lundi 30 mai 2011

LE PÈRE DE BLANCHE-NEIGE


EL PADRE DE BLANCANIEVES

LE PÈRE DE BLANCHE-NEIGE )

traduit de l'espagnol par Claude Bleton

J'avoue.
Ce qui a irrésistiblement attiré ma main vers ce livre à la bib', c'est le titre et la référence à Blanche-Neige, et donc dans mon imaginaire simpliste et naïf, aux contes de fées. Je visualisais là quelque chose d'original en rapport avec les contes, encore un de ces contes détournés dont je raffole - à la sauce espagnole en plus.

La quatrième de couverture annonçait un récit qui promettait d'être très intéressant aussi. Bien que l'ayant lu en diagonal, j'avais retenu une histoire de livraison non honorée à temps, un Équatorien licencié à la suite des plaintes de la cliente, et la vie de la famille de cette femme bouleversée de façon inattendue par cet incident.

Quelles ne furent alors ma surprise, ma légère déception et ma crainte même quand, de page en page, je réalise qu'on est plus dans des considérations et réflexions d'ordre politique, assez loin de Blanche-Neige et des contes donc, sur la façon dont marche le monde et les actions que l'on pourrait mener.

Déconcertée et m'étant rendue compte que je m'étais fourvoyée, j'ai failli m'arrêter là, sauf qu'en réalité j'ai trouvé ce récit difficile à lâcher, non pas que c'était palpitant, avec un suspense de fou, rien de tout ça à bord, mais j'ai trouvé son contenu intéressant, étonnamment bien développé, avec un style narratif original, loin d'être embrouillant ou soporifique comme je le craignais. En réalité, la quatrième de couv' en rendait bien compte:
"Avec ce roman polyphonique et ambitieux, Belén Gopegui mène une réflexion sur les réponses que l'on peut donner aujourd'hui à un système brutal qui ne produit que résignation ou douleur, explorant les frontières qui séparent l'espace privé et l'action collective."

À travers des échanges entre les protagonistes naissent des réflexions très pertinentes sur la viabilité d'une action commune pour changer le monde (ça c'est très très résumé), réflexions qui font écho en soi, on se pose en effet des questions sur notre société, notre monde, notre place, ce qu'on y fait, pourquoi on n'y fait rien, qu'est-ce qu'on pourrait faire en réalité...

Sans parti pris, l'auteure laisse la parole, la réflexion et la possibilité d'agir à des gens de différents profils, parmi eux, des jeunes militants, un peu idéalistes, des parents que l'expérience fait voir les choses avec du recul, des étudiants, parfois jeunes travailleurs, aux conditions de vie variées. J'ai vraiment aimé cette richesse d'échanges, d'arguments, d'attitudes et de réactions, qui illustre des cas de figures très divers, et où personne n'a ni complètement tort ni complètement raison.
  
""C'est une folie / dit la raison / c'est comme ça / dit l'amour / c'est un malheur / dit le calcul / de la douleur / dit la peur /ça va mal finir / dit la prudence / c'est comme ça / dit l'amour."" 

"Rien n'est plus désagréable que le rôle de trouble-fête. Vais-je leur rappeler que s'il y a cinquante sites sur Internet pour la presse dite alternative, il y a cinquante millions de sites pornographiques? Que la Terre sera inondée bien avant qu'il y ait une révolution en Europe? Que pendant que quatre personnes lisent Marx à Madrid, deux ou trois millions lisent des journaux sportifs comme Marca, les magazines féminins, etc?"
  
Difficile de résumer façon j'ai aimé/pas aimé, en tout cas j'ai apprécié cette lecture pour cette expérience de quelque chose de différent qu'elle m'a apporté, et pour la découverte de cette auteure que je trouve très intéressante.
  
L'auteure
Belén Gopegui est née en 1963. Elle décide de se consacrer à la littérature après avoir obtenu sa licence en droit à l'Université autonome de Madrid. En 1993, elle publie son premier roman, L'Echelle des cartes, et est unanimement saluée pour la maturité de son écriture. Elle a obtenu plusieurs prix littéraires en Espagne et est aujourd'hui considérée comme un écrivain singulier, dont la prose intimiste aux fulgurances poétiques rend compte avec force de son regard critique sur le monde. Ses livres sont traduits dans une dizaine de langues.

8 commentaires:

  1. Comme toi, le titre de ton billet (et donc du roman) m'a tout de suite interpelée mais avec ce que tu dis de l'histoire, j'ai quand même peur de ne pas accrocher ! Pourtant, malgré tes réticences, tu as fini par t'y plonger alors je me dis pourquoi pas ?

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    1. J'avoue, je serais tombée sur mon billet (écrit par quelqu'un d'autre donc mais avec les mêmes observations - enfin, tu m'auras comprise...), je ne me serais pas précipitée sur ce livre, surtout avec les PAL et LAL méga tentantes que j'ai, mais c'est vrai qu'une fois dedans, je n'ai pas pu me résoudre à le lâcher, et je lui reconnais vraiment une qualité certaine.

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  2. C'est malin, maintenat je voudrais lire ce truc qui t'a accrochée à ce point, alors que tu ne t'y attendais pas.
    Et c'est ça aussi le bonheur de lire...

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    1. Oui, il y a des surprises intéressantes comme ça et vraiment tant mieux! Après je ne suis pas sûre que tout le monde accroche, c'est un roman assez inhabituel, mais en même temps c'est tellement accessible, d'actualité, on s'y retrouve plutôt bien, c'est peut-être pour ça que je m'y suis sentie à l'aise en fin de compte.

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  3. B'jour,
    Moi aussi j'aime bien les contes de fées , mais je le connaissais pas ce livre!!
    moi aussi j'ai mon pitit blog sur les livres que j'ai lu : http://lalecture3.sosblog.fr
    Voila si vous pouvez passer laissez quelques coms.....!

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    1. Bonsoir,
      Au risque de me répéter, je reprécise que ce livre n'est pas un conte de fée, même pas un peu détourné, encore que le titre "Le père de Blanche-Neige" y ait un sens métaphorique intéressant.
      Merci pour votre visite et au plaisir des échanges! (mais je tiens à préciser aussi que je ne suis pas la candidate idéale des coms à tout va juste pour laisser des coms...)

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  4. Bon, ça m'excite pas trop là. Et puis, moi, je ne m'habille qu'en sac de plastique bleu !

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    1. Figure-toi que, autant j'ai cru comprendre l'allusion au père de Blanche-Neige, autant j'ai beau retourner ces sacs dans tous les sens et analyser leurs couleurs, je n'arrive pas à trouver le lien qui les unit au récit...

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