jeudi 8 décembre 2016

WATERSHIP DOWN


WATERSHIP DOWN

Cette histoire de lapinous m'a tout de suite tapée dans l'oeil quand je l'ai repérée, d'abord chez Keisha, puis chez Jérôme. Des lapins de garenne, précisons, non domestiqués donc.
Roman jeunesse à succès Outre-Manche et Outre-Atlantique dans les années 1970, remis au goût du jour en France cette année par les éditions Monsieur Toussaint Louverture. Plume British = talent de conteur. Histoire avec des animaux, grande "épopée sombre et violente, non sans espoir et poésie", et puis, l'enthousiasme de lecteurs tout de même adultes (intrigant quand même), tout cela m'a convaincue que c'était pour moi et que j'allais totalement adhérer moi aussi. J'avais hâte de m'y plonger, je l'ai même fait passer en priorité PAL urgente.

Je n'avais pas placé la barre trop haute, je m'attendais bien à une histoire de lapinous, public jeunesse, avec ce petit plus que les adultes se laissent bien embarquer dans le récit. Or si le début se passe plutôt bien, au bout du tiers du livre, j'ai fini quand même par m'ennuyer un peu en leur compagnie. C'est sympa ok, mais bien gentillet tout ça, que je me disais. Ça me rappelait vaguement Bilbo le Hobbit, avec des lapins à la place des Hobbits. Des aventures, une quête, des ennemis, du danger, certes, mais dans un environnement très lapinounet où je ne vibrais pas vraiment. Je commençais à me résigner à l'idée que, décidément, il fallait que je m'y fasse, j'avais perdu mon âme d'enfant, je vieillissais, ces trucs-là ne me faisaient plus beaucoup d'effet...

... Sauf que, vers la moitié du livre, retournement de situation, changement de rythme, changement de tension, je suis ferrée, et je commence à m'agripper sérieusement à ce récit sans m'en rendre compte, tremblant même pour nos lapinous (je n'étais pas loin d'avoir peur de poursuivre ma lecture, cherchant presque à me spoiler pour être fixée). Aaah ce Général lapinou ! Sauron et Darth Vador réunis à lui tout seul ! Et là (je ne sais pas pourquoi ça m'évoquait tout le temps Tolkien), de Bilbo le Hobbit, nous passons à l'ambiance Le Seigneur des Anneaux, en particulier dans Les deux Tours. Que de suspense, que de palpitations pour mon coeur (sérieusement, qu'est-ce qu'ils m'ont stressée !) !

Deux faits qui prouvent que j'ai totalement accroché à ce moment-là :
- deux quasi nuits blanches tellement le suspense était à son comble (ça faisait très très longtemps que ça ne m'était pas arrivé, les nuits blanches de lecture)
- la recherche poussée sur la vie des lapins de garenne sur le net. Ce fut passionnant (sisi).

Et c'est comme ça que, d'ennui frôlant l'abandon, ce roman est passé à méga-prenant, frôlant le coup de coeur ! 

Au-delà de l'intrigue, ce qui fait vraiment la puissance de ce récit, c'est toute l'adaptation faite autour de cette histoire anthropomorphique, que j'ai trouvée particulièrement ingénieuse, subtile et réussie. On est complètement immergé dans l'univers des lapins, on vit tout à leur hauteur et de leur point de vue, et en même temps, ça reste très clairement des lapins, l'auteur ne leur prête aucune caractéristique humaine mise à part celle de penser et parler, ce qui rend le tout très réaliste.
Autre ingéniosité, le langage "lapin", inventé en cours d"écriture, linguistiquement et lexicalement convaincant, basé entre autres sur des sons que pourraient émettre un lapin s'il pouvait parler. J'ai adoré entre autres le mot "hrududu" désignant les tracteurs, et par extension, les véhicules à moteur des hommes.

J'ai fini par m'attacher à ces lapinous, Hazel, Fiver, Bigwig, Dandelion, Blackberry, Silver, Pipkin... Aah, et Blackavar ! L'auteur a vraiment réussi à me fendre le coeur avec son histoire !
Ah, et autre idée géniale, le légendaire et mythique El-ahrairah ! J'ai bien aimé toute cette mythologie lapine qui enrichit encore davantage cet univers et dont nous profitons largement car les lapins aiment les histoires et à se les raconter dès que l'occasion se présente.

Enfin, ce que j'ai trouvé extra, c'est la genèse de ce récit et son succès totalement inattendu, raconté par l'auteur en introduction. J'ai aussi aimé l'idée que pour l'auteur, il s'agissait juste d'une histoire de lapins, ni plus, ni moins.
"I wanted to emphasize that Watership Down was never intended to be some sort of allegory or parable. It is simply a story about rabbits made up and told in the car."

L'auteur
Richard George Adams, né en 1920 à Newbury, dans le Bershire, est un romancier britannique. Ce n'est qu'à plus de 50 ans qu'il écrit son premier roman, Watership Down, véritable classique moderne dont les ventes s'élèvent aujourd'hui à plus de 50 millions d'exemplaires et qui a été traduit dans plus de 50 langues.

12 commentaires:

  1. Ouf oui, tu as gardé ton âme d'enfant, mais ce roman évoque quand même des lectures plus adultes, genre 1984 ou Le meilleur des mondes (j'ai lu ça au lycée, remarque). Pour Tolkien je ne sais plus, je l'ai lu il y a trop longtemps (j'ai bien aimé Bilbo)
    Bon, voilà ce billet tant attendu, j'en connaissais une partie de la teneur suite aux post facebook (tu m'as fait peur à un moment)
    J'espère que maintenant tu comprends le succès incroyable de ce roman, et sur des adultes en plus ^_^

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    1. 1984 ? Ah j'avoue que je peine à faire le rapprochement avec ce roman en particulier mais c'est sûr qu'il y a plusieurs niveaux de lecture, ainsi que des thématiques universelles et des influences littéraires qui se croisent de livre en livre.
      Bon, pas trop de surprise pour toi en effet, tu as suivi en live mes réactions au fur et à mesure de ma lecture du livre.:-)
      Succès mérité pour ce roman véritablement tout public ! Il a échappé de peu aux oubliettes n'empêche. Je ne sais pas si tu as vu mais il a d'abord connu le succès aux Etats-Unis avant d'être adopté en Angleterre, les éditeurs anglais étant plus frileux au départ. Une bien belle aventure que ce livre, dès sa genèse !

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  2. ça ne pouvait que fonctionner entre les lapinous et toi. Il y tellement de niveaux de lecture et de profondeur dans ce texte, tu ne pouvais qu'y trouver ton compte.

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    1. Oui, je le sentais bien.:-) Mais j'ai eu quelques frayeurs au début quand même.

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  3. Je me souviens de cette histoire qui avait passionné Jérôme avec son billet enthousiaste.
    Celui-là je me suis aussi promise de le lire. J'apprécie tes avis qui sont toujours honnêtes, de l'ennui d'abord à un livre extra, c'est super!
    Bonne journée à toi

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    1. Franchement, c'est un classique jeunesse (mais pas que) qui vaut largement le détour. C'est un peu trompeur au début je trouve, mais quand ça décolle vraiment, ouhlala, que de palpitations ! :-) Merci pour ton compliment (du moins, je le prends ainsi haha).
      Bonne soirée, bon weekend !

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  4. j'ai si peu de temps que je redoute l'ennui dans une lecture, mais je l'avais repéré aussi, oui... Allez, peut-être bien qu'oui!

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    1. Hahaha ! Non mais en fait, au début, ça se lit tranquillement, on découvre l'univers lapinou, l'histoire se met en place, ça se lit bien, sans ennui, on rentre même assez vite dans le vif du sujet. C'est juste qu'à un moment, je trouvais que ça ne décollait pas vraiment, et j'avais peur qu'on soit toujours dans cette veine et dans ce rythme parce que sur la longueur par contre, ça aurait pu tourner planplan. Le changement de rythme et de tension est arrivé au bon moment, et quand ça décolle, c'est vraiment prenant, fascinant et captivant ! :-)

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  5. Tu m'intrigues avec tes lapinoux !!! On va voir s'ils creusent un terrier à la bib' !

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    1. Ça se trouve, il y est déjà.:-) Pas dans cette nouvelle édition mais dans une éditions antérieure. Il avait déjà été publié en France il y a plusieurs années.

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  6. J'avoue que ce roman me fait peur, je l'ai refusé en SP.

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    1. Peur ? Que ce soit trop lapinounet ? :-) Si tu ne le sens pas ou que le résumé et l'idée de lire une histoire de lapins ne te parlaient pas dès le départ, ce n'est peut-être pas pour toi en effet.

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