dimanche 31 juillet 2011

L'ASSOMMOIR


L'ASSOMMOIR
  
Quel triste destin que celui de Gervaise, j'en ai encore le coeur serré! Zola excelle vraiment à décrire la misère du milieu populaire et ouvrier, en la rendant palpable et étourdissante, on en ressort comme grisé, et si le titre "Les Misérables" n'avait déjà été pris, je pense qu'il aurait collé à merveille à ce roman. L'histoire de Lalie en particulier, qui tient sur quelques pages, m'a profondément touchée et crevée l'âme. Cosette à côté peut aller se rhabiller! Pour moi, c'est un des plus beaux passages de L'Assommoir.

Si je me suis un peu ennuyée de l'intrigue en elle-même, autour de la vie "simple et tranquille" de notre blanchisseuse dont on suit successivement l'ascension sociale puis la déchéance, destinée quelque peu prévisible et spoilée à grands cris par les notes de bas de page qui oublient que tout le monde ne relit pas ce roman pour la x-ième fois (vraiment très pénibles ces notes de bas de page!), destinée sous le signe de l'alcoolisme, de la lutte pour la survie, de la décrépitude inexorable de cette couche sociale, j'ai trouvé remarquable le dernier quart du roman qui décrit de façon saisissante la descente aux enfers des Coupeau. Jusqu'à la toute fin, tragiquement sublime!

Zola brosse un portrait fascinant, complet et réaliste de ses personnages, je visualisais très bien tout ce petit monde. Je bouillais en moi-même du culot de Lantier et de la bêtise de ceux qui le côtoyaient. De même, je désespérais de l'issue de l'histoire entre Gervaise et Goujet, mais il n'en pouvait être autrement, Zola ici est sans concession, comme souvent d'ailleurs.

Ce roman fourmille de vie à travers l'écriture franche, crue et délicieusement imagée de Zola, il a le verbe agile qui sied bien au milieu qu'il décrit et on se prend des volées de mots bien envoyés à chaque ligne. J'aime beaucoup cette énergie du peuple qui sourd des romans de Zola, on côtoie les ouvriers de près, on touche la misère de près, c'est, en ce sens, un roman social très convaincant.
Il fut un temps où il était un de mes auteurs fétiches parmi les grands classiques français, j'ai encore un souvenir mémorable de Germinal que j'avais adoré, il m'en reste quelques-uns de la série des Rougon-Macquart que je n'ai pas lus, mais L'Assommoir était un de ceux que je voulais vraiment découvrir, sa réputation aidant, le titre m'intrigant aussi.

Voilà qui est lu et je me sens enfin délivrée de la curiosité de ce roman! Ce n'est pas un coup de coeur comme Germinal, dommage. J'ai été, je crois, lassée par les récits sur l'alcoolisme qui est une fatalité dans ce milieu, mais je sais maintenant de quoi il retourne. J'ai trouvé ça intéressant aussi de visualiser le quartier de La Goutte-d'Or du milieu du 19è siècle.

Enfin, ce roman voit également la naissance de Nana qui fait l'objet d'un roman à elle toute seule dans la série des Rougon-Macquart. C'est peut-être un des seuls de Zola que je n'ai pas aimé d'ailleurs (cela dit, je n'ai pas lu toute la série). Je me souviens même avoir abandonné vers le tiers ou la moitié du roman, mais ça remonte. Peut-être faudrait-il que je le relise, en même temps, quand j'y repense, et même à travers son portrait dans ce roman, je ne suis pas très pressée.

18 commentaires:

  1. Etudié lorsque j'étais au collège, il m'a donné le goût des romans de Zola ! Je garde des images bien précises de cette lecture qui m'avait passionnée. D'ailleurs, je me plongerais bien dans un Zola ces prochains jours !

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    1. Il y en a tant que je n'ai pas lus que c'est certain que je me tournerai de nouveau vers ses romans. L'Assommoir était une priorité, j'étais vraiment curieuse de ce roman depuis le collège (nous, on avait étudié Germinal) et maintenant que j'ai le sentiment du devoir accompli (^^) et de la curiosité assouvie, je ressens moins l'urgence de lire du Zola. Mais un retour vers les classiques français de temps à autre, ça fait vraiment du bien, c'est clair!

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  2. Mon tout premier Zola, lu au lycée, il m'avait beaucoup plu, même si j'ai toujours trouvé qu'il était long (comme tous les autres Zola que j'ai lu). J'ai beaucoup aimé Nana également mais ce n'est pas pareil encore, l'histoire de Gervaise est vraiment poignante.
    (Ne t'inquiète pas pour la LC, je serai prête pour le 5 moi aussi ;) )

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    1. Oui, Nana c'est un tout autre registre, c'est sûr. Je l'avais entamé au lycée aussi, mais en solo, pas dans le cadre d'une étude de textes, et vraiment je me souviens m'être ennuyée de son train de vie. Peut-être trop jeune pour apprécier, je ne sais pas...
      Ce que j'ai bien aimé en lisant L'Assommoir aussi, c'est que ça m'a permis de faire le lien entre les différents personnages de la série des Rougon-Macquart et de mieux comprendre sa chronologie aussi.
      (j'ai hâte d'être au 5!;))

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  3. Bon, j'essaie de terrasser le google reader, je picore de ci de là. Mais un classique, cela ne se rate pas!!!
    Evidemment j'ai lu ce roman, comme toute la série, mais j'ignore si je le relirais. je partage ton avis sur les notes de bas de page; déjà je sais qu'il faut éviter les préfaces et présentations avant lecture d'un roman, mais là, c'est pire!

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    1. C'est une véritable plaie ces notes de bas de page qui révèlent la suite une fois sur deux! J'ai même failli lâcher le roman dans mon énervement...
      Moi en ce moment je me tâte pour une relecture de La peau de chagrin de Balzac. A voir d'ici la fin de l'année si j'arrive à le caser.
      Bon courage avec GR, quoiqu'en ce moment c'est plutôt calme, période estivale oblige. Mais de mon côté, j'avais fait un méga tri donc ça réduit un peu les news aussi.:)

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  4. Mon seul et unique Zola lu remonte à mes 15 ans : germinal. J'avais adoré et pourtant, je n'ai jamais eu le courage de me plonger dans un autre de ses livres. Et surtout pas dans celui ci, dont le titre me répugne comme s'il m'annonçait une lecture assommante. Et puis, pas envie de misère en ce moment.
    Cependant, ton billet est très bien rédigée et donne une bonne idée de ce roman.

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    1. ^^C'est marrant, autant j'étais intriguée par le titre sans l'avoir jamais associé à l'idée de lecture assommante, autant toi, direct, tu as fait le lien! Excellent!
      J'avais lu Germinal aussi quand j'avais 15 ans, et pareil, j'avais adoré! Je crois même qu'à l'époque, ça avait été une révélation pour moi. Bon j'ai bien mis 15 ans pour me replonger dans l'univers de Zola, peut-être trouveras-tu le temps et l'envie un jour aussi de t'y remettre. En commençant par L'Assommoir, tiens!^^

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    2. Disons que Germinal avait l'avantage de m'instruire sur mes lointaines racines, puisque je suis du nord et que les terriles, j'en ai vu dans ma vie.
      Par contre, un classique dans lequel je voudrais me replonger, c'est Maupassant. Mais bon, en attendant, c'est Auster qui m'attend !

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    3. Ah oui effectivement pour Germinal, ça te parlait vraiment. Quant à Maupassant, j'accroche moins. Un mauvais souvenir du Horla au collège, quoique j'avais lu Bel-Ami il y a 4 ou 5 ans, et il me semble que c'était bien passé. Mais j'en ai un souvenir très vague, bizarrement.
      Bon courage pour Auster, je sens que tu appréhendes!

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    4. Ben disons que j'ai peut-être pas choisi le plus simple pour reprendre la VO !

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    5. Ça, je confirme! Bon, en même temps c'est du contemporain et Paul Auster a un style limpide même si soigné. Si l'intrigue te parle, ça devrait le faire, surtout que tu n'as pas un niveau débutant en anglais, tu as vécu aux States, tout ça, ça va revenir très vite, j'en suis sûre!

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    6. C'est vrai que pour l'instant, ça se passe bien. Je ne suis pas encore vraiment prise par l'histoire, mais je comprends ce que je lis. Je regarde quelques mots dans le dico, + pour la culture et la curiosité, car ce ne sont pas des mots nécessaires à la compréhension de l'histoire.

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    7. Cool, tout roule alors! Ça me fait penser que moi, comme je n'ai plus de dico, que ce soit en français, en anglais ou autre, je recherche sur google, et mieux encore, pour les noms communs, sur google images! Très pratique!:) Cela dit, j'ai souvent la flemme de vérifier le mot...

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  5. J'ai lu l'Assommoir, et l'ai même étudié, mais je ne me souviens pas de certains personnages dont tu parles, Lalie et Goujet par exemple.
    Je le relirai sans doute un jour, on oublie !

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    1. Ce sont des personnages secondaires sur lesquels Zola ne s'épanche pas beaucoup mais ils m'ont marquée, bizarrement. C'est vrai qu'on oublie vite!

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  6. J'ai eu ce livre au progamme du bac littéraire. c'était mon deuxième Zola et une révélation. J'avais d'abord lu "la bête humaine", un livre que j'avais plutôt apprécié (surtout pour les descriptions de la gare) mais sans plus. Je me suis régalée avec "l'assommoir", dont notre professeur a ensuite parlé avec brio (mais bon je ne suis pas très objective, j'adorais cet enseignant qui m'a beaucoup marquée !). C'est un livre charnière en effet, puisque tous les enfants de l'héroïne deviennent ensuite les héros de romans postérieurs. J'aimerais beaucoup lire "Nana" et "L'oeuvre", toujours pas découverts. J'ai énormément apprécié "la curée", "le ventre de Paris" et "Thérèse Raquin". Je me souviens avoir abandonné "le rêve" et ne me souviens pas bien de mes autres lectures.

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    1. Oui, c'est vrai. L'Assommoir m'a marqué aussi parce que c'est là que j'ai mieux compris tout le contexte de la saga des Rougon-Macquart. Rien de tel qu'un professeur passionné par son sujet pour transmettre le plaisir d'une lecture et l'intérêt d'un texte! Je vois que tu as lu énormément de Zola du coup! Impressionnant!

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