mardi 29 janvier 2013

PLUS LÉGER QUE L'AIR


MÁS LIVIANO QUE EL AIRE

( PLUS LÉGER QUE L'AIR )

traduit de l'espagnol (Argentine) par Isabelle Gugnon


Je ne sais pas pourquoi j'ai été attirée par la 4è de couv' qui présentait l'histoire ainsi :
"Une vieille fille âgée de 93 ans maintient enfermé dans sa salle de bains un adolescent qui a essayé de la voler. Elle lui précise d'emblée qu'il peut hurler à sa guise mais que cela sera sans effet. La seule condition à sa libération est d'écouter l'histoire de sa vie, parce que, au fond, cette compagnie "inespérée" permet à la vieille dame de pallier une solitude infinie et, sous couvert d'un certain moralisme, de laisser libre cours à une sorte de cruauté teintée de sadisme. Véritable suspense en huis clos, qui se termine sur un dénouement totalement inattendu."

Le contexte me plaisait, voire je le trouvais assez amusant, et cela me touchait d'imaginer cette vieille femme ayant trouvé une oreille (réticente qui plus est) en la personne de cet adolescent bien puni pour son délit.
J'avais espéré une évolution "contedeféesque", je pense, dans leurs "relations", à travers ce contexte de départ, mais étrangement, l'auteur a choisi d'être peut-être trop réaliste, du coup le récit est teinté d'une certaine noirceur assez déplaisante au final.

Ce récit se présente sous la forme d'un monologue dans lequel la vieille dame nous fait comprendre les interventions de l'adolescent en réagissant oralement à chacun de ses mouvements ou paroles.
Si, au départ, j'ai beaucoup aimé son ton enjoué, dynamique et plein de malice, j'ai vite été agacée par ses menaces constantes qui n'aboutissaient jamais quand l'adolescent ne semblait pas se tenir tranquille, et qui coupaient le rythme du récit.

Ce qui m'a touchée en revanche, c'est l'intensité de cette solitude qui la pousse à agir comme elle fait, et son attachement croissant pour cette oreille, jusqu'à une certaine forme de folie quand on y pense bien.
Et puis, mine de rien, l'histoire de sa mère m'intéressait aussi. J'ai aimé la présentation du contexte de son époque, avec la place des femmes et des hommes dans la société argentine du début du XXè siècle. J'ai apprécié son talent de conteur aussi, avec ces détails qui ont ce quelque chose d'absurde et à la fois terriblement drôle, et sa façon de s'exprimer m'amusait assez.

"Vous ne savez pas ce que c'est qu'être une femme, contrairement à moi ou ma mère, qui excellait dans ce domaine."

"Si Dieu nous a mis cette imagination dans la tête, ce n'est pas par hasard. [...] Sans doute pour que nous finissions de créer le monde, que nous communiquions avec autrui, que la vie ne nous paraisse pas si morne ou même pour nous aider à découvrir la vérité."    

Du coup, le garçon enfermé n'est-il pas le fruit de son imagination, qui lui permettrait de sortir de sa solitude ?

Quant à la fin en elle-même, je n'ai pas du tout aimé, mais comme je me suis posée quelques questions sur la réalité de la situation, ce que j'ai trouvé intéressant, c'est de ne pas savoir exactement ce qu'il en est justement.

Il y a quelque chose de plus fin et plus profond qu'il n'y paraît en surface dans ce récit, je n'ai malheureusement pas totalement mis la main dessus, ça j'en suis sûre !    


L'auteur
Federico Jeanmaire est un écrivain et enseignant argentin né en 1957.
Il est diplômé en art et est reconnu comme étant l'un des plus grands spécialistes de Cervantès.

12 commentaires:

  1. Tiens tiens, curieux roman??? Pas trop emballée?

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    1. Disons que (je ne sais pas pourquoi) je m'étais attendue à une évolution de l'intrigue vers un happy end un peu classique, et que sa noirceur, malgré les légères notes d'humour, m'a un peu déstabilisée.

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  2. C'est marrant, je l'ai emprunté à la bibliothèque en novembre dernier et je l'ai commencé, le monologue de la vieille dame m'a bien plu mais je n'ai pas avancé (une trentaine de pages tout au plus) et je l'ai rendu... Je le réemprunterai peut-être.

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    1. Moi j'avais failli le rendre sans l'avoir lu, car j'étais dans une période où j'empruntais à tout-va et que je ne suivais pas toujours le rythme.:) Mais une fois commencé, j'étais assez curieuse du dénouement de l'intrigue, du coup je l'ai lu d'une traite! Si tu as aimé les 30 premières pages, ça vaut le coup de poursuivre la lecture.;)

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  3. J'avais déjà remarqué ce titre sur un blog (lequel ???), et j'avoue que je ne sais pas trop quoi en pensé. tentée mais des avis que j'ai lu, aucun n'est vraiment enthousiaste !

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    1. Oui, je me suis rendue compte après l'avoir fini qu'il avait été pas mal lu en réalité l'année dernière, sur la blogosphère. Effectivement, les retours sont plutôt tièdes, et je comprends assez. C'est un roman qui peut laisser perplexe, malgré l'intérêt de sa thématique.

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  4. Non merci, sans façon. Je ne sais pas pourquoi mais j'évite les histoires avec la solitude des personnes âgées.

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    1. En réalité, à la base, je ne saute pas non plus sur les histoires autour de la solitude des personnes âgées (pffrt, là avec OB j'aurais mis un smiley LOL), mais ici, je trouvais le contexte plutôt original et le sujet est finalement traité avec subtilité. On ne ressort pas de là tout guilleret cela dit, c'est sûr, mais il y a matière à réflexion et la personnalité de la vieille dame vaut tout de même le détour.

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  5. Bonjour A girl, d'abord bravo pour la nouvelle présentation. C'est bien de changer de temps en temps, surtout que là tu as changé de plate-forme. Concernant ce roman, je pense avoir été la seule ou presque à l'avoir apprécié tant l'histoire que l'écriture. Je me trompe peut-être mais je pense cette vieille femme se parle à elle-même, il n'y a personne derrière la porte. Je trouve la fin très logique. Voir mon billet http://dasola.canalblog.com/archives/2011/11/23/22768094.html Bonne journée.

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    1. Bonsoir Dasola ! Je viens de lire ton billet, effectivement, on sent que ça t'a vraiment enthousiasmée. Je suis plus mitigée car j'avais personnellement espéré un autre dénouement mais il y avait beaucoup d'aspects intéressants dans ce récit.
      Quant au nouveau blog, oui, je suis contente du changement finalement, même si j'étais fortement attachée à l'ancien et au plaisir que j'ai eu à le customiser à ma sauce et dans l'esprit délire. Là je pars sur plus sobre car la priorité va au transfert des billets, mais je retravaillerai peut-être la déco ultérieurement.:)

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  6. Bon, ben, je pense qu'on peut l'oublier!
    Bonne soirée.

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    1. Ce n'est pas un indispensable à mon sens, mais pas non plus une totale perte de temps. Tout dépend si ça coïncide avec ce qu'on a envie de lire sur le moment, et du dépaysement recherché.:)
      Bonne soirée!

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