dimanche 22 juillet 2012

NÂÂÂNDÉ !? LES TRIBULATIONS D'UNE JAPONAISE À PARIS


NÂÂÂNDÉ !? 

       LES TRIBULATIONS D'UNE JAPONAISE À PARIS


Bon, c'était un livre écrit pour moi, Keisha l'a très bien compris en attirant mon attention sur le billet d'Anis (un grand merci donc !) ! Car oui, j'adore ces livres qui traitent des chocs culturels et des rencontres des civilisations, et si en plus Paris (et par extension, les Parisiens) est en jeu, et que, si encore plus, nous avons le point de vue d'une Japonaise, je me frotte les mains d'avance de ce que je vais y lire !

Résultat, pas déçue du tout, je m'y suis bien amusée, comme je m'y attendais à vrai dire, et j'ai trouvé l'auteure, Eriko Nakamura, franchement désopilante dans son exposé outré des différents affronts et chocs subis depuis qu'elle est dans cette ville pourtant fantasmée par les Japonais, "la Ville lumière, la plus belle ville du monde, la capitale du raffinement et du romantisme".
J'avais déjà vu dans un reportage ce "syndrome de Paris", un mal étrange qui affecte les Japonais qui visitent Paris pour la première fois. Le décalage entre le Paris rêvé et le Paris réel est tel qu'ils se remettent mal du choc et certains sont même rapatriés d'urgence au Japon !
  
Eriko Nakamura est mariée à un Français et vit à Paris depuis 10 ans mais quasi au quotidien, les occasions ne manquent pas pour elle de s'exclamer : Nââândé !?

"Nââândé!? => interjection manifestant la stupéfaction et le trouble face à un acte ou un comportement jugé choquant. Les Japonais utilisent ce mot quand ils sont en état de choc, presque sans voix. La langue française n'a pas d'équivalent pour exprimer ce sentiment violent qui ne peut être traduit que par des expressions comme "Oh! là, la! mais que se passe-t-il??" ou "Oh! non, c'est pas possible!?"."
  
Je dois dire que j'ai beaucoup beaucoup ri, déjà parce que ce témoignage ne manque pas d'humour, mais en plus, j'imaginais bien les situations d'inconfort et de désespoir qui peuvent nous paraître absurdes car nous n'avons pas cette culture, les mêmes codes sociaux, la même éducation ni cette façon un peu extrême de voir les choses.
Ce que j'ai trouvé intéressant aussi dans ce livre, c'est que l'auteure pousse le propos plus loin qu'une longue litanie de ce qui est déboussolant, voire déplaisant chez le Parisien pour un Japonais (pour résumer, le sans-gêne, la grossièreté, l'arrogance). Elle explique, en balayant divers cas de figure et situations du quotidien (restaurant, rendez-vous, dans le métro, les courses, les toilettes, chez le médecin, etc) comment un Japonais ressent le comportement parisien, et pourquoi, et comment cela se passerait au Japon dans ce même cas de figure. J'ai trouvé ça vraiment instructif cette comparaison des deux civilisations car en plus de nous offrir un portrait au vitriol de la vie parisienne, on y découvre aussi des facettes du Japon au quotidien. Vraiment intéressant culturellement (et parfois inquiétant pour moi car je me dis "OMG, vais-je vraiment survivre là-bas ???").
  
"Quand quelque chose se passe mal, un Japonais a toujours tendance à penser que cela vient de lui, que c'est sa faute. Un Parisien, au contraire, commencera toujours par accuser l'autre. Mettez donc un Japonais dans un taxi parisien et au bout d'un minute, le Japonais va se sentir coupable de tous les maux ! Les premiers temps à Paris, chaque fois qu'un chauffeur de taxi manifestait sa mauvaise humeur je me disais: "Oh! là, là, c'est ma faute, je n'ai pas dû bien prononcer le nom de la rue."

J'ai adoré aussi l'épisode dans un grand magasin au Japon, où son mari, par je ne sais plus quelle attitude, choque sévèrement tous les clients, et l'auteure de s'écrier "Excusez-le, il est français ! Excusez-le, il est français !" J'en pleurais de rire !!!
De même, une scène qui m'a semblé surréaliste, cette fois qui illustre un comportement japonais très très étonnant, une façon de voir les choses pas banale, surréaliste même, c'est celle du papier-toilette en cadeau (pour des raisons un peu complexes à expliquer ici - lire le livre pour comprendre). Là aussi j'étais pliée de rire à la description, cette fois, du mari abasourdi.

Bon je pourrais citer encore bien des scènes de cet ordre qui m'ont vraiment amusée, la dernière pour la route avec un passage que j'ai trouvé très représentatif de ce code de l'honneur très japonais, chez le médecin:
"Au Japon, si un médecin ordonne à une femme de se déshabiller devant lui sans témoins cela deviendrait dès le lendemain un fait divers à la une des journaux. Et on apprendrait sans doute le surlendemain le suicide de la patiente et du médecin !"
  
Bien sûr, on n'échappe pas à certains clichés et aux exagérations, ou alors elle parle du cas qui arrive une fois sur 100.000 et manque de pot, ça lui serait tombé dessus, mais dans l'ensemble, j'ai trouvé qu'elle faisait un portrait plutôt fidèle de Paris et des Parisiens, même si je n'étais pas toujours d'accord avec certaines "vérités", et quoiqu'elle croque surtout le milieu bobo chic, aisé, huppé. Cela dit, on y reconnaît assez bien le Parisien type, celui qu'on aime détester à l'unanimité en réalité.
Je ne sais par contre ce qu'il en est du portrait des Japonais qu'elle ne montre pas forcément toujours sous leur meilleur jour, surtout les hommes (je repense par exemple au pelotage tranquillou dans le métro de Tokyo qui semble assez fréquent...). Probablement qu'il doit y avoir aussi une part d'exagération et de vision un peu biaisée par un prisme personnel à l'auteure.


Également commenté par JoelleMélopée, et quelques autres. 

Intègre le

10 commentaires:

  1. Je le veux! (même si je ne suis pas parisienne)
    Dis donc, en Russsie, qque de touristes asiatiques... Pour reconnaitre le chinois des autres, c'est au bruit.. (mauvaise langue je suis!)

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    1. Ah je suis d'accord avec toi ! Récemment au resto, à côté de notre table, ça parlait très fort et mes amis m'ont dit "ben profites-en pour pratiquer ton japonais !". Et j'ai dit "ils ne sont pas japonais mais chinois. Les Japonais ne sont pas aussi bruyants de manière aussi inconvenante !"
      Bon, sinon Nââândé !?, oui, tu apprécierais, sûr et certain ! Je l'avais trouvé à la bib' sinon je te l'envoyais.

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  2. Ah, en voilà un billet fort étayé ! Je te rejoins, je te rejoins et essaierai de publier le mien dès que possible.

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    1. Si tu savais le nombre de passages que j'avais post-ités dans le livre et que je comptais citer dans ce billet! J'attends le tien avec impatience !

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  3. J'ai ajouté ton lien, mais je n'ai pas lu car je veux lire ce livre d'abord
    Bonne semaine.

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    1. Ah oui, je comprends parfaitement, j'aurais fait pareil. Bonne semaine !

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  4. J'ai envie de le lire ce livre je vais me l'acheter !! Moi j'ai un copain qui a été au Japon 8 jpours surtout à Tokyo et il est revenu un peu "traumatisé". il nous a raconté surtout les choses qui l'ont intermellé. Les japonais qui changer de place pour ne pas s'asseoir à coté de lui dans le métro, il parait les japonais n'aime pas les étrangers, les gestes mécaniques et très étudiés pour payer ou rendre la monnaie dans les magasins.... Enfin bref il était content de rentrer en Frtance alors qu'il se faisait une joie d'y aller !! Je trouve très bien qu'à l'heure de la mondialisation les cultures soient toujours aussi distinctes et ne se ressemblent surtout pas.

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    1. Oui, j'ai souvent entendu ça, que les Japonais n'aimaient pas les étrangers, en particulier certains. Mais je les aime moi, je vais leur apporter tout mon amour, moi ! Bon, cela dit, je connais des Japonais qui sont très ouverts au monde, mais ils ne correspondent pas à la majorité, c'est clair. J'y vais en octobre, on verra bien. Je me fais une joie d'y aller, mais je préfère ne m'attendre à rien, partout il y a de bonnes comme de mauvaises rencontres et expériences... Ce livre d'ailleurs en est une bonne illustration. J'ai vu pas mal de critiques négatives et je doute que les Français (Parisiens plus spécifiquement d'ailleurs) acceptent complètement cette image que l'auteure leur renvoie d'eux, en particulier pour ce qui est du négatif, à moins d'avoir un bon sens de la dérision.
      Et bien d'accord, vive la différence !

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  5. Ce livre pourrait bien me plaire, même si je ne suis pas particulièrement concernée par le sujet ! Je ne connaissais pas du tout ce syndrome de paris. Par contre, j'attends avec impatience les périgrinations de la parisienne au Japon. Tu pars quand ???

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    1. Je pars en octobre. J'ai hâte ! J'espère me comporter correctement là-bas et ne pas entendre de "Nââândé !?" à mon passage.
      Oui, à l'occasion, si tu peux mettre la main sur ce livre, profites-en, c'est assez drôle et curieux, cette différence de culture.

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