lundi 11 janvier 2021

LE LIVRE DE JESSIE


LE LIVRE DE JESSIE

   JOURNAL DE GUERRE D'UNE FAMILLE CORÉENNE

Ce manhwa de Park Kun-woong est l'adaptation du journal original rédigé par Yang Wu-jo et sa femme Choi Seon-hwa pendant l'occupation japonaise de la Corée. Commencé à la naissance de leur fille Jessie, "ce récit qui court sur plusieurs années et capte avec beaucoup de densité le quotidien familial en temps de guerre, est régulièrement comparé au Journal d'Anne Franck." (extrait de la quatrième de couv)

Au départ, j'ai été attirée par les dessins qui m'évoquaient ceux de Tezuka, une sorte de naïveté, d'innocence dans les traits qui n'en masque pas moins la gravité du contexte, et qui au contraire même, la rend peut-être plus intense. J'ai aimé aussi l'idée de parents qui décident, à la naissance de leur fille en temps de guerre, d'écrire un journal qui lui serait destiné, en témoignage de leur amour pour elle mais aussi de leur combat pour l'indépendance, leur engagement pour un pays qu'ils sont obligés de fuir et retrouveront des années plus tard, comme tant de leurs compatriotes en exil à cette époque.

C'est en Chine où s'est organisée la résistance au sein du gouvernement provisoire coréen que se déroule le récit, d'abord à Shanghai puis dans différentes régions au gré des déménagements de l'état-major.
Au début, j'ai eu l'impression d'une histoire un peu classique dans laquelle il ne se passait pas grand-chose de notable. Les événements me semblaient un peu redondants. Mais qu'attendais-je exactement du quotidien en temps de guerre ? Quelque chose de distrayant ? de palpitant ? d'héroïque ? Le quotidien pour les réfugiés, c'est l'exil et les alertes aux attaques aériennes, la planque dans des caves ou des grottes, la peur, la misère, la faim, la fatigue, l'incertitude du quotidien et de l'avenir, la survie, le danger à chaque tournant, le risque de mourir à chaque instant. Et c'est essayer, malgré tout, de profiter des petites joies de l'existence, comme être en famille.
Ce récit s'est en fin de compte révélé très instructif sur cette période de l'histoire coréenne et sur l'effroyable réalité du quotidien des exilés.

J'ai aimé aussi toutes les observations des parents sur leur fille alors qu'ils la voient grandir et évoluer chaque jour (la première dent, le premier sourire, le premier mot...). Ces événements contrastent terriblement avec le contexte de guerre et procurent aux parents énormément de joie, un semblant de normalité, et un aperçu de ce que devrait être la vie. Jessie, quant à elle, est dans sa bulle. C'est un bébé, elle se contente de se découvrir et de vivre au jour le jour sans être vraiment consciente du monde qui s'agite autour d'elle. J'ai trouvé très touchant le fait que, malgré leur situation difficile et éprouvante, sa simple existence mette ses parents vraiment en joie. Ces moments sont l'occasion de réflexions très justes et de questionnements sur l'essentiel dans la vie, qui apportent une belle lumière dans un récit autrement bien sombre. 

Une magnifique déclaration d'amour de parents à leur enfant et un formidable récit de transmission dont j'ai apprécié la narration spontanée, directe et simple, rendue vivante par la plume et les dessins de l'auteur.

L'auteur
Park Kun-woong, né à Séoul en 1972, a publié Fleur en 2002. Créateur de bandes dessinées impliqué dans de nombreux mouvements artistiques, il développe tout particulièrement le thème des traumatismes de l'histoire contemporaine de la Corée.

16 commentaires:

  1. très tentant même si le genre me tente de moins en moins... et ohhh, ma BM l'a en stock !

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  2. docs en BD, je viens de terminer l'odyssee d'hakim, tu penses bien que ce manhwa m'intéresse fortement!!! après, faut le trouver!

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    1. Et moi c'est sur l'odyssée d'Hakim que j'aimerais bien mettre la main à la bib'...

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  3. Je vais voir si la médiathèque l'a dans ses rayons...

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  4. Je vais essayer de le trouver :-)

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    1. Si tu es en pleine exploration de la littérature coréenne et des manhwas, c'est l'occasion.:)

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  5. Un récit sûrement très instructif, mais je ne lis pas ce genre de livre.
    Bonne semaine.

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    1. C'est bien dommage mais un jour, peut-être ? Bonne semaine.

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  6. Un sujet forcément intéressant et enrichissant humainement parlant ! Je note !

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  7. Pourquoi pas, je n'ai jamais lu de manwha. Je regarderai si il est dans les rayons de ma bibli.

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    1. Très curieuse de ton avis si tu arrives à mettre la main dessus !

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  8. ça a l'air drôlement bien !

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    1. Ça vaut le détour, ne serait-ce que pour le thème et ce que représente ce livre.

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