dimanche 1 novembre 2020

FORTUNE DE FRANCE - TOME 1


FORTUNE DE FRANCE

Après des années à l'envisager, me voilà enfin embarquée dans cette fresque historique en 13 volumes de Robert Merle, parue de 1977 à 2003 ! En réalité, j'aurais très bien pu me contenter de ce volume "qui forme un tout et se suffit à lui-même" (extrait de l'avant-propos de l'auteur) car au départ, il n'était absolument pas sûr de lui donner suite, "désirant préserver sa liberté jusqu'au dernier moment, c'est-à-dire jusqu'à la première page de son prochain livre". Arrivée à la fin, j'ai lâché sur Goodreads : "Bon, eh bien je signe pour la suite !", et à l'heure où j'écris ces lignes, je suis à quelques pages de la fin du tome 2...

Alors que Les Rois maudits de Maurice Druon, saga romanesque historique qui m'avait fait vibrer comme rarement, se déroule au Moyen-Âge et se développe autour des rivalités pour la succession au trône de France de 1314 à 1356, Fortune de France qui, j'espérais bien, me ferait vibrer au moins autant, se déroule dans la deuxième moitié du 16e siècle, sur fond de guerres de religion.

Dans ce tome, qui débute deux ans avant la mort de François 1er (1547) et s'achève en 1566, nous suivons le cours de l'Histoire de France à travers les yeux de Pierre de Soriac, jeune nobliau huguenot de la région de Sarlat, dans le Périgord. Ainsi que le décrit si bien l'auteur dans son avant-propos, "il s'agit d'un récit concentrique dont le premier cercle est une famille, le second une province, et le troisième un royaume, mais sans que les Princes reçoivent ici plus d'attention qu'il n'est nécessaire pour comprendre l'heur ou le malheur de ceux qui, en leur lointaine Sénéchaussée, dépendaient de leurs décisions."

Je n'ai pas autant vibré qu'avec Les Rois maudits mais je me suis tout de même régalée de cette lecture tout le long, et dès le tiers du roman, je m'exclamais sur Goodreads :
"Aaah je suis accro ! Je me délecte de la malice de l'auteur qui a un sens de l'humour que je ne lui soupçonnais pas, de la bêtise de certains personnages qui me fait penser à certains épisodes de L'Homme qui savait la langue des serpents d'Andrus Kivirähk, des tournures de phrases, du langage de l'époque qui me donnent l'impression d'avoir fait un saut dans le passé. Mais plus parlant encore, aujourd'hui, j'ai oublié d'embarquer ce livre dans mon sac et jamais je ne me suis sentie aussi démunie !"

J'ai adoré l'écriture, soignée et savoureuse, qui rend ce récit si vivant, les dialogues et les réparties sont presque dignes d'un Dumas, et j'ai été impressionnée par le gros travail de l'auteur pour restituer l'ambiance de l'époque à travers la langue. Il emploie en effet des termes qui ne sont plus d'usage, parmi lesquels des mots français du 16e siècle et des mots de langue d'oc quelque peu francisés, ce qui ne rend pas toujours la lecture aisée (il y a un glossaire à la fin ceci dit) mais c'est une expérience de lecture franchement amusante et j'ai même fini par vraiment m'y faire au fur et à mesure de mon avancée.
Mention spéciale pour le terme "garce" qui désigne les jeunes filles et qui m'a troublée au début, jusqu'à ce que je réalise qu'en fait, avant d'avoir la connotation qu'on lui connaît aujourd'hui, c'était juste l'équivalent de garçon au féminin.

J'avais découvert l'auteur dans un registre bien différent il y a plusieurs années avec La Mort est mon métier, et si mon souvenir en est quelque peu lointain, j'avais déjà été marquée à l'époque par son style narratif admirable et l'élégance de son écriture. L'ambiance était toute autre ceci dit mais il me semble bien que, malgré le thème, j'avais beaucoup apprécié aussi.

L'auteur
Robert Merle est né à Tébessa en Algérie en 1908 et décédé à Grosrouvre en 2004. Il est, entre autres, l'auteur de Week-end à Zuydcoote (Prix Goncourt 1949), de Malevil, et de la fresque historique Fortune de France.

18 commentaires:

  1. Le style de la mort est mon métier ne m'avait pas frappé mais je note cette saga. Justement, je lis un roman historique, les Chouans, mais je peine à terminer...

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    1. Ah oui, Balzac toujours^^. Je ne l'ai pas lu celui-là, ni vu le film (ou les films, il y en a probablement eu plusieurs).
      Quant au style de Robert Merle, j'entends surtout par là une maîtrise de la langue qui force l'admiration et qu'il sait mettre au service d'une narration convaincante en tout point.

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  2. Bon souvenir de lecture de la série (le tome 1 n'était pas présent, mais cela ne m'a pas gênée, en fait). J'ai aimé la langue et j'ai lu jusqu'au bout, devenant à l'époque calée en histoire, évidement j'ai tout oublié ou presque.
    Bonne suite!!!

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    1. C'est le problème de ces romans, passionnants et instructifs à la lecture, mais on oublie tous les aspects historiques (qu'on maîtrisait pourtant) au bout de quelque temps. Quel dommage d'ailleurs !
      Ayant fini le tome 2 à l'instant, oui, je peux concevoir qu'on peut s'y plonger sans avoir lu le tome 1.

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  3. Je note cette idée pour ma maman qui adore les romans historiques ;-)

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    1. Elle sera comblée, 13 tomes l'attendent ! :)

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  4. Je n'ai lu ni cette série ni les "rois maudits". Pourtant j'aime les romans historiques, mais me lancer dans de telles séries...!!! alors que ma PAL menace de s'effondrer...ce ne serait pas sérieux !
    Bonne semaine.

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    1. Mais oui, je suis étonnée que tu n'aies pas ces séries dans tes étagères ! Il me semblait bien que tu aimais les romans historiques. Je comprends que le nombre de tomes refroidisse, ceci dit, mais bon, quand on aime on ne compte pas.;) Bonne semaine.

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  5. Bien sûr, si je m'embarquais à ta suite dans cette lecture, je me sentirais moins inculte en Histoire Française. mais déjà j'ai du mal avec les pavés, avec les trilogies. Alors une "treizalogie", impossible !

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    1. Une treizalogie !^^ Je comprends que le nombre de tomes freine, j'ai mis des années à me décider d'ailleurs mais j'étais vraiment curieuse de cette série culte, le bon moment est enfin arrivé.
      Je pensais ne lire que le tome 1, j'ai presque enchaîné avec le 2, pour le reste, je verrai au fur et à mesure de mes envies. Pas impossible que je mette des années à finir cette série mais ça ne me dérange pas.:)

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  6. pas tellement mon genre mais j'avais tellement aimé La mort est mon métier que j'ai envie de revenir vers cet auteur...

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    1. Il y a Malevil, dans un tout autre genre encore, qui me tente terriblement aussi !^^

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  7. deux sagas que je n'ai encore pas lu, même si c'est prévu depuis...que je suis ado!!! ;) je crois avoir le premier tome dans la maison familiale, à récupérer à noël donc!

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    1. Fortune de France, je dois l'avoir noté aussi juste au sortir de l'adolescence. Ben comme quoi, ça met le temps mais ça finit par arriver !^^

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  8. Ce Robert Merle était le roi de l'éclectisme, quand même ! De La mort est mon métier à Malveil, d'Un animal doué de raison à cette fresque gigantesque, il faut saluer sa polyvalence !! J'avais adoré Le rois maudits, que j'avais dénichés il y a bien 25 ans de ça en un seul volume (bien épais, le volume), ce qui m'avait peut-être permis d'occulter le fait qu'il comptait six tomes ! Mais 13... pourtant, ton billet fait envie, si, si !!

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    1. C'est amusant que les longues séries nous refroidissent autant, alors que nous sommes tout à fait capable d'enchaîner les romans, jusqu'à 100 par ans pour certains, et quasi sans pause entre.:) Mais je comprends que c'est surtout l'idée de rester "coincé" dans une seule histoire pendant un moment qui freine un peu les ardeurs.:) Sinon j'ai la même fascination que toi pour l'éclectisme de Robert Merle.

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  9. Bonjour A_girl, jamais lu mais mon ami Ta d loi du cine, si. Il a lu et relu les 13 tomes plusieurs fois. Bon dimanche.

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    1. Lu et relu plusieurs fois ?? Impressionnant ! J'ai fini le tome 2 il y a peu et je ne prévois pas de lire le 3 avant 2021, histoire de ne pas risquer l'overdose en les enchaînant.:)

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