vendredi 13 janvier 2017

RITUELS


RITUELS

traduit de l'espagnol (Espagne) par Alejandra Carrasco Rahal

Une BD qui a attiré mon attention à la bib' sans que je ne puisse véritablement l'expliquer. Un titre peu loquace, aucun résumé, juste le nom de l'auteur, Álvaro Ortiz, inconnu de mes services, qui a attisé un peu ma curiosité. L'occasion d'explorer un peu plus la BD espagnole. Ce qui m'a réellement convaincue de l'embarquer, ce sont les premières pages qui, comme on goûterait un plat inconnu du bout de la langue, rassurent quand on se rend compte qu'on n'est pas dans l'expérimental, que ça n'a pas l'air si mal, que ça pourrait même être carrément bon, en tout cas, c'est intrigant et ça semble mériter de poursuivre plus loin l'exploration.

L'album s'ouvre en effet sur deux jeunes Espagnols qui viennent de trouver un appart' à louer en plein coeur de Barcelone. Certes, le propriétaire les reçoit en pyjama nounours et dans son salon, trône une photo d'Hitler en slip de bain, mais ils ont tellement galéré dans leurs recherches que ces détails incongrus ne pèsent rien, surtout que l'appart' est plutôt sympa et spacieux. Le seul détail véritablement intrigant, c'est l'appartement du dessous, d'où personne ne semble entrer ni sortir alors que c'est censé être le dépôt de l'antiquaire de la rue.
On passe ensuite à une autre histoire, où là, l'intrigue prend des dimensions quelque peu fantastiques puisqu'un type fond littéralement dans un magasin, jusqu'à se liquéfier totalement. De fil en aiguille, on découvrira qu'il détenait, enfermé dans une consigne, une mystérieuse statuette phallique, une espèce de fétiche au sexe démesuré.
Le récit reprend alors là où l'on avait laissé nos deux Espagnols. La vie des jeunes suit son cours, une vie de jeunes parfaitement ordinaire, mais bien sûr, le mystère de l'appart' du dessous commence à les perturber sérieusement. Alors qu'on suit leurs aventures, le récit est entrecoupé d'autres histoires très étranges, noires, absurdes et inquiétantes, entre l'Espagne, les États-Unis, l'Angleterre, la Norvège, et même Malte, à diverses époques, où cette statuette semble s'imposer dans la vie de personnes tout à fait différentes.

J'ai beaucoup aimé ce côté "récits à tiroir" qui rend cette intrigue complexe, un poil décalée, mais furieusement prenante et subjuguante, d'autant plus que les histoires qui se suivent sont courtes et dynamiques, et donc très entraînantes. Elles créent un vrai suspense et suscitent mille interrogations quant à cette statuette.
On s'attend donc à une conclusion formidable, type claque magistrale, aussi quelle ne fut mon immense déception au final vis-à-vis des semi-explications totalement délirantes, et d'une fin qui n'en est pas vraiment une, dont on ne sait pas trop que penser, qui nous laisse sur notre faim, langue pendante, à se demander c'était quoi ce délire, et tout ça pour ça ?

Vraiment dommage car tout le récit était franchement prenant et très prometteur jusque-là. Si je devais parler de plaisir de lecture sans cette fin ou avant cette fin, je serais partie sur un 4/5, voire un 5/5, mais ces quelques pages de la fin m'ont tellement agacée que forcément, il me reste maintenant un goût amer en bouche, comme un sentiment d'escroquerie ou d'arnaque.
Bon, je n'ai peut-être pas su apprécier cette fin à sa juste valeur...

L'auteur
Álvaro Ortiz est né en1983 à Saragosse (Espagne). Il a tout d'abord étudié le graphisme à l'École de design d'Aragon, puis l'illustration à l'École la Massana de Barcelone. Illustrateur freelance, il travaille principalement pour la presse et l'édition scolaire.

10 commentaires:

  1. Dommage dommage... (il n'a pas osé faire le coup du 'je me réveille c'était un rêve'?)

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    1. Non, il a osé un autre coup, haha ! Bon, à ce stade-là, je me suis dit, pourquoi pas, même si j'avais espéré plus original, mais c'est le fait de ne pas avoir une conclusion très claire, qui boucle la boucle, qui m'a chiffonnée.

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  2. zut pour la fin, je comprends ton agacement. J'aimerais cependant le lire...

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    1. N'hésite pas si la curiosité te prend. Ça vaut le détour pour 9/10è du livre, et tu es prévenue pour la fin.:-) Je serais en tout cas très curieuse d'un autre avis sur cette lecture.

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  3. "le propriétaire les reçoit en pyjama nounours et dans son salon, trône une photo d'Hitler en slip de bain" - eh ben, déjà... mdrrrr
    Zut pour la finale! J'espère qu'il ne faisait pas 500 pages!? :D

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    1. Non, une centaine de pages.:-) Mais je ne regrette vraiment pas ma lecture des 100 premières pages. Ce sont les 10 dernières qui m'ont laissé un goût d'inachevé et qui m'ont du coup pas mal déçue.

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  4. Bien la peine de faire monter la mayonnaise pour foirer complètement la fin. Typiquement le genre de chose qui m'agace au plus haut point !

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    1. C'était très énervant sur le coup, oui, mais ça se trouve, je n'ai rien compris à la fin ! Peut-être trop subtil pour moi. Ouhla, si tu l'avais lu, l'auteur se serait pris une gifle bloguesque dans ton billet, haha !

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  5. En lisant ton billet, j'étais prête à me prévoir une virée à la bib'... Et puis est venue ta conclusion , l'amertume et le tout-ça pour quoi, alors ben non finalement !

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    1. Malgré tout, avec le recul, je ne regrette pas cette lecture, et aujourd'hui, je me souviens davantage des histoires qui la composent (quand même 2/3 du livre) et de l'effet qu'elles m'ont fait que de cette fin agaçante.

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