dimanche 11 octobre 2015

ON A MARCHÉ DANS PYONGYANG


ON A MARCHÉ DANS PYONGYANG

Pyongyang + vécu + récit d'un séjour d'un an en Corée du Nord + famille française + Ginkgo = fatal = irrésistible = pour moi = f*** the PAL !
Repéré chez Keisha, quasi aussitôt emprunté, merci ! :-)

Ma première impression un peu négative toutefois, c'était que j'avais affaire là à... comment dire... un regard très français, très critique, jamais satisfait, ronchon. J'ai un peu de mal avec les voyageurs de ce genre, qui cherchent le dépaysement, ou croient le chercher, se disent ouverts, réalisent bien leur "chance", et au final, n'acceptent pas d'être dans un autre pays. Ils veulent que les choses fonctionnent à leur manière, selon leurs repères, se plaignent et se moquent de tout. Et ce sont des moqueries parfois pas sympa, méchantes même quand ça touche aux gens, à la limite du racisme.
Pour leur défense, ils sont comme ça pour tout, pas uniquement avec les Coréens. C'est d'ailleurs une forme de cynisme très français, cette façon de se croire au-dessus de tout, même si parfois perce la dérision.

"-[...] tu mets trois Français avec un peu d'alcool et de la bouffe. Ils font quoi ? Ils parlent fort, se sentent supérieurs et se marrent.
- On est vraiment des dégénérés de capitalistes !
- Et putain, c'est bon !
- Ils ont qu'à rendre ça plus sexy aussi, leur communisme."

Très agaçant donc en cours de lecture cette vision de la Corée du nord sous ce regard très français. J'ai moins eu l'impression de découvrir le pays et ses habitants que la frustration de cette famille. J'ai toutefois fini par trouver ce couple assez drôle, d'abord parce qu'ils ont une bonne dose de dérision, et ensuite parce qu'on sent qu'ils sont tout de même conscients que les mots dépassent parfois leurs pensées mais c'est plus fort qu'eux et c'est parfaitement assumé. En même temps, tout cela en dit long aussi sur le pays et la façon dont on peut s'y sentir en tant qu'étranger.

Un bon point d'ailleurs justement pour l'honnêteté de leur regard et de leurs impressions sur ce pays, sur leurs attentes et leurs déceptions, sur leur agacement, leurs frustrations, leur émerveillement aussi, car il n'y a pas que des moments grognon durant leur séjour. Ils ne cherchent pas forcément le beau rôle ni à se voiler la face. Il faut dire que ça ne semble pas évident du tout d'être expat en Corée du nord et que le pays semble pouvoir vaincre toute velléité de bienveillance. On peut alors comprendre leur agacement, leur fatigue, ce sentiment d'étouffer, le décalage culturel, le gouffre même. Énorme !

Dommage que je n'ai pas assez d'exemples ou de témoignages d'étrangers en Corée du nord, à part la BD de Delisle, car il est finalement difficile d'apprécier la réalité d'un pays pour un étranger à travers seulement un ou deux points de vue.

J'ai été très surprise de découvrir en cours de lecture que ce roman est un récit à quatre mains et qu'Abel Meiers est en réalité un pseudo pour ce couple qui a séjourné en Corée du nord. À travers le style et la voix, j'étais convaincue que l'auteur était un homme !

Intègre le 

20 commentaires:

  1. intéressant, mais pourquoi sont-il en Corée du Nord ? Je pose la question parce que ce n'est pas une destination habituelle rares sont ceux qui s'expatrient en Corée du Nord.
    Très différents mais intéressant il y a un manhwa, "le visiteur du sud" qui retrace l'expérience d'un Coréen du sud qui travaille au nord

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    1. Ah oui, je l'ai lu "Le visiteur du sud", le tome 1 du moins. Ça remonte un peu mais j'en garde un excellent souvenir. Très intéressant en effet comme point de vue et très différent, forcément. Le tome 2 m'attend dans ma PAL, je ne devrais pas trop tarder à m'y plonger.
      Quant à notre famille, elle se retrouve en Corée du nord parce que l'opportunité d'un poste d'ingénieur agronome (si je me souviens bien) s'est présentée pour le mari et qu'il s'est dit, pourquoi pas? Un choix qui se comprend, les occasions d'y aller en simple touriste étant inexistantes et il faut l'admettre, ce pays fascine justement parce que c'est un peu l'inconnu/le méconnu.

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  2. Ce n'est en effet pas le vrai nom du (des) narrateur(s). Je n'ai pas le même ressenti, j'ai tout de suite pensé que c'était du second degré (et peut être même douzième degré) cette façon de râler. Faudrait qu'un jour je voie l'auteur.
    Figure toi que j'aurais pu demander à l'éditeur si j'avais su! Hier aux RV de l'histoire j'ai fait un arrêt au stand ginkgo , j'étais avec une blogueuse à qui je prêterai des ginkgo aussi ^_^ Oui, tu la connais...

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    1. Tu parles de Sandrine ? Tu devrais lui passer "Le placard".;-)
      Bon, chais pas s'il faut le prendre à quel degré, j'ai trouvé qu'ils avaient beaucoup d'humour et de dérision mais des fois c'était limite pour moi, un peu trop moqueur, jusqu'à frôler l'irrévérencieux. D'ailleurs ils l'admettent bien dans l'extrait que j'ai mis, ce côté "français" très agaçant.;-) Après je comprends qu'ils aient pu être à bout à certains moments, qu'eux-mêmes aient pu être agacés par certains aspects de leur expériences, par certains locaux, par le système qu'ils sont obligés de subir dans une certaine mesure, mais voilà, je me suis demandé par moment quelles étaient leurs attentes de ce pays, ce qu'ils avaient espéré y trouver. Après, encore une fois, je le souligne, ce qui peut être appréciable dans ce récit, c'est justement cette franchise et leur honnêteté dans leur ressenti et dans la narration de leur expérience, en ne se donnant pas forcément le bon rôle dans l'histoire.

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    2. Bon, oui, ils ne se censurent pas!
      Oui, Sandrine. On a noté Le gouefflec (génial) et le grec SF, tu sais, mais le coréen, oui, oui! j'allais oublier
      Sinon, connais tu cela? https://bookerdose.wordpress.com/2015/10/14/dr-frost-de-jong-beom-lee/

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    3. Nan mais aargh, PAL+1 !! Et il faut que je m'achète une tablette ! Ou qu'on m'en offre une, haha ! Figure-toi que les bibliothèques de Paris proposent maintenant les prêts de ebooks (plein de titres sympas déjà repérés), mais leur format n'est pas compatible avec le Kindle (en clair, compatible avec tout - tablettes, liseuses diverses, dont Kobo - sauf Kindle, arf). Bref...
      Oui, je pensais au Placard pour Sandrine vu qu'elle participe au challenge coréen et que je pense que ce titre lui plaira.:-)

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  3. Merci A Girl, chouette découverte, je le note pour le challenge et si l'occasion se présente, je le lirai ! Bonne semaine.

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    1. Je serais très curieuse de ton avis ! C'est un récit qui vaut forcément le détour pour la rareté de ce type de témoignage au coeur de la Corée du nord.

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  4. J'allais poser la même question que Bidib: comment ont-ils atterri là-bas?
    La thématique me tente, bien sûr, mais tes réserves me font un peu hésiter. Ayant encore à découvrir le Delisle, je pense que je vais commencer par là...

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    1. Le mari y est allé dans le cadre d'une mission d'expertise dans le domaine agricole, le reste de la famille a suivi. Il aurait pu aller en Côte d'Ivoire, il a choisi la Corée du nord. Tant mieux pour nous je dirais car malgré mes réserves, ça reste quand même un témoignage en or sur ce qui se trame dans ce pays.;-) Ils citent beaucoup Delisle, tu peux en effet commencer par là.;-)

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  5. Il faut vraiment espérer que ce soit du second degré (voire plus) mais bon c'est typiquement le genre de réflexions qu'on peut entendre. Les Français passent pour des touristes irrespectueux , arrogants et mal élevés, ce n'est pas nouveau. Je ne sais pas si je serai tentée, si ce sont des gros "beaufs" c'est étonnant comme destination, généralement, ceux là vont plutôt en Thailande...Le projet de voyage aurait été intéressant à connaître. Tu es moins enthousiaste que Keisha.

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    1. Nonon, pas des gros "beaufs" du tout, pas ceux du type Thaïlande (haha) (rhoo me voilà méchante à mon tour) Non, ce sont des gens qui m'ont paru intéressants, ouverts sur le monde, avec l'envie d'aller à la rencontre de l'autre, engagés quand même dans des projets d'aide à l'international, mais voilà, quand même typiquement... oui... un peu tout ce que tu dis.;-)
      Disons qu'ici, il y a tout de même un contexte qui justifierait leurs agacements épisodiques. Ce n'est pas non plus comme des touristes à Bali dont on pourrait penser, "mais de quoi ils se plaignent ?";-)
      Moins enthousiaste que Keisha, oui, mais je ne regrette pas cette lecture tout de même culturellement très instructive et étonnante.

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  6. Mouais, tes bémols sont tellement justifiés... Franchement, je ne lève même pas le bouclier sur ce coup-là (oui, moi aussi je m'en suis acheté un récemment :p ).

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    1. Après, Keisha y voit du second degré (voire plus). Moi ça m'a quand même fortement turlupiné en cours de lecture, donc je ne pouvais pas omettre ce sentiment de malaise dans mon ressenti de lecture (pfff, mais tu n'as jamais risqué grand chose chez moi ;-) ).

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  7. Employer le terme d'expat en Corée du Nord. On comprend qu'ils soient déçus. ;-)

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    1. :-D En même temps, quel autre terme ? Migrant ? ;-)

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  8. Je resterai donc sur mon impression Delisle à propos de la Corée du Nord.

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    1. Il s'y réfèrent souvent d'ailleurs. Il faut dire qu'il n'y a pas masse de littérature sur la Corée du nord donc si tu es un peu curieuse sur le pays, il faut en passer par là.;-)

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  9. Regard très Français ... mais l'auteur est italien ;-)

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    1. Tiens ? D'où tenez-vous cette certitude ?

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