tout est un peu comme ça, un peu fade et plat. Mais encore une fois, si on s'en tient au projet, ça reste tout à fait louable.

La fin est à la hauteur de l'ensemble. On frôle l'émotion, le bouleversant, mais comme c'est un rien prévisible et qu'on voit bien qu'on boucle la boucle, ça tombe un peu à plat et je n'ai pas pu me laisser transporter. Attention mini-spoiler, ça reste une belle fin ceci dit.

Je me souviens que, dans le même genre, j'avais été plus chahutée par Racines d'Alex Haley (lu il y a un bail ceci dit donc je ne m'en souviens plus dans les détails).

L'auteure
Née en 1989 à Mampong, au Ghana, Yaa Gyasi a émigré aux États-Unis à l'âge de deux ans, pour suivre son père, alors étudiant en français à l'université d'État de l'Ohio. Diplômée d'un Bachelor of Arts en anglais et d'un Master of Fine Arts obtenu au prestigieux Iowa Writers Workshop, elle vit désormais à Berkeley, en Californie. No Home est son premier roman.

26 commentaires:

  1. Je me suis souvent demandée ce qui créait ces "effets de mode" qui font qu'on finit par se lasser d'une thématique pourtant passionnante. je me dis que c'est peut-être aussi moi, qui, pendant un temps, ne voit que ce qui m’intéresse, peut-être ? En tout cas, pour ce titre, pas envie d'un cours d'histoire, même en accéléré !

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    1. Je pense qu'au départ, un éditeur se lance, si le succès ou l'intérêt est là, le phénomène attire l'oeil d'autres éditeurs, et hop, tout ce qui tourne autour du sujet prolifère. Forcément, on finit par se lasser un peu quand on ne sait plus où donner de la tête. Enfin, moi ce n'est pas vraiment de la lassitude mais plutôt une certaine méfiance : le livre sera-t-il aussi bon qu'on le dit ? Vibrerais-je autant qu'avec Americanah ? (pour ne citer qu'un exemple^^)

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  2. J'ai beaucoup aimé ce livre. Je me demande bien ce que sera le prochain de l'auteur. Car elle ne va pas pouvoir s'arrêter là, je pense.

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    1. C'est un roman qui a eu un très bon accueil des lecteurs en général. Elle ne devrait en effet pas s'arrêter à ce roman.

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  3. Un cours d'histoire à travers le roman, pourquoi pas, mais les personnages doivent être attachants (à mon avis). Je miserai plutôt sur Americanah donc (qui traîne dans ma PAL...)

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    1. Ce n'est que mon humble avis.;-) Beaucoup de lectrices ont vraiment beaucoup aimé ce livre. En tout cas, Americanah est un incontournable pour moi (mais ce n'est pas tout à fait comparable - le genre, l'histoire, le propos, tout est autre).

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  4. Je suis d'accord avec toi sur de nombreux points. D'abord sur le fait que le choix narratif est déstabilisant, de mémoire, je disais comme toi dans mon billet : il nous empêche de nous attacher aux personnages, que l'on n'a pas vraiment le temps de connaître. Ensuite, sur le style, en effet linéaire, et pour le coup j'ai trouvé que l'auteur avait joué peut-être la prudence, mais qu'elle avait sans doute bien fait, car elle évite ainsi les écueils d'une narration polyphonique adaptée à chacun des personnages (ce qui peut être très bien, mais très difficile à réussir sans tomber dans la caricature).
    Cela ne m'a pas empêchée de beaucoup aimer ce roman : en enchaînant ainsi les générations, il aborde la thématique de la transmission de manière très parlante...

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    1. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle n'a en effet pas pris trop de risques. Elle a opté pour la simplicité du style et la clarté de l'intrigue. C'est un choix qui se défend. Il vaut mieux faire sobre que trop en faire dans certains cas, surtout si ce n'est pas maîtrisé (j'ai un exemple en tête, un billet à venir^^).
      Bon, je conçois que ce roman ait trouvé son public, et tant mieux, mais ça manquait quand même un peu de chair à mon goût.;-)

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    2. au Festival America, elle a parlé de ce choix d'enchainer les chapitres courts et les voix multiples - c'était voulu - je pense qu'effectivement le message était plus important que l'attachement aux personnages ... du coup elle m'a donné envie de le lire (je le voulais mais trop d'avis mitigés sur la toile m'en empêchaient)

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    3. Oui, ça se voit que c'est un choix clairement assumé, on comprend vraiment bien l'ambition de son projet à la lecture de son roman. Après ça passe ou ça casse auprès du lecteur. Je trouve ça difficile de voir les personnages comme une parenthèse dans un récit, sauf si le sujet avait été tout autre, la nature, la faune, ou que sais-je.^^ Curieuse de ton avis sur le sujet si tu le lis.

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  5. Je ne connais pas du tout et je ne le lirai sans doute pas. J'ai bien trop à lire et trop peu de temps pour le faire.
    Bonne semaine.

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    1. On en est tous là mon cher Philippe, c'est bien le drame.:-)
      Bonne semaine.

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  6. Ah Racines ! Je me souviens très précisément d'images de la série télé, vue gamine, et que je n'oublierai jamais je crois. Très marquant...

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    1. Jamais vu la série mais je serais bien preneuse d'une rediff. Elle semble avoir marqué beaucoup de monde.

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  7. Alors... J'ai aimé, le côté ghana surtout car je l'ignorais plus. Le reste, plus connu , une des raisons pour lesquelles je n'ai pas lu le Underground Railway
    Mode people on ! j'ai donc croisé Colson Whitehead au festival America (des dreads de rêve)mais pas abordé, puisque je n'ai pas lu son roman et pas envie, en revanche j'ai abordé Yaa Gyasi à son stand (pas la honte!), j'adore sa coiffure 'nature, une raie et les cheveux peignés de chaque côté, elle m'a rappelée une copine camerounaise bref ensuite j'ai assisté à un débat avec elle (parce qu'il y avait Powers aussi). J'ai évidemment dit que j'avais aimé son roman, et dit (mais trop la honte!) que j'avais lu Racines (mais elle, non)et ça doit la bassiner qu'on lui en parle. ^_^

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    1. Oui, je suis d'accord avec toi, il y avait un certain intérêt tout de même dans la partie Ghana et des aspects de l'Histoire que j'ignorais dans ces détails. Bon, Underground Railroad est tout de même dans ma PAL, c'est une thématique à laquelle je ne résiste pas même si j'ai vu passer quelques bémols. Et puis l'auteur a l'air physiquement très cool en plus (c'est particulièrement motivant, haha !).
      Aaah j'ai adoré et bien ri à ton compte-rendu people. C'est vrai que les gens ne doivent pas arrêter de lui parler de Racines, la pauvre.^^
      J'ai vu que tu avais inclus dans tes billets quelques clins d'oeil Festival America. Je pensais que tu allais nous faire un billet complet. Bon, moi j'ai raté l'événement. Pas dispo ce weekend-là finalement mais je le regrette bien.

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    2. Oui, je me suis concentrée sur peu d'auteurs et en fait, peu de débats, donc j'ai opté pour des compléments sur les romans lus. Je ne prends ni notes, ni photos, donc ça va bien!

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    3. C'est une bonne formule aussi.:-)

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  8. Il m'attend depuis sa sortie mais je ne vais pas me précipiter, c'est une certitude !

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    1. Oui, il y a des livres comme ça, au fur et à mesure que le temps passe, on ressent de moins en moins l'envie de se précipiter (soupirs en regardant ma PAL^^).

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  9. Alors, 1. moi aussi ça me gonfle ces histoires de titres, ça m'avait fait la même chose pour des films comme Happiness Therapy, ou pire, l'adaptation de Expiation au ciné, avec, le pompom, la réédition en poche avec les deux titres sur la couv, celui du roman et celui du film.
    2. Il est das ma pal depuis un bail, de même qu'Americanah, et vu ce que tu en dis, je risque de ne lire qu'Americanah (quand j'aurais enfin le temps. Il se lit vite d'ailleurs? je ne sais même pas si c'est un pavé). Le procédé narratif que tu évoques m'a déjà gâché des lectures...

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    1. Oui, qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour qu'un livre soit plus vendeur !^^ Certains choix s'expliquent ou du moins se comprennent, mais là franchement, entre Homegoing et No Home, je ne vois pas bien... Enfin, No Home, ça sonne plus tragique peut-être, mais pour moi ça change vraiment la portée du titre original. Mais bon, ça se trouve, le choix du titre anglais a été aussi imposée à l'auteure et ça n'a rien à voir avec ce qu'elle voulait exprimer elle-même !:)
      Pour Americanah, ça reste assez consistant (sans être le pavé effrayant) mais ça se dévore. Enfin, je connais quand même quelques personnes qui n'ont pas accroché ou été convaincues plus que ça, et une qui a même abandonné assez rapidement donc, bon, tout est possible...^^

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  10. moi j'avais adoré mais je n'ai pas lu les deux autres romans que tu cites, je l'avais vraiment trouvé passionnant et bouleversant.

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    1. Tiens, je me demande quel aurait été mon avis si je n'avais pas lu les deux autres romans ! Je ne pense pas que je l'aurais trouvé plus passionnant, le procédé narratif joue vraiment en sa défaveur pour moi, même s'il se défend, mais j'aurais peut-être davantage apprécié le projet.

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  11. Je passe ! Pffiou, ça fait plus d'un mois que je n'étais pas venue sur ton blog. Honte à moi, mais j'ai à ma décharge depuis un mois de passer tout mon temps dans le sauvetage félin, stérilisations d'errantes, placement de chats et prises de tête avec l'humain...

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    1. Oui là j'ai vu tous tes commentaires d'un coup, j'étais assez étonnée d'avoir publié autant en quelques semaines. J'ai l'impression aussi d'avoir moins de temps pour le blog et de publier moins, mais ce n'est visiblement qu'une impression.^^

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