mercredi 5 septembre 2012

LE MUSÉE DES INTROUVABLES


LE MUSÉE DES INTROUVABLES
  
Une très belle surprise sous le signe de l'humour cocasse que ce roman québécois repéré chez Karine:) il y a déjà bientôt 3 ans, que j'hésite à classer en thriller/polar ou en parodie de genres.

C'est un peu Georges Flipo rencontre J.M. Erre, je vous laisse imaginer le résultat !

Car l'auteur, Fabien Ménar, semble aimer à se moquer (gentiment) (quoique) de son petit monde. 

Sous le couvert d'une enquête menée par un lieutenant qui vaut le détour à lui seul, lecteur érudit et maîtrisant le subjonctif imparfait comme personne, imposant des heures de lecture et des dissertations à ses subordonnés (à pleurer de rire !), ce récit met en scène divers acteurs du monde littéraire, entre autres éditeurs, libraires, professeurs et étudiants en lettres, et toute une galerie d'autres personnages hauts en couleurs et bien barrés !

Tout commence quand 10 éditeurs de renom se rendent compte qu'ils ont publié et diffusé simultanément un roman au titre identique et du même auteur, qui signe F.S. Leur contenu est différent mais l'ensemble formerait un tout. Un premier meurtre inquiète rapidement notre petit monde que notre auteur s'amuse à malmener en tournant en dérision le milieu littéraire et les travers humains (en particulier des amoureux de la littérature et des livres de tout genre).
  
"Le plus influent des journalistes fut l'auteur d'une formule percutante qui résumait l'effet général que procuraient les dix romans de F.S. : "Wagner mis en mots par Rimbaud assisté de Lao-tseu, Walt Disney et d'Aubigné." Confrères et consoeurs saluèrent d'emblée la justesse du mot."

"Tous les lecteurs ont droit à leur trait d'union, depuis le lecteur-qui-n'attend-qu'à-être-diverti, jusqu'au lecteur-qui-n'attend-plus-rien-de-la-littérature-comme-de-la-vie-en-général, en passant par le lecteur-pour-qui-seul-le-style-compte, [...] le lecteur-pour-qui-seules-les-nouveautés-comptent, ainsi de suite, à n'en plus savoir pourquoi nous lisons."

A un personnage qui n'arrête pas de radoter qu'il est un échec, sa femme:
"- Tu serais un échec très mignon si tu t'occupais de tes enfants. Moi, je me sauve. A ce soir."
  
Ce qui m'a séduite d'emblée, c'est son (grand) art de la formule bien tournée, précise, imagée et désopilante, et le chic qu'il a pour la comparaison qui fait mouche (et même abeille car c'est souvent délicieusement piquant et railleur).

Comme le récit s'apparente plus à une parodie du genre polar, ou un clin d'oeil au genre, on n'est pas vraiment dans le palpitant côté enquête, en revanche la langue, le style se savoure réellement. J'ai donc eu parfois l'impression d'une lecture un peu lente, qui prend son temps, mais ce n'était pas dérangeant, c'était même agréable.

J'ai parfois été lassée quand même par le côté grand-guignolesque des personnages (tous ont un sérieux grain), dès la moitié du livre. L'intrigue, bien que subtilement ficelée (mais tout de même assez prévisible), en pâtit un peu dans son développement. A un moment, tout m'a semblé confus et se mélanger dans une surenchère de rebondissements et de cocasserie, et je suivais l'intrigue de loin, en survol.
Il faut dire que j'ai fait l'erreur de m'arrêter dans ma lecture vers les 2/3 (mais mon intérêt commençait à lâcher + vacances), puis de reprendre une semaine plus tard, je n'étais peut-être plus dans le même mood qu'au départ. L'intrigue me semblait en tout cas s'éterniser.      


Je retiens toutefois un très bon moment de lecture hautement divertissant, servi par une langue savoureuse et ponctué de rires déments de la hyène hilare. Un auteur dont je lirais bien d'autres romans !

L'auteur
Ecrivain québécois né en 1965, Fabien Ménar est également professeur de littérature au cégep d’Ahuntsic. Il a écrit, de son propre aveu, Le Grand Roman de Flemmar pour vivre l’une des belles aventures qui soient dignes d’être vécues : l’écriture. Il a également publié, aux Éditions Québec Amérique, Le Musée des introuvables, roman policier où la littérature était en jeu.

12 commentaires:

  1. Dommage que tu n'aies pas accroché autant que moi... mais quand même, tu auras passé un pas pire moment! :))

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    1. Ah j'ai vraiment adoré, je me suis délectée et esclaffée jusqu'au 2/3 par là ! Après je ne sais pas ce qui s'est passé, c'est comme si le charme s'était rompu. Mais ça n'a pas effacé dans ma tête les 2/3 de plaisir (intense vraiment) de lecture et je relirai très très certainement cet auteur !

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  2. Mais oui, c'est celui dont tu me parlais! Je suis toujours partante pour du barré et de la hyène ricanante (même si je n'ai pas le métro pour ça)

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    1. J'ai beaucoup pensé à toi pendant ma lecture. Je te voyais te bidonner ! Là, aucun doute possible, pas l'ombre d'une hésitation, c'est pour toi ! Tu adhèrerais totalement ! D'ailleurs, tu vois, ça m'avait mis de très bonne humeur pour entamer Zorba.:)

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  3. Ca m'a l'air bien sympa ce livre, je note !

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  4. Bon et bien j'en prend bonne note si on rit autant, pourquoi s'en priver ?

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    1. C'est clair ! Moi j'ai déjà noté les 2 autres titres de l'auteur. Bon, par contre ils ne sont pas donnés... Je pourrai te le prêter celui-ci, si tu veux.

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  5. ... le point de départ est pour le moins intrigant et original!

    Plus sérieusement, le titre m'a fait penser au "Catalogue d'objets introuvables" d'un certain Carelman. C'est ultra-drôle, avec des illustrations pour nourrir le tout: cache-pot en forme de pot, préservatif en dentelle de Bruges... Je te laisse découvrir ce livre placé sous le signe de l'improbable!

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    1. Hé bien, merci pour cette recommandation ! Je sens que ça me plairait bien, en effet (mais tu as bien trouvé les mots pour le vendre, ce catalogue :D).

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