mardi 5 mai 2020

L'ÉCOLOGIE EN BAS DE CHEZ MOI


L'ÉCOLOGIE EN BAS DE CHEZ MOI

Ce qui m'a entraînée dans cette aventure que j'aurais contournée en temps ordinaire (une sorte d'allergie à tout ce qui brame "écologie"/"environnement" façon donneur de leçon) : la quatrième de couv tout simplement. Que j'ai zyeutée par curiosité, connaissant et appréciant déjà l'auteur, Iegor Gran, pour ses satires loufoques et mordantes à travers lesquelles il prend un malin plaisir à pointer du doigt les petits travers de nos sociétés, n'hésitant pas à égratigner jusqu'aux institutions sacrées tel le Goncourt, ou encore les ONG.

"Un voisin durable, c'est un voisin qui trie ses déchets et me surveille pour que j'en fasse autant. Une amitié durable, c'est une amitié où l'on ne met pas en danger l'avenir de la planète, même en paroles. On évite d'aborder les sujets qui fâchent. On gobe le discours moralisateur avec le sourire. On accepte l'opportunisme marchand en ouvrant son portefeuille. On se garde de penser sans gourou, sans nounou. On se retient.
Ce livre raconte comment je ne me suis pas retenu."

Je me suis sentie tellement en phase avec lui en lisant cet extrait. C'était un quasi "enfin !, un qui dit des choses qui me parlent sur le sujet".

"Mon instinct me dit que toute cette affaire est une atteinte à la liberté, à la culture, à l'intelligence. Il y aura des lésions."

"Les commentaires fleurissent sur le site. Il y en aura plus de 200 en quelques jours. Violemment pour (quelques-uns), violemment contre (la plupart). L'internaute n'est pas indifférent et il le fait savoir avec toute l'élégance que permet l'anonymat."

"Ce n'est pas que je rapporte, je constate. L'empreinte carbone de sa famille est sans doute supérieure à la mienne. Sa bigoterie s'arrête là où commence son véritable confort, ses véritables habitudes. Ce qui ne l'empêche pas de multiplier les signes de dévotion."

Bon, bien sûr, l'auteur pousse un peu le bouchon, il va dans l'exagération qui pourra en crisper plus d'un mais il assène tout de même des vérités qu'il fait du bien entendre. Ça reste sur le ton de l'humour mais c'est parfois un peu agressif quand même. Il n'a pas la langue dans sa poche en clair, et on sent qu'il pense ce qu'il écrit, sans dixième degré. Alors ça peut faire mal, ça peut déplaire.

Personnellement, j'ai aimé le côté coup de gueule qui va un peu à contre-courant de la pensée et du mouvement mouton. Ça m'a souvent traversé l'esprit, ce parallélisme qu'il fait avec les bigots, ces personnes qui imposent leur croisade et leur charte aux autres, toujours enclines à prêcher la bonne parole en adoptant une posture morale, sans se contenter de montrer l'exemple, voulant à tout prix vous convertir en essayant de vous culpabiliser. Ces gens qui pensent représenter le bien, convaincus d'être mieux que tout le monde pour un geste qu'ils font, et qui ne penseront jamais à se remettre en question pour le reste, sur d'autres aspects de leurs actions quotidiennes qui polluent autant, si ce n'est plus, qu'ils n'en ont conscience. 

Sur la longueur, un tel exposé peut finir par lasser, surtout quand l'auteur commence à extrapoler et que ça part un peu dans tous les sens. On en perd un peu le fil principal. Le vrai bémol pour moi, ceci dit, c'était les notes de bas de page à l'excès, même s'il le faisait un peu en manière de dérision.

À noter que je ne suis pas du tout une écolo-climato-sceptique ni que je ne me soucie pas de l'environnement. Je ne supporte juste pas l'hypocrisie de la bien-pensance (et ce, dans bien d'autres domaines), ni comment c'est récupéré ensuite par l'opportunisme marchand.

Également commenté par Keisha, Violette et d'autres sûrement.

18 commentaires:

  1. "Faites ce que je dis mais ne faites pas ce que je fais", il y a en effet plein de donneurs de leçons... Ceci dit, je ne sais pas si le parallèle avec la religion fonctionne tout du long car il s'agit là de salut individuel tandis que la cause écologiste est avant tout collective, me semble-t-il...

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    1. C'est plus dans l'attitude des personnes que le parallèle est souligné, plutôt que dans la cause en elle-même.

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  2. Il est dans ma PAL, suite à une rencontre avec l'auteur au salon du livre, à Paris. C'était en pleine polémique puisqu'il lui a été reproché je ne sais plus trop quoi à la sortie. Il ne s'y attendait d'ailleurs pas. Aujourd'hui où c'est plus clair qu'il y a des ayatollahs de l'écologie, il passe peut-être mieux .. il faut que je le sorte de la pile.

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    1. C'est clair que quelqu'un comme lui ne peut pas se faire que des amis.:) Et je ne me réfère pas juste à ce livre en disant cela. Amusant qu'il s'en soit étonné d'ailleurs. Après, pour le fait que ça passe mieux ou non aujourd'hui, je pense que c'est une question de convictions personnelles, et d'honnêteté avec soi-même aussi.

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  3. Je note les deux autres titres, dis donc, ça m'avait échappé.
    Pour cette écologie , je l'ai lu, et à relire mon billet, je sais que j'ai aimé les notes (un peu délire)
    Sur le fond, ma foi, je serais bien d'accord avec toi, on ne va pas culpabiliser les gens, ne serait-ce que parce que ça ne sert pas à grand chose; mais si certains pouvaient éviter de jeter leurs canettes vides juste à l'endroit où ils l'ont terminée, ça serait sympa. Dernièrement un masque volait au vent au bord de la rue, je sens que ça va être le déchet tendance à venir...
    N'empêche quand même que moins bouger ça a fait baisser la pollution et revenir les bestioles, c'est du positif.
    Et ma super clio diesel polluante n'est pas vraiment sortie. J'assume, ce n'est pas un moyen de déplacement propre (mais pas envie de me faire gauler à faire les courses à vélo; j'attends le 11)

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    1. Ah mais le vélo est autorisé maintenant, depuis plusieurs jours même.;) Je n'ai jamais compris son interdiction, soit dit en passant.
      Sinon je n'avais pas vu ton billet (mais il remonte^^), j'avais laissé un commentaire en plus. Je le rajoute. Concernant les notes de bas de page, elles étaient la plupart du temps amusantes, mais tout de même, trop de notes tue la note !
      Quant aux masques volants ou canettes abandonnées, bien d'accord avec toi. Problème d'éducation... Au-delà de la cause écologiste, le respect des espaces communs et de ceux qui passent derrière, ça devrait s'apprendre dès le plus jeune âge et être naturel. Mais bon, c'est comme le civisme, ça ne vient pas naturellement a priori.

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    2. Il y a eu des trucs pas logiques dans les interdictions, au début. Prudemment, j'ai juste fait les courses tous les 10 ou 15 jours, mais à fond, supermarché, petites boutiques, banque, pharmacie,etc. Hier seulement j'ai pris un masque...

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    3. En parlant de courses, j'ai toujours trouvé ça plus "à risque" que des balades à pied, à vélo, au-delà d'un km et de plus d'1 heure, surtout dans des zones à faible densité de population, mais bon...

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    4. Bien d'accord... Je me suis astreinte à ne pas dépasser le km le long du canal, mais franchement, c'était par principe, car s'il y avait un endroit peu fréquenté, c'était là. A moins d'un km, j'avais des gens promenant leur chien!
      Tiens hier grande première! Sur le parking du supermarché, un masque jeté par terre, par qui on ne sait pas...

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    5. Ah oui, j'ai commencé à en voir aussi.:(
      Ces fous, les gens ne jettent pourtant pas volontairement leurs mouchoirs en papier par terre...

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  4. ca pourrait me plaire. Je n'aime pas non plus les moutons de Panurge. En revanche, je ne connais pas beaucoup d'écolo excessif... Autour de moi, les gens font leurs courses bio, tri ou autres mais je ne me suis jamais sentie agressée par leur comportement. Evidemment le bio a été récupéré pour faire vendre... franchement, c'est plutôt l'inverse que je constate que l'écologie est une préoccupation de façade et que personne ne s'en soucie vraiment. Tout le monde se dit écolo mais ce n'est qu'en parole ( personne n'est prêt à abandonner sa voiture pour les transports en commun etc, le confort passe avant tout....)

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    1. Il faut dire que la cause écologiste est de plus en plus entrée dans les moeurs et les gestes écolo sont devenus plus naturels au quotidien (bien qu'il y ait encore du chemin) mais il y a 10 ans, à l'époque où ce livre a été écrit, on n'y était pas encore vraiment et là les écolos excessifs se remarquaient davantage. Mais aujourd'hui encore, à mon travail par exemple, je vois des affichettes d'anonymes (que je connais^^) pleins de bonnes intentions pour inciter gentiment (coeurs & co) à passer à la gourde plutôt que d'utiliser des gobelets en plastique. Même si sur le principe je suis d'accord, je n'aime pas ces procédés. Et c'est chez ces gens-là justement que souvent, l'écologie n'est qu'une préoccupation de façade. Certes, ils utilisent gourdes, savons naturels, etc, et te le font bien savoir (relou), mais à côté de ça, ils font plein d'autres actions qui feraient hurler la Terre, mais ça, ça ne les dérange pas... L'auteur en parle très bien quand il dit "leur bigoterie s'arrête là où commence leur véritable confort" (une de mes citations dans le billet).

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  5. Ce livre pourrait bien me plaire, mais bon, je lis tellement de romans qu'il me reste peu de temps pour lire autre chose...
    Bonne soirée.

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    1. On a tous le même problème.;) Bonne soirée.

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  6. oh c'est drôle, j'ai lu ce livre il y a presque dix ans! http://doucettement.over-blog.com/article-l-ecologie-en-bas-de-chez-moi-d-iegor-gran-67750852.html
    et j'ai relu ma chronique, j'ai quand même un peu changé (je suis plus psychorigide quant au tri des déchets!) ^^ je m'étais bien amusée en tous cas.

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    1. C'est toujours amusant de lire ses anciens billets et de voir comment on a pu évoluer, surtout suivant les thèmes explorés.:) Curieuse de voir si dans 10 ans, je ne serais pas devenue moi-même devenue une bigote de l'écologie.;) Lien noté en tout cas. Sur ce livre en particulier, je trouve tous les avis intéressants.

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  7. Bien tentant tout de même, malgré tes bémols, car j'en ai marre aussi des donneurs de leçons qui voudraient par exemple, m'imposer d'aller faire mes courses en circuits courts mais en faisant plein de km en voiture pour ça, pour aller dans chaque boutique différente, me retrouver avec des kg de légumes alors que j'achète mes tomates par deux... le tout dans une grande surface à 1.5 km de chez moi. A une époque, j'ai eu un mec très écolo... Il lavait les sacs plastiques pour les réutiliser, mais par contre, acceptait toutes les tonnes de pub dans sa boite aux lettres. Je l'ai quitté quand il m'a avoué qu'il prenait des 1/2 douches, alors que Mr roulait dans une vieille diesel hyper pourrie et polluante pour le coup !

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    1. C'est le problème des donneurs de leçon... Ils aiment bien voir et pointer du doigt la paille dans l'oeil du voisin sans se rendre compte qu'ils ont une énorme poutre dans l'oeil... Ça a toujours été ça de tout temps, c'est vrai, finalement pourquoi ça changerait ?...
      Je pense que par certains aspects, ce livre pourrait bien te plaire, en effet !

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