jeudi 30 août 2018

LE RETOUR DE GUSTAV FLÖTBERG


LE RETOUR DE GUSTAV FLÖTBERG

J'aime beaucoup l'idée de ces récits dans lesquels un personnage célèbre d'un autre siècle débarquerait dans le nôtre. Je trouve qu'il y a vraiment matière à développer des intrigues amusantes où on le verrait commenter notre époque et devoir s'adapter à notre monde.
J'avais déjà fait l'expérience avec Il est de retour de Timur Vermes qui mettait en scène Hitler au 21è siècle, et malgré une lecture mitigée, voire un véritable flop, cela ne m'a pas dissuadée de vouloir découvrir ce roman à peine le titre aperçu dans le catalogue de la bibliothèque numérique.
Il faut dire qu'imaginer un écrivain tel que Gustave Flaubert à notre époque, c'était particulièrement irrésistible, et je ricanais déjà de cette transformation phonétique et orthographique originale et très réussie de son nom en patronyme nordique !

Gustave Flaubert se réveille donc un jour à Paris en 2014 dans la peau de Gustav Flötberg, auteur islandais à succès, du type de ceux qui écrivent des sagas en trois tomes aux titres capillotractés, tel "La femme qui voulait marcher dans le ciel avec des palmes". Bien sûr, dans sa tête, il est toujours Gustave Flaubert, et la veille, il était encore au Caire en 1850 dans le cadre d'une expédition avec son ami Maxime Du Camp. Difficile pour lui de comprendre ce qu'il fait au 21è siècle et pourquoi on le prend pour un écrivain islandais. Pour son entourage, ses états confusionnels s'expliquent par un malheureux accident cérébral dont il a été victime, sans parler des médocs pour traiter ses crises d'amnésie et ses troubles d'agitation.

C'était assez amusant (comme je m'y attendais) de voir Flaubert commenter et s'adapter à notre époque et ses facilités technologiques. L'auteure, Catherine Vigourt, a très bien joué aussi autour de l'idée qu'il ne connaissait rien de l'Histoire après 1850 et qu'il n'avait aucune notion de sa propre histoire après cette date, et encore moins du succès de ses romans. J'ai trouvé ça amusant et intéressant aussi de voir l'évolution des moeurs et de la société à travers son regard et celui de Maxime.

Je m'attendais toutefois à un traitement plus loufoque. J'espérais le retour de la hyène hilare, mais si on est bien dans le délire, l'auteure y met tellement de formes, de cadres et de littérature, que le ton est plus sérieux qu'on ne s'y attendrait, et au final, on ne sait plus bien sur quel pied danser. J'ai mis du temps d'ailleurs à rentrer dans la danse et à me détendre complètement. Ça vaut le détour tout de même pour certains moments épiques et savoureux, mais je ne peux rien dire sous peine de spoiler.^^

Quelques extraits pour le ton et l'humour :
"Le portable en main, Flaubert n'en revenait pas : bien vu, leur machin, pour congédier son monde. Combien de soirées gâchées à refroidir Louise Colet par des lettres interminables !"

" - [...] J'ai livré, porté, nettoyé pour gagner de quoi crécher dans ce galetas, une niche d'ouvrier où dormaient nos bonnes. Et encore il paraît que je suis un veinard : je peux voir cette espèce de clou dont ils font des gorges chaudes !
Il montrait la fenêtre ouverte sur la tour Eiffel."

"Cette fois il tapait d'un index frénétique sur la couverture d'un livre, L'Éducation sentimentale. C'est de moi ? se dit Flaubert.
- Ton gandin de Frédéric, figure-toi qu'on l'étudie dans les écoles. Et dans ces éditions de torche-cul, tu as vu ce travail, ce papier gras, cette impression sans corps ? Livre de poche pour culotte sale, et ça nous donne des leçons !
Ni le sujet ni les personnages n'expliquaient un tel succès, alors quoi ? Il avait saisi l'esprit du temps ? Un comble, lui qui ne s'était jamais intéressé à son époque."

"Flaubert détailla l'angoisse qui le séchait sur place. Max trancha sans lever les yeux :
- Je ne suis pas ton agent, ni... comment disent-ils déjà, cette abréviation qui ressemble à une limonade qui s'évapore... je ne suis pas ton "psy"."

L'auteure
Catherine Vigourt est l'auteure de nouvelles et de romans, notamment distingués par le prix François Mauriac. Depuis quelques années elle s'était faite rare et Le retour de Gustav Flötberg signe ses retrouvailles avec la littérature.

18 commentaires:

  1. Ah oui? éventuellement, alors, tu n'as pas l'air bien enthousiaste.

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    1. Tu me connais, je ne m'enthousiasme pas si facilement^^ mais ce n'est pas parce que je n'ai pas trouvé un livre génial que je l'ai forcément trouvé nul. C'est juste que je l'aurais presque préféré davantage dans la veine du léger, divertissant, loufoque, et qu'on était dans quelque chose de bien plus littéraire et subtil que je n'y attendais.

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    2. Remarque j'ai pas mal lu flaubert, donc ça pourrait me plaire!

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    3. Je pense, oui. En tout cas, si tu le trouves dans une de tes bib', n'hésite pas. Je serais curieuse de ton avis.

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  2. Je suis assez cliente aussi de ce genre de fiction, d'ailleurs, j'ai apprécié "Il est de retour" ;-)

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    1. Ah oui ? Aaah je crois que j'ai vraiment détesté, il faudrait que je me relise mais je n'en garde pas un souvenir enthousiaste. Ce genre de livres, on les apprécie aussi en fonction de l'humeur et du moment où on les lit, je pense, et de ce qu'on en attend aussi.

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  3. Pourquoi pas, c'est assez curieux!

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  4. J'en ai un du même genre avec Mozart dans ma PAL, pas encore lu (évidemment). Celui-ci m'intéresserait bien.

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    1. Aaaah mais je l'avais noté celui-là, chez Sandrine d'ailleurs. Il me tente bien aussi (forcément, quand on aime ce genre de fiction...). Une LC à envisager, tiens !

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  5. l'idée me plaît beaucoup aussi mais je rejoins Keisha, tu ne sembles pas vraiment conquise...

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    1. Ah ce n'est pas le coup de coeur du siècle, c'est sûr (ils sont bien rares), mais j'ai passé un bon moment de lecture et j'en garderai un bon souvenir.

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  6. J'avais détesté Il est de retour ! et celui-ci ne dit rien ... D'abord, tu ne sembles pas vraiment convaincue et puis les extraits sonnent artificiels !

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    1. Ah oui, hors contexte, on a l'impression de niaiseries et d'un auteur qui joue un peu la facilité, haha, mais dans ce genre de fiction, une fois qu'on a accepté le postulat de départ (pour improbable qu'il soit) et qu'on s'est mis sur la longueur d'onde du récit, tout cela passe très bien.^^ Bon, pour Il est de retour, je crois que je n'avais ni accepté le postulat de départ, ni réussi à me mettre sur la bonne fréquence, du coup ce n'est pas passé.^^

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  7. Je manque de référence par rapport à Flaubert pour l'apprécier à sa juste valeur. Et puis tu ne déborde pas d'enthousiasme en plus ;)

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    1. Je ne suis certes pas surenthousiaste mais je n'ai pas détesté non plus.;-)

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  8. Ca me tente bien moi ce bouquin. Je pense qu'il sortira en poche d'ici quelques mois... je veillerai alors !

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    1. Je pense qu'il pourrait bien te plaire. En tout cas, il ne manque pas d'atouts, même si je finebouche.^^

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