vendredi 18 décembre 2020

EINSTEIN, LE SEXE ET MOI

 
EINSTEIN, LE SEXE ET MOI

             ROMANCE TÉLÉVISUELLE AVEC MÉSANGES

"Quand j'étais petit, j'habitais dans un village de Seine-et-Marne où il n'y avait pas beaucoup de gens "issus de la diversité" comme disent les hommes politiques, comme si la Diversité était un pays d'où viendraient des gens bizarres comme vous et moi."

C'est cet extrait que j'aurais choisi en quatrième de couv pour illustrer l'esprit et le ton de ce récit plutôt que cet extrait plus racoleur qui a toutefois le mérite de planter d'emblée le décor :

"Je suis autiste Asperger. Ce n'est pas une maladie, je vous rassure. C'est une différence. Je vais vous raconter une histoire. Cette histoire est la mienne. J'ai joué au jeu télévisé "Questions pour un champion" et cela a été très important pour moi."

Nous voici donc en 2012 sur le plateau de France 3 avec l'auteur de cet ouvrage, Olivier Liron, candidat bien déterminé à gagner face à des adversaires tout aussi résolus à remporter la victoire.
Le récit alterne entre les scènes sur le plateau et des flashbacks sur la vie de l'auteur. Le jeu devient alors un prétexte pour raconter son histoire, dénoncer la violence de la société et le fascisme de la norme dans un récit multi-forme qui, bien qu'il en ait enthousiasmé beaucoup, m'a en fait gênée. J'avais en effet une impression de décousu, comme on passerait du coq à l'âne en forçant un peu les transitions. Je comprends que ce jeu, qui était pour lui quasi une question de vie ou de mort, est une sorte de revanche sur sa vie, une prise de contrôle là où il ne l'a pas habituellement et j'ai trouvé les parallèles et jeux de miroir intéressants mais pour moi ça fonctionnait mal, ce n'était pas très fluide, comme s'il aurait fallu prendre l'angle du jeu, point, ou l'angle de sa vie, point.

Je me suis bien amusée toutefois à suivre la retranscription de cette émission et les coulisses de "Questions pour un champion". Je visualisais bien le plateau, l'ambiance, Julien Lepers. J'entendais sa voix, son ton si unique, je voyais ses mimiques. J'ai trouvé que l'auteur avait retranscrit tout cela avec brio. J'avais vraiment l'impression de vivre cette émission et j'étais dans le suspense. J'avais mes favoris, j'ai même essayé de jouer et de trouver les réponses aux questions (pour me rendre compte que j'étais une nullité).

J'ai bien aimé aussi la franchise féroce avec laquelle il décrivait tout le monde, même si j'étais mal à l'aise pour certains car il s'agit de personnes réelles (mais ça m'a bien amusée tout de même^^).
J'ai été moins sensible aux aspects de sa vie personnelle et à ses états d'âme, notamment concernant le sexe, qui me semblaient tomber là comme un cheveu sur la soupe, mais encore une fois, je comprends la démarche de dénonciation d'un monde qui ne laisse pas sa chance ni de place à la différence.

Quant à l'aspect autisme, ce qui m'avait attirée vers le livre au départ (et un peu "Questions pour un champion"), ça ne transparaît pas trop à travers l'écriture, pour le peu que je sache en identifier. Ceci dit, depuis que j'ai vu l'émission "Love on the spectrum", je me suis vraiment rendu compte que mise à part la souffrance commune des autistes de se sentir alien dans notre monde principalement parce qu'ils ont du mal à assimiler les codes sociaux, ce n'était pas si évident de détecter leur différence dans la mesure où chez les gens qu'on estime "normaux", il y a tant de nuances comportementales aussi.

L'auteur
Normalien et agrégé d'espagnol, Olivier Liron, né en 1987, enseigne la littérature comparée à Paris avant de se consacrer à l'écriture et au théâtre. Son premier roman, Danse d'atomes d'or, est publié en 2016 chez Alma Éditeur.

14 commentaires:

  1. Pas lu mais je sens que je réagirais comme toi.Lepers m'agaçait pas mal à l'époque (je regardais vaguement, chez ma mère)

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    1. Je regardais en passant aussi. Lepers ne me dérangeait pas plus que les animateurs de l'époque mais je vois ce qui peut agacer chez lui.:)

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  2. C'est assez amusant de constater que toi, lectrice neurotypique, et moi, lecteur autiste, avons les mêmes griefs au sujet de cette lecture. Comme quoi...

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    1. Ça se trouve, je ne suis pas neurotypique à 100%, ce qui ne m'étonnerait pas et ne me dérangerait pas.^^ Sinon je pense qu'on a davantage de points communs que de différences.:)

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  3. Ce livre n'aurait pas eu le succès qu'il a eu si l'auteur n'avait pas été autiste.
    Je n'ai pas aimé plus que ça et même pas du tout ce qu'il raconte au sujet du sexe, ça n'avait rien à faire là !
    Bon weekend.

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    1. Ah oui, on sent que ce livre ne fait pas partie de tes coups de coeur.^^
      Bon week-end.

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  4. J'hésitais à lire ce livre, et finalement je crois que je vais m'abstenir... Questions pour un champion, franchement qu'est-ce que je le trouvais irritant et imbu de lui-même, Lepers... (Bon, j'ai déversé ma critique, je sors, désolée...)

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    1. Ah oui, toi aussi il t'agaçait ?^^ L'auteur a en tout cas réussi à le rendre assez touchant d'une certaine manière.:)

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  5. En fait, de mon côté, la seule chose qui m'ait agacée dans ce livre, c'est toujours et encore Julien Lepers. J'ai adoré cette lecture et ai trouvé le format original. Par contre, après avoir discuté avec l'auteur sur FB... et bien celui-ci ne se dit pas autiste asperger... Ca me fait pensé que je n'ai toujours pas regardé "love on the spectrum".

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    1. Ça alors ! Mais il en a agacé du monde, Julien Lepers !^^
      Intéressant ce que tu dis de l'auteur. Pourtant il écrit bien ce livre en se présentant comme autiste Asperger non ?
      Très curieuse de ton avis sur "Love on the spectrum" en tout cas.:)

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    2. J'avais essayé d'approfondir le sujet du diagnostic avec lui, mais il a contourné... Me disant qu'il ne se définissait pas comme asperger...

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    3. Je peux comprendre, ceci dit, qu'au quotidien, il ne se définisse pas comme Asperger, comme si ça le résumait.

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  6. Je n'ai pas l'impression qu'il faille en faire une priorité...

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    1. Je n'en avais pas fait une mais j'étais quand même curieuse de son contenu.:)

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