PLAGE DE MANACCORA, 16h30

PLAGE DE MANACCORA, 16h30

Ce roman faisait partie de ma liste des élus pour mon séjour au Mexique. Je l'aurai finalement lu à mon retour et dévoré en un jour !

Ça faisait un moment que je voulais lire du Jaenada hors catégorie faits divers et non-fiction (quoique je me sois rendu compte que celui-ci était dans la veine de l'autofiction donc il faudra que je tente de la fiction pure) (s'il en a écrit), et ce titre était parmi ceux les plus recommandés. Je n'avais aucune idée de l'histoire. Je savais juste que, normalement, je devais y trouver mon compte en hyène hilare (humour jaenadien oblige), et je me suis embarquée direct dans les Pouilles, sur la plage de Manaccora.

Quelle surprise que ce roman ! Au début, j'étais assez sceptique, peut-être toujours pas encore bien concentrée pour la lecture. Les digressions jaenadesques me faisaient lever les yeux au ciel (viens-en au fait !), l'humour me semblait un peu facile, façon le bon mot pour rire (ex : "Je me suis relevé avec la grâce d'un cochon mourant et nous avons repris la fuite."), et ne prenait pas, et surtout, ces vacances idylliques en Italie avec femme et enfant me semblaient assez classiques. Je ne voyais pas en quoi elles allaient pouvoir me passionner. 

Et puis, et puis... le début du drame... C'est tellement bien raconté, progressivement, qu'on ne le voit pas vraiment venir et qu'on vit les événements comme les protagonistes, quasi minute après minute, sans inquiétude au début, presque avec légèreté, pour basculer petit à petit dans la tension grandissante, jusqu'au désespoir le plus absolu. À ce moment-là, l'humour jaenadien devient salutaire (allez, place-nous encore une digression amusante, une anecdote rigolote qui nous détourne un peu du drame) et on l'accueille les yeux ouverts.

On s'attendrait à ce qu'un tel récit se borne aux faits, rien que les faits, et on n'imaginerait pas qu'il puisse être narré autrement que de façon journalistique, ou sur le ton de la tragédie pure, ou alors, si romancé, façon thriller diabolique, le suspense à son comble tout le long.

Quelle prouesse de réussir à raconter un drame de cette ampleur, qui a vraiment eu lieu, avec humour, dérision et anecdotes pittoresques, sans en amoindrir la tragédie, la tension, l'horreur, pour les protagonistes comme pour les villageois et autres touristes ! J'avais vraiment l'impression d'être dans l'enfer de la situation. Et même en sachant qu'ils allaient s'en sortir, j'étais dans le suspense le plus absolu quant à la manière dont cela se réaliserait, l'issue semblant de plus en plus fatale à mesure que les minutes s'écoulaient.

J'ai beaucoup aimé la description des comportements humains, des réactions et des rapports humains dans l'adversité. D'une justesse absolue ! J'ai apprécié d'ailleurs le fait que lui-même ne se fasse pas passer pour un héros et assume complètement sa lâcheté dans certaines situations. C'est tellement humain qu'on se garderait de le juger. J'ai beaucoup aimé aussi les pensées qui l'animaient à l'approche d'une mort qui semblait imminente et inévitable, des réflexions, entre autres, sur ce qui importe vraiment dans la vie. Et la fin, à cet égard, m'a beaucoup amusée.:)