TRAIN DE NUIT POUR LISBONNE
traduit de l'allemand (Suisse) par Nicole Casanova
Un roman d'un auteur suisse, Pascal Mercier, catégorie moyenne vieille LAL, dont je n'avais entendu que du bien. L'enthousiasme d'une amie qui le lisait récemment a fini par me résoudre à le lire enfin !
Je le sentais moyen tout de même et appréhendais de me heurter à du prise de tête et "littéreux", mais dès la première page, j'ai été charmée par le ton, le style et la tournure que prenait le récit.
Il y avait un souffle magique dans ces premiers chapitres, le genre qui manque à notre temps et que je retrouve de plus en plus rarement dans les livres, une beauté des propos et une aisance naturelle et élégante pour les exprimer, qui éveille l'esprit aux réflexions et apaise en même temps.
J'avais été conquise par Gregorius, ce personnage qui se réveille à la cinquantaine et décide (enfin, décide-t-il vraiment) de partir à Lisbonne sur les traces d'un poète portugais, tout ça suite à une rencontre impromptue. J'ai aimé cette étrange folie. Ses actions et questions faisaient écho en moi, il y avait foule de passages que j'avais envie de souligner, chaque observation sonnait juste.
"Quelquefois, on a peur de quelque chose parce qu'on a peur d'une autre chose".
"On ne sait pas ce qu'il manque à quelqu'un, jusqu'à ce qu'il l'obtienne, et alors d'un seul coup, c'est très clair, c'était cela."
Et puis, je ne sais pas, vers la moitié du livre, j'ai commencé à caler et à me lasser de ces réflexions sans fin, de cette quête qui finalement ne me concernait pas et à laquelle je ne m'identifiais plus.
Gregorius rencontre une "foule" de personnages qui ont gravité autour de Prado, le poète, et vont lui ouvrir les fenêtres de son passé et de son histoire. Prado le torturé, trop lucide pour être heureux, et qui se pose des questions sans fin qui ont fini par me lasser. Ses réflexions sont passionnantes en réalité, mais tant d'introspection finit par taper un peu sur le système.
"Qu'est-ce donc, ce que nous appelons solitude[...] ? [...] La solitude n'a donc pas simplement à voir avec la présence des autres, ni non plus avec ce qu'ils font. Avec quoi, alors ? Avec quoi, à la fin des fins ?"
Ce qui m'a gênée aussi, c'est la facilité avec laquelle Gregorius retrouve l'entourage de Prado, et le peu de difficulté qu'ils manifestent en se confiant, en détails, à cet inconnu venu enquêter sur un passé d'il y a plus de 30 ans. Sans parler des vieilles lettres et notes du poète qui tombent drôlement bien et qu'ils confient à Gregorius comme si c'était tout naturel. En clair, on ressent parfois les artifices autour de la construction du récit.
Ce n'est pas dérangeant outre mesure mais pour moi, la magie de l'histoire avait totalement disparu. Il ne restait plus que ce sentiment de tragédie de la vie, ces questions existentielles et philosophiques qui, sur la longueur, finissent par miner. J'avais hâte d'en finir et de passer à autre chose.
Certains passages ont continué à me charmer cela dit, certaines réflexions également m'ont fait vibrer, même jusqu'à la fin (celles sur la solitude notamment, ou le chapitre intitulé "J'habite en moi comme dans un train qui roule"), mais je n'étais plus attachée à l'histoire.
En réalité, le personnage et le passé de Prado m'ennuyaient et je ne comprenais plus cette obsession et cet intérêt de Gregorius pour sa vie.
Petite déception donc sur le chemin qu'a pris cette intrigue après lui avoir fait pleinement confiance sur les premiers chapitres.
L'auteur
Pascal Mercier est né en 1944 à Berne, en Suisse, et vit aujourd'hui à Berlin où il enseigne la philosophie. Il est l'auteur de plusieurs essais de philosophie et de trois romans.
Tu m'avais convaincue, alors que tu étais dans la première partie, de le faire enfin accéder au statut de PAL, mais finalement il a passé les fêtes dans le sac des emprunts, je dois le rendre. Et comme j'ai du plus urgent... Mais quand même, ça a l'air tentant...
RépondreSupprimerJ'avoue que pour celui-là, j'ai du mal à affirmer si tu aimerais ou non, jusqu'au bout du moins. J'ai envie de dire oui, mais peut-être te retrouveras-tu comme moi à la fin, un peu lassée. C'est le genre de romans qu'il faut lire au bon moment je crois. Peut-être tant mieux si tu ne le lis pas tout de suite. Mais garde-le en tête, oui.
SupprimerDans ma PAL depuis très longtemps... m'a pas encore inspiré mais ça viendra bien... peut-être...
RépondreSupprimerComme je disais à Keisha, c'est le genre de romans qu'il vaut mieux lire quand on a l'esprit disposé, pour pouvoir totalement l'apprécier je pense.
SupprimerEffectivement, trop que questionnement introspectif tue l'introspection. En tout cas, tu as toujours le mot juste pour dire tout cela. Pour le livre, tu t'en douteras, je passe !
RépondreSupprimerEt toi tu as toujours le mot pour me faire rire !:D
SupprimerBonjour A girl..., j'ai lu ce roman il y a un certain temps: je l'avias trouvé remarquable. Voir mon billet du http://dasola.canalblog.com/archives/2007/10/04/6210498.html 04/10/07. Depuis, j'en ai lu un autre de cet écrivain: l'accordeur de piano (écrit antérieurement) et qui ne m'a pas plu du tout (je me suis beaucoup ennuyée), comme quoi... Bon week-end.
RépondreSupprimerBonjour Dasola, j'avais été tentée aussi de rajouter L'accordeur de piano dans ma LAL après avoir lu Train de nuit pour Lisbonne, car même si je m'étais lassée au bout d'un moment, le style de l'auteur est en effet remarquable, ainsi que ses propos. Mais je n'ai pas envie de ressentir l'ennui de si tôt ! Merci pour ton avertissement. Bon week-end !
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