mardi 25 février 2025

THE TREES


( CHÂTIMENT )

Ahaha ! J'adore quand je m'illusionne avec des déclarations très assertives telles "il va sans dire que je lirai d'autres romans de cet auteur", en parlant ici de Percival Everett dont j'ai découvert avec grand plaisir et moult éclats de rire Effacement il y a - touss touss - treize ans, et vers qui je n'étais pas revenue depuis ! Alors merci à Je lis, je blogue de m'avoir donné envie de lire son dernier roman paru, ce qui m'a permis de tenir (enfin) ma promesse.😆

De Percival Everett, j'avais gardé le souvenir d'un auteur plein de dérision et d'ironie mordante, avec un côté givré assez inattendu, dont le traitement pertinent de sujets autour du racisme ne donne pas moins à réfléchir.
Pas de déception ici. J'ai retrouvé avec plaisir la plume incisive de l'auteur. Dès le deuxième chapitre, j'ai commencé à franchement me bidonner tellement les personnages dépeints étaient impayables à travers les dialogues, les réparties et les mises en situation. On se retrouve à Money, une bourgade paumée dans le Mississippi, aux côtés de rednecks plus risibles (et racistes) les uns que les autres, que l'auteur égratigne férocement. Je visualisais des scènes du film "3 Billboards, les panneaux de la vengeance", surtout avec la police de Money, une véritable équipe de bras cassés malgré tout attachante !

Autre point très positif : les chapitres sont courts (tout ce que j'aime !), pas de temps mort, ça enchaîne. On est très vite embarqués dans l'intrigue qui se déploie à un rythme effréné, tenus en haleine par un sacré mystère associé aux meurtres qui secouent la petite ville de Money.
Des hommes blancs sont en effet retrouvés atrocement mutilés, mais ce qui est incompréhensible, c'est que sur chaque scène de crime, on retrouve un second cadavre (toujours le même !!) qui ressemble à s'y méprendre à Emmett Till, ce (tristement) fameux garçon noir lynché dans la même ville en 1955. Un duo d'enquêteurs noirs du MBI (Mississippi Bureau of Investigation), dont l'auteur n'hésite pas à se moquer gentiment là aussi, est dépêché sur les lieux au grand dam de la police locale, et là, les scènes cocasses et absurdes continuent de se multiplier. À ce stade, je ricanais de plus en plus sauvagement, ça en était presque inquiétant. 😅

Enfin, c'est drôle, mais pas que ! Car encore une fois, Percival Everett se sert de l'humour pour traiter cette fois-ci la tragédie du racisme qui s'est traduit durant des décennies en Amérique par le lynchage de milliers de personnes dont les noms ont été oubliés, quand elles n'étaient pas tout bonnement anonymes. Cette comédie noire leur rend hommage en imaginant les suites de l'affaire Emmett Till dans l'Amérique de Trump (qui en prend pour son grade ici, et c'est particulièrement truculent).

Par la suite, l'histoire prend une tournure assez déroutante, rocambolesque et horrifique à la fois (mais on continue de ricaner sauvagement). Des critiques évoquent un mélange de Tarantino et des frères Coen, mâtiné de fantastique et d'horreur. Ce qui est sûr, c'est qu'on se demande ce qu'on lit, mais on ne s'ennuie pas une seconde. 😆
Il y a pas mal de zones d'ombre et l'histoire m'a un peu laissée sur ma faim sur certains aspects, mais le grand final n'en demeure pas moins puissant et saisissant d'un point de vue symbolique.

LC avec Keisha, Stéphanie.

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