mercredi 21 septembre 2022

LES 4 ENQUÊTRICES DE LA SUPÉRETTE GWANGSEON


LES 4 ENQUÊTRICES DE LA SUPÉRETTE GWANGSEON

traduit du coréen par Choi Kyungran et Bessora

Avec un tel titre et une telle couverture, on se doute qu'on ne se lance pas dans un thriller psychologique de haut vol, ni un polar bien noir. Mais du cosy mystery estampillé made in Corée, il me fallait voir ça de plus près !
Dans cette catégorie (pas si cosy d'ailleurs), c'est un roman qui fait bien le job. C'est une lecture très sympathique et divertissante comme on l'espère et s'y attend quand on s'attelle à ce genre, et j'ai particulièrement aimé la touche coréenne qui dépayse complètement des British cosy mysteries (déjà bien dépaysants), un peu plus dynamitée et brute de pomme que les romans coréens habituels (ou auxquels je suis habituée...).

Dès le prologue (dont je n'ai pas compris la portée sur l'ensemble du roman, soit dit en passant) (si quelqu'un pouvait m'éclairer), on se prend en pleine face des dialogues à la langue peu châtiée mais terriblement réjouissante dans la mesure où ce n'est pas ce dont on s'attendrait des Coréens qu'on imagine dignes, bien sous tout rapport. C'est nature, familier, authentique, franc du collier. 
"Cette pétasse aux genoux encore solides ratissait quotidiennement toute la zone pour collecter la précieuse denrée."
Les personnages ne s'embarrassent pas de bien paraître, et ça se poursuit ainsi les chapitres suivants, bien que dans une moindre mesure. Ça m'a rappelé un peu le ton d'Été, quelque part, des cadavres de Park Yeon-seon, aux éditions du Matin calme aussi d'ailleurs, qui m'avait déjà réjouie à la lecture.

L'intrigue est ensuite quelque peu classique, sans l'être vraiment, et plus surprenante qu'on ne s'y attendrait.
Le résumé de l'éditeur plante parfaitement le contexte :
"Dans une supérette de quartiers, quatre femmes, dont les maris rivalisent de paresse et de machisme, se retrouvent pour de petits travaux. Quand un exhibitionniste sévit dans le quartier, elles décident d'enquêter pour le faire arrêter. Peu après, dans leur résidence, un serial killer reprend ses activités criminelles après des années de pause." 
L'occasion, là encore, pour les quatre amies d'enfiler leur tenue de Sherlock Holmes.

Il y a un côté bon enfant qu'on pourrait presque reprocher à cette intrigue et qui pourrait même agacer par moment, un côté "enquête de Mickey" racontée dans un style correct sans plus, mais ça passe quand on se rappelle qu'on est dans du cosy mystery assumé et non dans un thriller "sérieux". 
Ce n'est d'ailleurs pas si gentillet car les crimes impliquent un exhibitionniste et un tueur en série. 
À la mine de rien, ce roman met en avant les difficultés auxquelles les femmes coréennes peuvent être confrontées en cas d'agressions sexuelles, et les traumatismes psychiques qui peuvent en résulter. Bien souvent, les victimes se trouvent démunies faute de pouvoir vraiment se confier à qui que ce soit, encore moins à des policiers qui ne prennent pas ces agressions au sérieux. Un problème assez universel d'ailleurs...

Avec le tueur en série, l'intrigue devient plus sombre, violente même. On commence à basculer dans l'ambiance thriller noir, contrebalancée toutefois par la présence de ces enquêtrices amatrices et amusantes. N'empêche, ça ne rigole plus quand un meurtre est réellement commis. Et c'est à partir de là que l'intrigue prend une tournure plus sérieuse, voire glaçante, et un développement plus élaboré et mieux ficelé qu'on ne s'y attendrait, avec un dénouement assez malin en fin de compte. 
Bon, ça reste quand même assez caricatural, un peu exagéré, et pas très fin, mais si on se laisse prendre au jeu du cosy, ça passe plutôt bien.

Un roman qui ne se prend pas au sérieux, tout en abordant des problématiques graves autour du machisme et des violences faites aux femmes.

Quelques extraits :
"L'homme la scrute d'un regard étincelant de curiosité. Bingo. C'est le bon moment, le moment précis où il faut se mordiller les lèvres et recroiser les jambes. Si seulement elle avait pu laisser entrevoir des jambes élancées sous une minijupe moulante. Hélas, les siennes sont rondes comme des radis en automne et ont dû se cacher dans un pantalon ample."

"De toute façon, tout n'est qu'illusion. Une femme détective dépressive-décadente, ça n'arrive que dans les polars. Une romance entre cette détective et son psychiatre serait une intrigue bas de gamme, même pas digne d'un roman."
(j'ai beaucoup aimé l'autodérision de l'auteur ici dans la mesure où son intrigue commençait à suivre cette trame.^^)

L'auteur
Auteur coréen, Jeon Gunwoo débute sa carrière en 2008 avec sa nouvelle Sommeil léger. Il a écrit de nombreux romans et nouvelles mêlant thriller, horreur et fantastique, et un essai sur son expérience d'écriture en tant qu'écrivain de romans d'horreur. Avec Les 4 enquêtrices de la supérette Gwangseon, il fait sa première incursion dans le cosy mystery.

12 commentaires:

  1. (te revoilou)(j'ai vu qq photos sur facebook)
    Bon, ce roman, j l'ai vu sur qq blogs, alors pourquoi pas, si en bibli?

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    1. Oui, bien rentrée du Mexique (le sac rose a bien servi et a été très pratique^^). Bon, là il s'agit d'un billet programmé pour ne pas être trop en décalage après mon retour qui va me demander quelques jours de récup et de réadaptation au rythme (et au climat) parisien.^^

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  2. Oui je l'avais vu....mais il ne m'avait pas attire.....mais lala je sais toujours pas...lol

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    1. Ah s'il ne t'avait pas attirée, à mon avis, n'insiste pas. C'est vraiment le genre de livre qu'on lit parce que la curiosité nous démange mais on sait déjà que ça ne va pas être le livre du siècle.;) (on passe un bon moment de lecture tout de même)

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  3. Je ne suis pas attiré, mais tu dois t'en douter...

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    1. Oui, on connaît à peu près nos goûts respectifs depuis le temps.;)

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  4. Pourquoi pas !? je ne me rue pas vers le cosy mysteries même si j'en ai lu quelques uns, mais à la sauce coréenne, ça peut avoir une autre saveur et un autre intérêt !

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    1. Oui, voilà, exactement la réflexion que je me suis faite et qui m'a motivée à lire ce roman.:)

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  5. Le cosy mystery n'est pas mon genre favori, loin s'en faut. Ceux que j'ai lu m'ont laissée assez indifférente. Ceci dit, je n'ai toujours pas lu les Agatha Raisin, dont tout le monde me dit que c'est génial...

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    1. Pareil, je ne me précipite vraiment pas sur le cosy mystery (option entre deux pavés ou en cas de besoin de lecture divertissante et légère), et pour Agatha Raisin, le premier tome m'a suffi, mais bon, là, le côté coréen a attisé ma curiosité.:)

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  6. J'ai abandonné dès le prologue... La langue sûrement m'a fortement déplu... et ce début ne ressemble pas du tout dans son style à Ete quelque part etc... peut-être que ça y ressemble plus par la suite

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    1. Ce n'est certes pas la copie conforme du style d'Été quelque part... mais le ton très nature et familier, m'y a fortement fait penser. Ça a l'air d'être un choix très assumé chez Matin calme d'ailleurs, ces romans au style peu littéraire (comparé à Picquier par exemple) mais non dénué de caractère. Je conçois toutefois que ça puisse déplaire justement.:)

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