mardi 11 novembre 2025

JUNIL


traduit du catalan par Juliette Lemerle

Repéré chez Sacha, j'ai tout de suite été ferrée par les premières lignes de ce roman citées dans son billet et par l'aspect conte de l'intrigue. Je l'ai emprunté assez vite et je n'ai pas été déçue. Ce roman a été un formidable voyage dans un autre espace-temps, une autre dimension, délicieusement dépaysant et rafraîchissant. J'ai été complètement sous le charme de l'écriture de l'auteur, Joan-Lluís Lluís, un conteur hors pair à la plume précise, fluide et savoureuse (bravo à sa traductrice en passant !).
Mais voilà, c'est ballot, je l'ai lu en août, et prise dans les affres de mon déménagement, je n'ai pas pris le temps de jeter mes impressions en brouillon, pensant pouvoir y revenir assez vite, et il ne me reste plus que quelques images, couleurs, ressentis, émotions, assez vives certes, mais qui ne se traduisent plus en chronique qui lui rendrait véritablement justice.

Tant pis, je tiens à archiver cette lecture ici pour me rappeler que j'ai été transportée par ce texte à la croisée du roman historique, d'aventures et d'apprentissage, et qui raconte l'histoire de la jeune Junil, contrainte de fuir l'Empire romain vers le Nord, au coeur des terres barbares, et accompagnée dans son périple par un petit groupe en quête de liberté qui grossira au fil des rencontres. Une formidable épopée qui résonnait en moi comme La Légende des siècles de Victor Hugo, mais dont le fil rouge est Ovide et ses poèmes.

Les premières lignes fatales :
"Il y avait un homme qui méprisait sa fille. Ce mépris, manifeste et constant, fut d'une certaine façon la cause de la mort de cet homme, qui n'interviendra donc que brièvement dans ce roman. Peu de temps après avoir surgi de la page blanche, il y retournera à jamais. Et même si sa présence restera vive et implacable dans l'esprit de sa fille, il ne fera ici que des apparitions allusives, sans doute superflues, comme une brise matinale qui renonce vite à souffler.
[...] 
Il faut préciser que ce premier chapitre, qui peut sembler une sorte de prologue, de préface ou d'avertissement liminaire, fait partie intégrante de ce récit, ce roman, ou tout autre nom que l'on voudra donner à ces pages. L'histoire a commencé dès la première page, quand père et fille, à peine ébauchés, se sont mis à exister, à respirer, à se mouvoir dans l'esprit de celui qui écrit, et peut-être aussi dans l'esprit de ceux qui estiment que cette lecture mérite pour le moment d'être poursuivie. La fille - appelée Junil - et le père - laissé sans nom - prétendent déjà être la chair et le sang d'une fiction qui opère depuis le premier mot. Et qui, sans plus tarder, continue."

L'auteur
Né en 1963 à Perpignan, Joan-Lluís Lluís est de culture et d'expression catalane. Auteur d'une vingtaine d'ouvrages et publiant habituellement à Barcelone, il est considéré comme l'une des voix les plus originales de la littérature catalane contemporaine.

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