mercredi 2 juin 2021

UPROOTED


UPROOTED

( DÉRACINÉE )

Un village menacé depuis toujours par le Bois, une entité maléfique qui hante la forêt avoisinante ? Un puissant magicien surnommé le Dragon, objet des pires rumeurs, chargé de sa protection ? En contrepartie, une jeune villageoise choisie par ses soins pour entrer à son service pendant dix ans ? 

Voilà un roman de fantasy garanti sans gnome ni elfe, qui fleurait bon les contes de notre enfance dont je raffole, avec, en lieu d'un prince, un puissant magicien, en lieu d'une princesse, une apprentie magicienne, et dans le rôle du méchant, le Bois. Je n'ai donc pas résisté longtemps. Très vite d'ailleurs, j'ai eu l'impression de me retrouver dans l'univers de "la Belle et la Bête". Pour basculer assez rapidement dans l'ambiance de "L'Exorciste". 😂 Et là c'était un changement d'atmosphère radical qui a accéléré mon rythme cardiaque et m'a fait passer deux nuits blanches, tellement je n'arrivais pas à décrocher. J'avais même les yeux qui louchaient de sommeil mais impossible de lâcher, j'étais totalement envoûtée par cette intrigue.

La jeune Agnieszka, qui brille plus par sa maladresse (quelque chose d'épique) que par son charme, n'aurait jamais pensé que cette année-là, à son grand dam, le Dragon jetterait son dévolu sur elle. Et elle aurait encore moins imaginé détenir un quelconque don pour la magie, que le Dragon va s'évertuer, en puisant dans la patience et l'empathie qu'il n'a pas, à lui enseigner. Un duo qui n'est pas sans rappeler La Passe-miroir, la romance un peu trop YA en moins, ou encore l'univers de Harry Potter, avec le Dragon dans le rôle d'un Severus Rogue plus attractif.:)

J'ai adoré la façon dont l'auteure, Naomi Novik, a abordé et exploité le thème de la magie ici, un traitement très imaginatif qui m'a toutefois semblé plus réaliste et terre-à-terre que tout ce que j'ai pu lire jusqu'à présent, à tel point que j'ai furieusement eu envie de m'y mettre en ayant l'impression que cela m'était accessible.😅 Le summum, c'était la fusion de la magie à deux, surtout entre un pragmatique et une instinctive dont l'approche et la sensibilité à la magie divergent complètement. J'ai trouvé que Novik retranscrivait vraiment bien toutes ces nuances et le côté spectaculaire de cette fusion. 
J'ai beaucoup aimé aussi toute la symbolique derrière le sort de "l'Invocation", cette idée de magie qui filtre à travers les histoires, la magie des histoires qui, au-delà de les enchanter, peut véritablement sortir les gens de l'ombre, de la grisaille, du désespoir. En tant que lectrice, c'est quelque chose qui me parle, clairement.:)

J'ai donc été totalement subjuguée par cette intrigue addictive jusqu'au deux tiers, malgré un léger agacement vis-à-vis des personnages par moment, vibrant au rythme soutenu de ses rebondissements et retournements de situation, traversant des moments très éprouvants (mais palpitants) avec ce Bois, cette force surnaturelle surpuissante à l'origine mystérieuse, tellement coriace qu'on désespère d'en venir jamais à bout, et puis, sur le dernier tiers, le soufflé est un peu retombé et l'auteure a failli me perdre. 
J'ai eu l'impression d'un enchaînement quelque peu abrupt des événements, sans véritable transition, avec des explications peu convaincantes qui semblaient se bricoler autour au fur et à mesure qu'ils se déroulaient. 
Avec le recul, et une fois la dernière page tournée, ces explications m'ont finalement convenu, le tout reste tout de même cohérent, et la fin, empreinte d'une étrange beauté et d'une certaine sagesse, avec sa morale confortante et son charme singulier, m'a véritablement satisfaite (quoique la toute dernière page s'est conclue de façon bien abrupte là encore) mais le tout a été un peu mené à la va-comme-je te-pousse dans un flou artistique assez déstabilisant qui contrastait furieusement avec le début de l'histoire développé avec bien plus de soins. 

Dommage, ça aurait pu être un véritable coup de coeur. J'ai vraiment été conquise jusqu'au deux tiers du roman mais cet écart de rythme et de fluidité du récit entre le début et la fin était quand même flagrant. Malgré tout, j'ai quand même beaucoup aimé cette intrigue, surtout le traitement de la magie ici, et l'inspiration forte de l'univers des contes que l'auteure a remaniés à sa sauce avec brio. D'origine polonaise, Naomi Novik a été bercée par les contes de l'Europe de l'Est, mais aussi par des grands standards de la fantasy comme Le Seigneur des anneaux dont on retrouve quelques traces ici aussi.
J'ai d'ailleurs fini par avoir une certaine tolérance pour ces plot holes, je pense, car j'ai lu ce roman vraiment comme un conte, et les contes ne s'embarrassent pas trop de cohérence ni d'explications toujours rationnelles (quand il y en a).:)

Je suis bien partie en tout cas pour lire un autre roman de Naomi Novik, La Fileuse d'argent. Encore très évocateur d'un conte bien connu !

LC avec Stéphanie, Dany, et Éva.

Intègre le challenge À l'assaut des pavés. Hors catégorie (moins de 600 pages).

L'auteure
Née à New York en 1973, Naomi Novik est l'auteure de la série à succès Téméraire. Son roman, Déracinée, a été récompensé par les prix Nebula, Locus, British Fantasy et était finaliste du prix Hugo.

14 commentaires:

  1. Ca me tente bien s'il n'y a pas d'amours ya

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    1. Ah ce n'est pas complètement innocent mais c'est quand même plus ciblé tout public (j'entends par là beaucoup plus âgé) que spécifiquement YA, même s'il me semble avoir vu qu'il était catégorisé YA par endroit. En tout cas, ça ne gravite pas autour de la romance YA gnangnan.;)

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  2. On sent l'enthousiasme (mais qui ne s'est pas communiqué chez moi, tu t'en doutes ^_^)

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    1. Ah oui, c'est vrai, je ne pensais pas à toi en lisant ce roman.;)

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  3. Ohhh nooooon pour la fin...elle aurait du le faire plus long son roman...noooo dommage....

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    1. Oui, c'est ce qu'on s'est toutes dit en LC. Il manquait d'un petit quelque chose, quelques pages de développement supplémentaires. Mais ça aurait pu aussi faire un peu trop long. C'est peut-être mieux ainsi.

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  4. Pas trop mon genre,je pense, ce roman...
    Je passe mon tour.

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  5. Tu as failli me convaincre, par curiosité en fait ! Et puis, étrangement tu m'as perdue au 2/3 de ton billet !

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    1. Ahaha la malédiction des deux tiers.;) Mais je ne suis pas convaincue que ça aurait été ta tasse de thé, même au début.

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  6. Dommage en effet que le soufflé soit retombé, ça semblait être un roman fait pour toi !

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    1. Mais oui, c'était complètement mon créneau. Ceci dit, même si le soufflé est un peu retombé, il n'en est pas moins resté bon à la dégustation.;)

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  7. dommage pour la fin, mais on sent que c'était vraiment bien parti!

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    1. Oui, ce n'était pas un désastre non plus mais ça aurait pu être beaucoup mieux amené à mon sens.

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