LA TRAVERSÉE VERS MASCATE

traduit de l'allemand par Georges Sturm

Repéré chez Sunalee, c'était très exactement ce qu'il me fallait après trois mois de book trip en mer chahuté par moult naufrages, luttes désespérées pour la survie sur les mers déchaînées, océans agités et îles désertes hostiles : une traversée en mer sans remous, même si en réalité, j'adore ces aventures périlleuses en mer maintenant et que ça me manque déjà (j'y retourne bientôt^^), mais j'avais tout de même envie d'un voyage un peu moins turbulent et éprouvant pour changer.

Me voilà donc partie en croisière, ambiance agathachristienne pour ne rien gâcher, donc tout de même avec la promesse d'un peu de mystère et aussi d'action, mais pour les neurones.^^ C'est l'auteur allemand, Cay Rademacher, qui est aux commandes, totalement inconnu de mes services, mais j'embarque tout de même, plutôt confiante. Tant que la mer est calme... C'est tout ce que je demande.^^

On est en 1929 avec le vintage et l'élégance de l'époque (parmi les classes aisées), comme en atteste la couverture, ce qui n'était pas pour me déplaire. L'Orient étant à la mode dans toute l'Europe, une certaine forme d'exotisme est au rendez-vous. Le Champollion, un immense paquebot des Messageries maritimes (historiquement une des grandes compagnies maritimes françaises), doit mener la famille Rosberg de Marseille jusqu'à Mascate en Oman, pour leur négoce d'épices.

Déjà, j'ignorais qu'il avait existé des croisières de Marseille vers Oman en passant par l'Égypte, la mer Rouge, le Yémen, allant jusqu'à Shanghai et même le Japon, Oman n'étant qu'une étape. La durée prévue de la traversée pour Mascate est de deux semaines, en passant par le canal de Suez et avec quelques escales, dont une visite de la Vallée des rois. J'ai beaucoup aimé l'originalité de ce voyage et des contrées traversées, surtout dans le contexte de l'époque, ce qui a grandement participé à mon plaisir de lecture.

Pour en revenir à notre intrigue, le gendre des Rosberg, Theodor Jung, photographe reporter de profession, décide de profiter du voyage de sa femme, Dora, pour immortaliser la traversée. Or voilà qu'au troisième jour, Dora disparaît du bateau ! Ses affaires, toute trace de sa présence, psschhuiit, comme si elle n'avait jamais été à bord. D'ailleurs, quand son mari la cherche désespérément, tout le monde, les personnes avec qui ils ont pourtant (petit)-déjeuné ou dîné, s'accorde à dire qu'elle n'a jamais été là. Les parents de Dora, particulièrement retors, affirment qu'elle est restée en Allemagne. Un mystère inquiétant pour Jung qui commence à douter. Serait-il devenu fou ? Malgré le manque flagrant de preuves, il est pourtant convaincu qu'elle était à ses côtés, à bord du paquebot, il y a peu. Pour quels motifs lui ferait-on croire le contraire ? La police ne risquerait-elle pas de l'accuser de l'avoir fait disparaître si on ne la retrouve, ni sur le bateau, ni en Allemagne, une fois arrivés à Mascate ? Le voilà donc contraint d'essayer de comprendre ce qui se cache derrière sa disparition subite et surtout de la retrouver, enquêtant ainsi auprès des passagers et du personnel, explorant le paquebot sous toutes ses coutures.

Au début, le style narratif me semblait correct, mais un peu plat, sans relief, assez classique, disons. Bon, je voulais une traversée sans remous, en mer calme, j'étais servie. 😆 Au fur et à mesure de son avancée, j'ai toutefois trouvé que l'intrigue prenait du corps et un peu plus de souffle, pas de quoi faire sombrer le paquebot, mais la traversée était plus rythmée, il y avait un peu plus de vie et d'humour aussi qui remontait à la surface. C'est que notre Jung se démenait pour retrouver sa femme. Il se trouvait tout de même face à une énigme de taille qui a fini par véritablement me travailler aussi. Ce n'était pas vraiment haletant, mais le suspense et la tension étaient assez grands pour maintenir mon intérêt en éveil.

J'ai beaucoup aimé la description de la vie à bord d'un paquebot de croisière avec les mondanités en première classe et le monde moins glamour des deuxième et troisième classes. Il y avait quelques personnages hauts en couleur qui ont assuré l'animation de l'intrigue et je me suis bien amusée des scènes dans le restaurant (les menus ! 😋) et le jardin d'hiver.

J'étais là principalement pour profiter de la croisière et m'amuser de la vie de bateau avec ses passagers, leurs interactions, les clans qui se forment, les petits secrets personnels, personne n'est vraiment qui il paraît être, les potins... Moi qui pensais faire une traversée tranquillou, avec quelques mystères tout de même pour pimenter le voyage, j'ai quand même eu droit malgré tout à une tempête avec forte houle, grosses vagues, averses et accidents.😆

"Malgré ses conditions luxueuses, la traversée pouvait être dangereuse."

Une lecture maritime très plaisante qui m'a bien divertie. Le dénouement de l'intrigue m'a satisfaite sans que je sois finalement très surprise. C'est en tout cas un très bon roman historique avec des faits historiques et quelques personnages ayant réellement existé qui donnent encore plus de corps à l'intrigue, et un thriller de bonne facture.

De l'aveu de l'auteur, il y a quelques anachronismes et déviations historiques ou de la réalité dans son roman, mais tout cela est très assumé.

Intègre le

Total à date => 26 points (352 pages + auteur allemand)

⛵ Me voilà maître à bord, mouahaha !

L'auteur

Né en 1965 à Flensbourg en Allemagne, Cay Rademacher a étudié l'histoire anglo-américaine et la philosophie à Cologne et à Washington avant de devenir journaliste et écrivain. Auteur de best-sellers, ses romans et documents sont publiés dans huit pays.