jeudi 14 février 2013

CUISINE TATARE ET DESCENDANCE


CUISINE TATARE ET DESCENDANCE

traduit de l'allemand par Isabelle Liber


Excellente pioche que ce roman d'Alina Bronsky qui m'aura fait alterner gloussements de dinde et rictus de hyène hilare !

C'est qu'il met en scène une femme au tempérament hors du commun, que je ne pourrais mieux décrire qu'en la qualifiant de "sacré personnage" ! Cette femme, c'est Rosa, la narratrice, à la détermination implacable, qui ne doute de rien, et à qui rien ne résiste, pas même l'apprentissage du vélo, de la conduite, du ski, et de la natation, à l'âge de la retraite. C'est une femme réellement épatante et franchement amusante. Son gros défaut (qui participe d'ailleurs à la rendre drôlissime), est de vouloir régir la vie de son entourage selon ses principes et ce qu'elle estime le mieux pour eux. 
    
L'histoire commence à la fin des années 70 en Russie, alors que Sulfia, la fille de Rosa, annonce être enceinte de la future Aminat.
Que de tracas pour Rosa dont le souci est de caser sa fille à tout prix et donner la meilleure éducation à sa petite-fille après l'échec manifeste de celui de Sulfia qu'elle n'hésite pas à estimer laide et imbécile (rien à voir avec elle, sa mère !). Une fille dont le souci est simplement de vivre au quotidien et de faire son métier d'infirmière au mieux. Une petite-fille à l'enfance tiraillée, ballottée entre les désirs de chacun, qui ne demande qu'à vivre sa vie.
L'humour de l'auteure est absolument irrésistible à travers ce personnage qui ne se rend pas compte qu'il étouffe son entourage.

Sous cette apparence de dérision et de cocasserie, se dessine cependant, à travers ces trois femmes et leur entourage, une image plus sérieuse et poignante de la Russie sur ces 30 dernières années, notamment au sein de la communauté tatare qui a ses particularités. L'histoire de ces femmes nous amènera aussi en Allemagne au travers de scènes non moins truculentes et émouvantes. 

J'ai vraiment apprécié le personnage de Rosa, sa débrouillardise, son culot, sa dignité en toutes circonstances. Je l'ai trouvée attachante, et particulièrement touchante sur la fin, alors que des événements tragiques la conduisent à changer sa façon de voir les choses à son insu.

L'auteure est vraiment talentueuse dans sa façon de narrer les événements, le développement de son récit, sa façon de dépeindre le portrait psychologique des personnages, et cette évolution fluide des personnages et des événements. J'ai adoré l'humour constant qu'elle parvient à distiller tout le long, avec beaucoup de finesse.
Les chapitres sont courts et se dévorent littéralement, ce qui rend cette lecture encore plus savoureuse. 


L'auteure
Née en 1978 à Iekaterinbourg, quatrième ville de la Russie, située du côté asiatique de l'Oural, Alina Bronsky vit depuis sa treizième année en Allemagne. Acclamée par la critique allemande et américaine, elle est la lauréate de plusieurs prix littéraires, dont le célèbre prix Ingeborg Bachmann. Cuisine tatare et descendance a été traduit dans une dizaine de langues.

6 commentaires:

  1. Pas la peine d'en ajouter, déjà repéré et rien à la bibli.
    (au fait mardi mon "gentil bibliothécaire" m'a dénichée derrière les étagères où j'errais, pour m'annoncer tout content "on a reçu La guerre d'Alan!" mode *repérée*, quoi). Sinon, sans que je leur dise rien, ils ont acheté Pike (Gallmeister)

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    1. Ah, Pike je l'avais vu depuis un moment déjà dans les bib' ici. J'adore ton "gentil bibliothécaire".:) Ici, c'est plus anonyme, mais il faut dire que je suis une fausse régulière car j'en fréquente plusieurs et je ne suis fidèle à aucune bib' précise vraiment. Donc on ne m'a pas vraiment repérée encore.:)
      Quant à Cuisine tatare et descendance, aah il faut que ta bib' se le procure rien que pour toi !! :)

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  2. Pourquoi pas, surtout qu'au début, j'ai lu tartare dans le titre !
    Au fait, j'aimerai bien un enregistrement du gloussement de la dinde et l'hilarité de la hyenne !

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    1. Ecoute, à mon avis, tu lirais ce livre, tu reproduirais sans peine le gloussement de la dinde et le rictus de la hyène hilare.:D
      Je me suis déjà entendue rire façon hilare en vidéo (les merveilles de la technologie smartphonienne qui font que maintenant, n'importe qui peut s'improviser caméraman...), c'est quelque chose...:D

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  3. Cette couverture m'attire irrésistiblement.

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    1. J'avoue que c'est ce qui a attiré mon oeil en premier lieu. Ex-aequo avec le titre.:)

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