Ça doit être lors de l'écoute d'un podcast BD que j'ai repéré cette BD qui a reçu le prix Révélation de l'ADAGP / Quai des bulles 2023. J'en avais juste retenu les mots Corée et talent (et le titre) mais c'était assez pour m'intriguer. Eh bien, étonnamment, mes librairies, et même la Fnac de mon quartier, ne l'avaient pas, j'ai dû me résoudre à la commander.
Le hanbok est un vêtement traditionnel coréen et si l'autrice, Sophie Darcq, l'a choisi comme titre de sa BD, c'est qu'il a une valeur hautement symbolique. C'est le seul souvenir qu'elles aient ramené de Corée, ses trois soeurs et elle, quand elles sont arrivées en France pour y démarrer leur nouvelle vie dans leur famille d'adoption. Sophie Darcq avait alors quatre ans. Vingt-quatre ans plus tard, en 2004, elle décide de partir en Corée avec l'une de ses soeurs sur les traces de sa famille biologique.
J'avais été très touchée par les BD de Jung, un auteur belge, d'origine coréenne lui aussi, qui traitaient également de son adoption et de sa quête identitaire, et je n'étais pas mécontente de retrouver ici une BD sur la même thématique, témoignant toutefois d'une expérience et d'un cheminement encore différents.
Ce premier tome (sur deux) de Sophie Darcq raconte son premier voyage en Corée qui durera un mois, le retour dans son pays natal dont il lui reste si peu de souvenirs et rien de la langue qu'on pourrait parler autant d'une rencontre avec le pays qu'avec sa famille biologique.
Le récit de son séjour à proprement parler était vraiment intéressant : sa quasi découverte de la culture coréenne avec laquelle elle renoue par le biais de divers ateliers au milieu d'autres jeunes adoptés venus de divers pays, en quête eux aussi de leur famille biologique, la réalité du pays qu'elle prend de plein fouet, comme une touriste tout juste débarquée, la recherche et les retrouvailles avec ses oncles et tantes coréennes, avec là encore ce décalage "famille, mais si étrangère", la reconstitution des souvenirs, de son histoire... Toute cela suivi avec soutien et bienveillance par sa famille française à Limoges. Je laisse volontairement entier le mystère sur ses parents biologiques, mais bien sûr, elle en parle aussi. C'était perturbant et bouleversant à la fois, sans pathos pour autant. J'ai été assez choquée de la façon dont ses soeurs et elle se sont retrouvées à l'orphelinat et c'est franchement formidable que ses parents français aient choisi de recueillir les quatre soeurs ensemble.
D'un point de vue narratif en revanche, je n'ai pas trouvé ça très fluide. C'était même assez brouillon par moment car l'autrice jouait avec des temporalités et des registres stylistiques très différents et il m'a fallu parfois m'accrocher pour ne pas perdre le fil. Je ne veux pas jouer la psy de comptoir, mais je suppose que tout cela reflète la difficulté de tout le processus de réconciliation avec son passé. Elle a d'ailleurs mis près de vingt ans pour réaliser cette BD qu'elle a dû structurer avec un minimum de matériel à disposition, comme des vieilles photos de l'orphelinat, des bouts de récits rapportés, ses propres souvenirs fragilisés par le temps...
Ce qui m'a marquée, c'est que je ne l'ai pas toujours trouvée très positive sur la Corée, mais elle rapportait ici ses impressions de son premier voyage qui a dû être source autant de curiosité, que d'appréhension, que d'attentes fortes. J'ai cru comprendre qu'elle s'était fortement attachée à ce pays par la suite puisqu'elle y est retournée et en a même appris la langue. Peut-être en saura-t-on davantage sur l'évolution de ses sentiments pour la Corée au tome 2.
Enfin, je n'étais vraiment pas fan de ses dessins les premières pages, là encore une impression de brouillon, et même de minimalisme regrettable par moment, jusqu'à ce je tombe sur des reproductions de photos, de visages ou de paysages qui m'ont franchement bluffée. Une variété de styles ici aussi distingue donc différents niveaux et moments dans le récit. Graphiquement, je ne peux pas être vraiment juge car il s'agit d'expression artistique, mais je n'y ai pas été sensible.
Voici un extrait de la vidéo intégrée ci-dessous pour une idée des styles graphiques :
Rin à la bibli, je vais me contenter des BD Jung, bien aimées. Mais on ne sait jamais... (ls parents français ont adopté les quatre? waouh!)
RépondreSupprimerOui, d'autant plus impressionnant qu'ils avaient déjà adopté une autre fille, ce qui fait qu'ils avaient 5 filles adoptées dont une fratrie de 4.
SupprimerC'est tout à fait le genre de BD qui peut me plaire. La thématique et l'histoire me parlent. C'est vrai que certaines planches semblent très chargées. Les portraits sont superbes. J'avais aussi la BD de Jung dans ma liste mentale.
RépondreSupprimerOui, c'est tout à fait le genre de BD que j'aurais pu retrouver chez toi, je pense.^^ Pour les dessins, si on reste à la surface, ça peut en effet sembler juste chargé, ou brouillon, ou minimaliste, mais si on creuse un peu à la lumière de son vécu, on peut se dire qu'ils sont guidés ou sous l'emprise d'une charge émotionnelle plus ou moins forte suivant les situations, les souvenirs, la tentative de les restituer. Ce n'est pas anodin par exemple que les portraits de sa famille biologique soient aussi précis en comparaison du reste. On s'imagine le temps passé à les composer et tout le processus psychologique derrière. Ce qui m'a semble plus minimaliste ou brouillon pourrait aussi être attribué à une nécessité de mise à distance par rapport au sujet, une envie d'un retour à plus de légèreté. Le résultat est très personnel en tout cas.
SupprimerJe croise les doigts pour pouvoir l'emprunter. Je trouve intéressant et courageux que l'autrice partage avec nous cette quête sur son passé.
RépondreSupprimerOui, ça a semblé aussi nécessaire que difficile. C'est un long chemin personnel et le partager avec d'autres n'a pas dû être évident.
SupprimerJe ne lis que rarement des BD (à tort j'ai l'impression) mais celles que j'ai lues (notamment celles de Jung que tu mentionnes) m'ont beaucoup plu.
RépondreSupprimerJ'adore les BD.:) Toutes ne se valent pas, mais dans le lot, il y a de belles pépites. Les BD restent un médium de communication et d'expression artistique. Elles racontent des histoires, explorent la condition humaine, tout comme les autres livres, donc elles intègrent très naturellement mon parcours de lectrice.:)
SupprimerJ'avoue que euh...cela ne m'attire pas vraiment....mais bon une facon de decouvrir la Coree....
RépondreSupprimerOui, certains livres nous attirent irrésistiblement, d'autres absolument pas, c'est comme ça. Au moins, on sait clairement ce qu'on veut lire ou non.:)
SupprimerEt surtout il y en a tellement a lire...il faut selectionner....
SupprimerC'est clair ! Encore qu'une BD, ça va, ce n'est pas le chronophage.;)
Supprimerrien à voir, juste un petit coucou pour dire que j'arrive à nouveau à commenter en passant par Firefox... c'est à n'y rien comprendre!
RépondreSupprimerMiracle ! Oui, il y a ponctuellement des bugs passagers, j'ai l'impression, quelles que soient les plateformes. On ne peut qu'attendre que ça finisse par se rétablir...
SupprimerDommage, le fond me tentait bien, mais ce que tu dis sur la forme me fait dire que non finalement !
RépondreSupprimerSi le fond te parle, jettes-y quand même un oeil à l'occasion de ton côté si tu le trouves en bibli par exemple.;)
SupprimerJ'aime bien l'illustration de la première de couverture mais moins, comme toi, les illustrations intérieures mais tu dis qu'elles portent des émotions ?
RépondreSupprimerDisons plutôt qu'elles reflètent un certain état émotionnelle de l'autrice et varient en fonction des moments du récit. Quand elle parle de son voyage par exemple, je trouvais ses dessins un peu brouillon, croqués un peu rapidement. En revanche, quand elle dessinait sa famille biologique, ses parents en particulier, c'était d'une précision bluffante, comme si elle s'agrippait au souvenir de chaque trait de leurs visages.
Supprimerje le note ! j'apprends le Coréen et je trouve ça courageux de sa part, car ce n'est pas du tout une langue facile (l'anglais et l'allemand par exemple) du coup je vais voir si je peux les trouver à la BM Merci pour l'info !!!
RépondreSupprimerBravo pour l'apprentissage du coréen ! Il me semble qu'il y avait quelques bulles en coréen dans ce tome, mais ce sera peut-être davantage présent dans le tome 2, si elle y raconte ses voyages suivants.
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