lundi 9 décembre 2019

CARRION COMFORT


CARRION COMFORT

( L'ÉCHIQUIER DU MAL )

Ce livre, ça faisait plus de dix ans qu'on me l'avait recommandé après que j'ai lu (et adoré) le cycle d'Hypérion du même auteur, Dan Simmons. Entre-temps, j'avais lu Ilium, toujours dans le genre SF mais dans un univers radicalement différent. J'avais adoré aussi. J'étais très curieuse de L'Échiquier du mal (rien que le titre !) mais je craignais un peu le genre Horreur malgré toute la confiance que j'avais en l'auteur.

Cette histoire de vampires psychiques m'intriguait autant qu'elle m'inquiétait. Je m'attendais à une histoire assez réaliste autour de personnages qui en manipulaient d'autres par leur force de caractère, leur domination et emprise psychiques sur les autres.
Ça m'écoeurait d'avance, ces personnes et leurs victimes existant réellement dans notre monde, notre quotidien même, mais je ne m'attendais pas à ce que Dan Simmons mette en scène des vampires psychiques au sens propre du terme. Des vampires qui, au lieu de s'emparer de votre corps pour se repaître de votre sang, prennent physiquement le contrôle de votre esprit pour vous transformer en de pathétiques marionnettes sans autre volonté que la leur. Glaçant, non ?

J'avoue, au début j'étais dubitative. J'avais du mal à prendre au sérieux ces personnages dotés du Talent, comme ils l'appellent. Déjà les vampires classiques me laissent de marbre (à part ceux de la saga d'Anne Rice) et là, j'avais l'impression  que l'auteur allait surfer sur ce thème en le rehaussant à peine de cet aspect psychique.
Erreur ! Très vite, cet univers m'est devenu fascinant, l'intrigue m'a paru étrangement envoûtante et s'est transformée en page-turner affolant par la suite !

Le roman s'ouvre sur un épisode sombre de la Seconde Guerre mondiale. Un jeune Juif est désigné comme prochaine victime des soldats Nazis et les suit pour subir son triste sort. En réalité, il ne les suit pas résigné mais bien contraint. Il vient d'expérimenter le Talent à l'oeuvre d'un de ces vampires psychiques.
L'histoire se poursuit ensuite au début des années 80, dans le sud des États-Unis. Trois amis de (trèèès) longue date, Nina, Melanie et Willi, se retrouvent pour comparer leurs exploits de vampirisme psychique et s'en amusent. Quelques jours plus tard, Willi disparaît à bord d'un avion qui explose et Melanie échappe avec peine à une tentative de meurtre spectaculaire (j'ai frôlé la crise cardiaque) orchestrée par Nina et qui fait des victimes collatérales. La police locale tente de comprendre ce qui s'est passé. Le FBI s'en mêle. Un psychiatre qui semble familier avec le vampirisme psychique entre dans la partie. La fille d'une des victimes mène l'enquête de son côté. D'autres personnages impliqués de près ou de loin, certains dotés du Talent, entrent en scène, eux aussi.
Fin du spoiler (pas de panique, l'histoire ne fait que commencer).

À partir de là, c'est branle-bas de combat. L'intrigue mêle alors thriller, horreur et action, la tension est quasi insoutenable, le suspense à son comble, le rythme du récit effréné et efficace, les rebondissements infinis, bref, on a vraiment du mal à s'arrêter une fois plongé dedans. J'ai rarement été aussi stressée en lisant un livre ! Parce pour certains personnages (appelons-les les gentils de l'histoire), ça part tellement mal dès le départ (quelles chances de s'en sortir face à ces vampires psychiques franchement ?) et ça ne s'améliore vraiment pas pour eux par la suite, qu'on se demande comment l'auteur va les sortir de leurs impasses, comment l'histoire peut évoluer et comment il va la conclure. 

Heureusement que j'avais mes deux co-lectrices, Nasaissa et Stéphanie, et qu'on se soutenait mutuellement, vivant les risques de spoilers et les envies d'en savoir plus aussi intensément que des fans des séries GOT ou autres séries addictives et éprouvantes. D'ailleurs, j'ai été assez frappée par l'intensité cinématographique de ce roman, scéniquement et rythmiquement. Parfois je lisais ce livre comme si j'étais en train de regarder un film décoiffant. Ça ferait vraiment une super série Netflix !

J'ai adoré aussi le fait que ça se passe en 1980 et qu'il n'y ait pas toutes ces facilités technologiques tels que les portables & co. Aaah ça change la donne ! Et c'était assez amusant d'ailleurs de voir comment nos personnages et la police devaient se débrouiller avec les moyens de l'époque.

Ah ! Et avant de parler de la fin, parlons de la partie d'échec en Allemagne, cet épisode violent et effroyable qui m'a mis les poils au garde-à-vous et qui m'a fait comprendre la dimension du Mal auquel on avait affaire. Ah ! Là le ton a été donné d'un coup !
Cette histoire, c'est véritablement un jeu d'échec dans tous les sens du terme, à tous les niveaux, dans lequel autant les protagonistes que le lecteur sont manipulés et leurs nerfs mis à rude épreuve. Époustouflant et diabolique!
C'est d'ailleurs la première fois que je trouve le titre français beaucoup plus juste que le titre original

Mon avis Goodreads qui se focalise sur la fin :
J'aurais bien mis un 5/5 étoiles si ce n'est pour ces 50 pages avant l'épilogue (là, oui, ce twist final, quelle claque !) que j'ai trouvées un peu "faciles", avec des ficelles un peu grosses, dans le dénouement de l'intrigue. Ceci dit, 50 pages sur 900, dont 800 particulièrement palpitantes et scotchantes, ça pèse assez peu dans la balance. Quoique... dans la mesure où ce sont les pages de fin, là où nos attentes sont à leur summum, ça pèse un peu quand même. Mais bon, c'est un choix très assumé par l'auteur, et l'épilogue par contre a été une claque assez inattendue, à la hauteur du reste de l'intrigue.
Un 4,8/5 très mérité donc.:) Surtout à la lecture de la préface de Dan Simmons qui raconte la genèse de ce roman et le commencement véritable de sa carrière d'écrivain, avec tous les risques pris, les épreuves traversées et l'aboutissement d'un rêve malgré tout.

Chapeau bas à cet auteur étonnamment éclectique, qui a plus d'une corde à son arc et qui ne cesse de m'épater avec ses intrigues pavéesques ingénieuses, riches, intenses et captivantes.

Intègre le challenge À l'assaut des pavés. Mon sixième depuis juillet.:)

12 commentaires:

  1. Heu là je sens que je vais faire parler ma 'petite nature fragile' (crédible, oui?)
    Sinon, Hypérion, le début existe à la bibli de R en deux petits poches (éditeur gourmand?), le premier emprunté il y a trois ans et jamais revenu, donc le reste de l'histoire (présente sur les étagères) manque de début. Mais dans ma nouvelle bibli on dirait qu'il y est!
    Pour carrion comfort, c'est dans ma nouvelle bibli mais bizarrement on dirait qu'il y a plusieurs volumes?

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    1. Ah mais oui, Hypérion, c'était pas le fameux disparu ? Je pensais que les bib' finissaient par racheter le livre quand c'était comme ça, surtout s'ils ont la suite...
      Sinon Carrion Comfort, je crois qu'en français, l'édition la plus courante est celle en deux volumes mais il doit exister d'autres éditions (en 3 volumes, voire 4, et l'intégrale aussi).
      Quant au côté "petite nature", je suis une bonne référence.^^ C'est assez violent et flippant ce roman mais si je supporte bien, c'est que ça passe sans problème pour n'importe qui d'autre.;)

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  2. Je ne connais pas, mais tu me tentes...
    Bonne semaine.

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  3. LEs vampires psychiques ? Ca ne m'attire pas particulièrement mais je sens que je vais craquer pour ce roman. J'adore Dan Simmmons :-). Il faut que je finisse ma saga d'Yperion :-). Je dois en avoir un autre dans ma PAL et je note finalement celui-là aussi :-)

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    1. Je n'était pas très attirée non plus par cette idée de vampire psychique mais en réalité, c'est assez trompeur cette terminologie, même si dans les faits, ce sont des vampires psychiques (je ne vois pas d'autres appellations).^^ En tout cas, si tu adores Dan Simmons, il y a a de fortes chances pour que tu adhères totalement à ce roman.

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  4. 900 pages de vampires psychiques, ça va pas être possible !

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    1. Ahaha ! Je ne vais pas insister, je ne pense pas que ce soit ta came en effet.

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  5. J'ai un peu lu Dan Simmons dans mes 20 ans. Ce titre me tente bien mais il me semble qu'à l'époque j'avais lu tous les Simmons non pavés, si tu vois ce que je veux dire !!!

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    1. Je ne savais pas qu'il avait écrit autre chose que des pavés ! Mais bon, avec lui, les pages se dévorent. C'est un des rares auteurs dont j'embarquerais dans ses 1000 pages sans appréhension.:)

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  6. Ha ha ha, le coup des vampires psychiques! Je ne me serais jamais intéressée à ce roman, même si j'ai eu ma période Anne Rice à l'adolescence. Mais étonnamment, ton billet me donne presque envie de sortir des sentiers battus. Bon, 900pages tout de même, je crois que je vais avoir besoin moi aussi de co-lecteurs pour m'encourager ;-) Avis aux amateurs.

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    1. J'avoue que je ne me serais pas aventurée dans ce roman s'il n'avait pas été écrit par Dan Simmons.;) Et je t'assure que ces 900 pages s'engloutissent comme s'il ne s'agissait que de 200 pages.;) Mais j'avoue, c'était vraiment sympa de le lire en LC et de partager en direct nos ressentis de lecture.

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