LA SAGA DES ÉMIGRANTS - TOME 1

 

1. AU PAYS

ou dans une autre édition, Livre 1 - Première partie : BARRIÈRES SUR LA ROUTE DE L'AMÉRIQUE

traduit du suédois par Philippe Bouquet

Repérée chez Sacha, je n'ai pas résisté longtemps à cette saga qui avait décidément tout pour me plaire. Pas vraiment (du tout même) pour l'aspect "saga familiale", mais les histoires d'émigration vers l'Amérique à la fin du 19e-début 20e siècle et les thématiques qui s'y rapportent (déracinement, nouveau départ, aventure humaine) me fascinent, et cette promesse d'une traversée en mer (entre cinq et neuf semaines, youhou ! - trois mois par vent particulièrement défavorable !!) m'a embarquée dans l'aventure assez vite.^^ J'ai quelque peu frémi quand j'ai vu que c'était une saga en cinq tomes, mais ce sont des tomes au format poche de moins de 300 pages chacun (euh, du moins les deux premiers 😅). 

Cette saga a également été publiée en deux intégrales (Livres 1 et 2) composées de quatre parties chacune et c'est l'édition que je lis. Les titres de chaque partie ne sont pas exactement les mêmes que ceux des tomes individuels, mais ils expriment globalement le même contexte, comme on peut le voir plus haut dans le sous-titre. Enfin, c'est valable jusqu'au tome 2 (les suivants reprennent les parties des intégrales par deux) (c'est pourquoi ils sont plus épais 😅).

Bref... Dès les premières pages, j'étais ferrée ! Il y a des livres comme ça, rien qu'au style narratif, à la façon dont l'auteur vous parle de ses personnages et vous narre les événements, vous savez que vous allez le suivre où qu'il aille, aussi longtemps qu'il le voudra. Quant à l'échantillonnage de personnages, il est juste jubilatoire ! Des paysans qui ne manquent pas de caractère, un valet de ferme qui ne tient pas en place, mais aussi un prédicateur (quel phénomène celui-là !), une prostituée... Voilà qui donne le ton !

Ce premier tome est introductif, mais déjà si riche et instructif qu'on s'en réjouit pour la suite. Vilhelm Moberg nous présente la situation de la Suède du début au milieu du 19e siècle, puis les personnages et leurs histoires personnelles qui se croisent entre elles, le tout nous éclairant sur leur volonté de partir, mue par la nécessité principalement, sur leurs aspirations à de meilleures conditions de vie, chacun pour des raisons très diverses, ce qui rend ce premier tome particulièrement intéressant. À l'époque, l'Amérique était le pays de tous les possibles. C'était l'aventure et l'inconnu certes, mais aussi l'espoir d'un avenir meilleur, basé toutefois sur de vagues informations de l'ordre de la rumeur sur la situation et les possibilités sur place.

L'auteur excelle vraiment à donner vie à ses personnages et à nous faire vivre leurs épreuves, leurs espoirs et leurs doutes. Je n'aurais jamais pensé me passionner autant pour l'histoire de la Suède à cette période, ni pour le destin de ces hommes et femmes que nous allons suivre un petit bout de temps.

J'ai particulièrement adoré Robert, 17 ans, le plus motivé par l'Amérique dès le départ, avec son livre de référence sur le pays et toutes les images et idées préconçues qu'il en avait. J'ai vraiment hâte de voir s'il ne sera pas déçu. Sans compter qu'il y aura peut-être un début de romance avec Elin, mais on sent déjà les problèmes (*frottage de main) (*sort le popcorn). Tous, d'ailleurs, ont des fantasmes un peu fous sur ce pays. J'ai un peu peur pour eux...

La place de la religion était aussi très importante en Suède à l'époque, elle occupe donc une bonne partie de ce tome. J'avoue que, là où je craignais de passer quelques moments douloureux ou d'ennuis, j'aurai en réalité beaucoup ri ! Je ne m'attendais d'ailleurs pas à trouver autant d'humour dans cette saga.

La situation à la fin de ce tome :

Nous sommes en 1850. Nos candidats à l'émigration (neuf adultes et sept enfants) s'apprêtent à quitter la Suède et à embarquer pour l'Amérique, sur un navire peu rassurant, aïe aïe (à noter que la Suède perdit plus d'un million de ses citoyens entre 1850 et 1914, du fait de l'émigration, malgré le scepticisme des conservateurs).

Extraits :

"Elle commença par lui demander :

- Tu te moques de moi ?

Que pouvait-elle penser ? Il venait, soudain, lui dire qu'il avait l'intention de vendre la ferme et ce qu'il possédait et de partir, avec sa femme, ses trois enfants et un quatrième qui n'était pas encore né - non pas pour un autre village, non pas pour une autre paroisse, non pas pour un autre endroit du pays, ni même pour un autre pays de cette partie du monde, mais pour un autre continent ! Pourquoi s'arrêter en si bon chemin, pendant qu'il y était, et ne pas lui dire qu'il voulait aller s'installer avec eux sur la lune ?" 😆

"Karl Oskar répondit à cela que la plupart des gens meurent dans leur lit et que cela ne les empêchait pas d'aller se coucher tous les soirs. Il n'y avait que les imbéciles pour se laisser effrayer par un naufrage."😅

Une LC pour le tome 2 est en discussion avec Keisha, s'il y a des intéressé(e)s.^^ J'ai eu du mal à ne pas enchaîner d'ailleurs, tellement c'était prenant et palpitant, mais j'avais d'autres LC sur le feu ce mois-ci. J'ai vraiment hâte de retrouver les personnages de cette saga, de voir comment ils évoluent et si leurs rêves américains se réalisent !

L'auteur

Vilhelm Moberg est né en Suède en 1898, et mort en 1973. Dramaturge, romancier, il donne vie à ses personnages dans un riche contexte social et historique. Véritable épopée à dimension universelle, La saga des émigrants est son oeuvre majeure. Élu meilleur roman suédois du 20e siècle.