vendredi 26 mai 2017

HISTOIRES DE FAMILLE


HISTOIRES DE FAMILLE

           HUIT NOUVELLES DESSINÉES

traduit du suédois par Aude Pasquier


Une BD repérée chez Jérôme et que j'avais soigneusement notée, principalement parce que l'auteur, Pelle Forshed, est suédois, et que je n'ai pas souvenir avoir jamais lu de BD suédoises (oui, des fois mes motifs de lecture sont un peu farfelus...).

Bien sûr, la thématique, bien que plombante, me parlait aussi. La vieillesse, la fin de vie, la mort... On se sent tous concernés, ça nous travaille, mine de rien. En tout cas, j'ai bien l'impression que c'est mon cas, même si j'ai encore de la marge. C'est un sujet qui me fascine clairement et me touche aussi d'une certaine manière.
Quand je croise des personnes très très très âgées dans la rue, les transports, au supermarché, ça me traumatise plus ou moins selon leur degré de décrépitude. Leur solitude et leurs handicaps physiques me frappent et me traumatisent. J'ai encore le souvenir vivide d'un vieil homme assis paisiblement en face de moi dans le métro et se tordant subitement de douleur (au genou a priori), plié en deux. Je ne peux m'empêcher de me projeter en frissonnant. Je repense à mon attrait pour Est-ce qu'on pourrait parler d'autre chose ? de Roz Chast, un témoignage assez poignant d'une fille sur ses parents vieillissants, un livre qui parle de la vieillesse et de la mort sans pathos, sans gants, mais heureusement, avec beaucoup d'humour aussi. Bref, il faut se rendre à l'évidence, cette thématique ne me laisse pas indifférente.

C'est donc avec beaucoup de curiosité que j'ai abordé ces huit nouvelles racontées et dessinées par Pelle Forshed qui a lui même été auxiliaire de vie. Chaque nouvelle donne un aperçu bref mais loquace du quotidien de ces travailleurs sociaux et des personnes chez qui ils interviennent à domicile et qui nécessitent une aide pour les courses, la cuisine, des soins, ou une simple présence en attendant la fin (c'est triste à dire mais c'est quasiment ça).
Un quotidien assez pénible, triste et peu évident d'un côté comme de l'autre, qui donne l'ampleur de l'investissement admirable de ces auxiliaires de vie et infirmiers qui n'en tirent aucune gloire ou reconnaissance particulière, et de la tragique vie de ces personnes dépendantes, bien courageuses aussi à leur manière, le tout relaté avec une certaine simplicité et distance qui permet de ne pas verser dans le pathos mais qui du coup m'a aussi fait l'effet d'une certaine froideur clinique. Quelque chose de neutre qui donne l'effet que tout le monde se blinde face à cette situation et effectue ses tâches en y mettant le moins de sentiments et d'émotions possibles.

Les seuls véritablement agités sont les membres de la famille dont les réactions (détresse, énervement, irritabilité, lassitude, impuissance, mauvaise conscience) et l'intervention dans certaines nouvelles apportent aussi un troisième point de vue sur cette situation délicate et dramatique que représente la fin de vie d'un proche, ce qui enrichit davantage les réflexions.

Une BD intéressante autour de ces thématiques mais qui m'a manqué un peu d'émotions manifestes, de moments vraiment forts ou bouleversants. Quelque part, ça rend le sujet encore plus tragique, ceci dit.
S'agissant d'un recueil de nouvelles, les histoires/anecdotes étaient aussi un peu inégales, comme souvent. Je ne dirai pas non plus que ces récits étaient racontés avec un humour volontaire, mais certaines situations ou réflexions des personnages n'ont pas manqué me faire sourire ou rire tout de même.

Cette première phrase de la 4è de couv' m'avait marquée aussi :
" "Dans l'avion, un truc m'a frappé pendant la descente : maintenant, la plus vieille génération, c'est nous... On est un peu les prochains de la liste."
La mort est une histoire de famille car c'est là qu'on l'éprouve et qu'on se découvre soi-même mortel. Ces nouvelles dessinées racontent la fin de vie de gens ordinaires, leur quotidien, les souvenirs qui les traversent au seuil de la mort, et la solitude des proches qui les accompagnent. Un roman graphique dont on sort bouleversé."

Bouleversée, pas vraiment, mais un poil déprimée, oui. Un poil.

L'auteur
Pelle Forshed est né en 1974. En Suède, il est surtout connu pour sa série Stockholmsnatt (Stockholm la nuit) qui est publiée toutes les semaines dans un grand journal. Avec Histoires de famille, il explore un nouveau style, plus mélancolique et ancré dans la vie sociale. Il est également illustrateur de livres pour enfants.

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12 commentaires:

  1. Une BD suédoise, tu sais, je n'aurais pas résisté.
    Pour le thème, euh, faut voir je sens que je vais le vivre en direct live, juste du ménage, mais bon, ma maman vieillit... (et on a testé pour vous : les urgences! rien de trop grave, mais boah)

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    1. C'est un thème pas facile mais je trouve ça bien qu'on en parle. Ça permet d'appréhender une certaine réalité avec plus ou moins d'humour ou de distance. Bon, à savoir que bien que ça se passe en Suède, on peut tout à fait s'identifier aux situations évoquées.:-)

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  2. Toujours pas de BD pour moi !
    Merci pour cette 2e participation à mon challenge et bonne semaine.
    Une 3e?

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    1. Il faudrait que tu fasses une contrainte BD !!^^
      C'est malheureusement ma dernière participation pour cette contrainte car je pars en vacances et ne publierai rien avant mon retour. Bonne semaine.

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  3. Le dessin est un frein à l'émergence de l'émotion mais j'ai trouvé le traitement du sujet hyper intelligent. Et puis c'était sacrément casse-gueule avant le coup, je tire mon chapeau à l'auteur de s'en être si bien sorti.

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    1. C'est vrai que le dessin est propre à calmer toute effusion.:-) C'est un album très sobre dans l'ensemble mais inutile finalement d'en faire des caisses sur un sujet déjà émotionnellement fort et troublant.

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  4. Je ne pense pas le lire mais je trouve les dessins assez sympas.

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    1. Assez sobres et minimalistes mais l'essentiel est là.:-)

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  5. Trop envie de découvrir cette BD aussi repérée initialement chez Jérôme!
    Je dois dire que moi aussi ça me fait de la peine quand je croise des personnes très âgées qui souffrent de solitude. Je travaille auprès des SDF, les gens dans la rue, et chaque jour je suis confrontée à cette solitude, encore plus présente chez ceux qui sont âgés. Les plus jeunes se regroupant souvent. Le lot de notre société malade...
    Bon je m'écarte un peu du sujet mais cette Bd, je veux vraiment la tenir entre mes mains <3
    Bisous (toujours en vacances?) :-*

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    1. Cet album te parlera très certainement en effet. En dehors de la thématique "personnes en fin de vie", c'est la solitude qui m'a énormément marquée même si ici, elle n'est pas traitée comme un sujet à part entière.
      Tu as du mérite avec ton métier ! Ça ne doit pas être évident tous les jours... Il faut garder le moral au beau fixe, pour soi et pour les autres, et avoir une belle énergie !
      (Oui, toujours en vacances.:-) Je profite d'un moment off et connexion wifi pour répondre aux com'.;-))
      Bisous d'Espagne (frileux - on n'est pas gâtés avec le temps là...).

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    2. Oh l'Espagne, profites-en!!! <3

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