lundi 25 février 2013

THIS PERFECT DAY


THIS PERFECT DAY

( UN BONHEUR INSOUTENABLE )

Vivre dans une société parfaite serait-il en réalité un enfer ?

Ce roman d'Ira Levin s'ouvre sur un monde dans lequel règnent paix, bonheur et santé pour tous. Une image idyllique en soi, mais en creusant la surface de cette société en apparence idéale, on se rend compte que les hommes vivent finalement comme des robots, sans conscience réelle de ce cadeau qu'est la vie, suivant des consignes et des règles élaborées pour le bien et le bon fonctionnement de la communauté, la Famille, comme elle est désignée ici.

La liberté de choisir ce que l'on fait de nos vies, quitte à en assumer les risques et conséquences, ce qui donne un sens à nos vies finalement, a tout simplement été éradiqué de ce monde, mais de façon tellement subtile que personne n'en est conscient. Pour ceux qu'un éclair de lucidité traverse l'espace d'un instant, l'idée de ne pouvoir être maître de sa vie devient petit à petit insupportable.

La thématique est intéressante, le propos également, j'avais toutefois une impression de déjà-vu dans cette contre-utopie assez classique, ce qui a un peu miné mon plaisir de lecture.
Ce roman a été publié en 1970 cela dit, donc si impression de déjà-vu il y a, c'est plutôt dans les romans postérieurs dont les intrigues se développent autour de cette idée de société parfaite organisée de façon optimale, où les maladies ne sont plus des fatalités, où la beauté physique tendant à la perfection est à portée de tous, et où chacun, tels les fourmis ou les abeilles, a son rôle bien déterminé dans la société, sans remettre en question son existence en tant qu'être humain à part entière, avec ses rêves et ses projets personnels qui l'épanouiraient en tant qu'individu.

Mais quel serait le monde parfait ? Qu'est-ce qui assurerait le bonheur de l'homme ?
Ce récit suscite beaucoup de réflexions sur le sens de la vie quelque part, et sur le type de société dans lequel il ferait bon vivre.
Doit-on accepter que d'autres décident à notre place de ce qui nous rendrait heureux, ou se battre pour notre liberté de disposer de nos vies comme on l'entend ?
J'ai aimé la partie du récit où l'auteur décrit cet autre monde qui justement a opté pour sa liberté de choix et qui n'est pas forcément plus idyllique (liberté certes, mais violence,  inégalités sociales, maladies, et alcool pour supporter le quotidien... une société qui survit plus qu'elle ne vit en fin de compte...)

J'ai trouvé le récit plutôt bien développé, malgré quelques impressions de longueur vers le milieu, avec une fin satisfaisante, même si l'avant-fin m'a un peu fait tiquer.
Ce qui m'a un peu déçue aussi, c'est que je n'ai pas eu tant de surprises que ça. On n'est pas dans le vrai palpitant, tout se suit de façon linéaire sans vrai suspense, sauf peut-être à la toute fin où on ne sait pas trop quel sera le choix de l'auteur quant au sort du personnage principal, et surtout, l'avenir de cette Famille.

Le titre français est vraiment bien trouvé à mon sens, il résume parfaitement tout.

Lecture commune avec Loo et Keisha.

14 commentaires:

  1. J'étais dans l'attente de ton billet, toi qui lis quand même plus de SF que moi (enfin, en ce moment, parce que dans le temps, quand tu étais encore petite, j'en ai lu pas mal)(Le meilleur des mondes, 1984, les Asimov, etc, d'ailleurs tu vois chez moi une partie de la PAL de l'époque)
    Linéaire, oui. Mais bon, pas un style fracassant. Tu verras sur mon billet que je me suis livrée à une petite expérience de lecture supplémentaire pour en avoir le coeur net.
    Cela se lit bien, cependant, c'est bien fait, mais il manque un p'tit quelque chose pour emporter mon adhésion. La fin est bizarre, ou la pré fin, comme tu dis.
    Dans un billet sur ce livre, j'ai lu "roman pour ados" et finalement, why not?
    Ceci étant, pour l'époque, pas mal du tout. J'ignore comment les lecteurs ont réagi.
    De plus je ne suis pas sure que ma traduction était au top. "C'est de première", ça ne se dit plus? Cela s'est dit?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Disons que la force de ce récit, même s'il ne brille pas d'un style original ou particulièrement savoureux, c'est qu'il est sobre mais le message passe de façon efficace. Je m'en suis rendue compte en rédigeant mon billet en fait. Sur le coup, à la lecture, j'avais l'impression de déjà-vu et d'histoire un peu fade, mais quand je pense à toutes les questions que ce récit en apparence très simple soulèvent, je me dis qu'il est bien plus riche et profond qu'il n'y paraît.
      Oui, pour moi, la "pré-fin" avait un petit côté James Bond désuet avec le méchant type contre le héros, ça m'a fait bizarre. Quant au côté "romans pour ado", disons qu'il leur est accessible, c'est sûr. On suit bien l'évolution de Chip dès son plus jeune âge jusqu'à l'université, en passant par la période ado, donc oui, ça se tient. Le premier roman qui m'est venu en tête d'ailleurs quand je parlais de déjà-vu, c'est celui de la série Uglies, très clairement "Young-Adult".
      Bon sinon je lis pas mal de SF mais je suis loin d'être experte. Beaucoup de lacunes encore si je me réfère aux incontournables du genre (Stephen Baxter, Greg Bear, Lois McMaster Bujold (tiens elle, si une LC te dit ;)), Arthur C Clarke, Gibson, Van Vogt, Vernor Vinge, et j'en passe - enfin, déjà, objectif finir le Philip José Farmer...), et j'en lis finalement peu comparativement au reste.

      Supprimer
  2. En effet, il faut le remettre dans son contexte : on lit beaucoup de dystopies de nos jours, mais celle-ci est antérieure. Tous les ingrédients y sont, c'est un texte qui à mes yeux se place comme modèle du genre, même si le temps a passé depuis.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Chaque époque a ses désenchantements auxquels les thématiques explorées dans ces dystopies font écho, quelle que soit l'époque où elles ont été écrites. C'est un genre qui ne vieillira et ne lassera jamais vraiment, je pense, et effectivement, ce roman se pose en modèle du genre.

      Supprimer
  3. Bujold? Connais pas (une femme, ça peut être intéressant)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui, justement, c'est ce qui m'a toujours intriguée chez elle. Il n'y a pas tant de femmes écrivain de SF et sa saga Miles Vorkosigan est assez réputée. Bon, voilà, après, le problème, c'est que c'est une saga...:) Mais si la lecture du tome 1 te tente, fais-moi signe. Le titre c'est Opération Cay.:D

      Supprimer
  4. A lire les précédents commentaires je pense que notre différence de perception vient peut-être du fait que je l'ai lu il y a longtemps (je me répète, je me répète) et puis comme je n'ai pas lu 1984 et autres sur le même sujet je n'ai pas du tout eu cette impression de déjà vu. J'ai trouvé que la fin du roman aurait pu être avant comme après. Il en fallait une mais on a l'impression que Copeau n'est déjà plus présent. Suis-je claire ???

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui, je vois ce que tu veux dire.:)
      Et en effet, le fait d'avoir lu déjà quelques (pas tant que ça) dystopies joue très certainement dans notre appréciation de l'intrigue, voire du style (mais le style ne m'a pas dérangée personnellement). Et puis c'est assez en vogue ces thématiques de mondes désenchantés finalement, pas seulement dans les romans (en particulier pour ado), mais également dans les films, du coup l'impression de sujet remâché est encore plus forte.
      Cela dit, ce roman est une référence dans le genre, et je ne regrette pas cette découverte.
      Et maintenant, à notre roman historique!:)

      Supprimer
  5. J'étais en pédale douce ces derniers temps. Je vais pouvoir me remettre à mes recherches.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. No soucy. J'ai commencé à mettre mon radar en marche = je ne cherche pas vraiment mais je reste attentive à tout ce qui se présente à moi côté romans historiques via blog, bib', librairie, boulot même, mais rien ne m'a encore vraiment convaincue.

      Supprimer
  6. J'ai éventuellement Le don du roi de Rose Tremain que je viens de retrouver sur mes étagères. Ca ce passe en Angleterre avec Charles II au 17e siècle. Les critiques semblent bonnes.
    ??????

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Comme je compte lire un gros classique victorien cette année, j'aimerais un autre univers que l'Angleterre pour le roman historique (si possible :D). Sinon j'ai en tête Fortune de France de Robert Merle que j'aimerais lire depuis un sacré moment mais comme c'est une série en 13 volumes, j'ai peur de m'embarquer...:)

      Supprimer
  7. Voilà un livre qui pourrait me plaire. En tout cas, sujet et pitch me tentent bien. Et j'encours moins le risque du déjà vu puisque je ne lis généralement pas ce type de livre !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ce serait intéressant d'avoir ton avis dessus, oui, et il y a vraiment du bon côté dystopies et romans d'anticipation. Un genre à ne pas négliger à mon sens, même si on en ressort rarement l'humeur au beau fixe.

      Supprimer

Merci pour votre petit mot. Les commentaires sont modérés par défaut, mais j'y réponds toujours.