lundi 23 novembre 2015

THE WELL OF LONELINESS


THE WELL OF LONELINESS

( LE PUITS DE SOLITUDE )

Dans la littérature, il y a des histoires d'amour légendaires, mythiques et formidables qui auront fait couler de l'encre. Je pense comme ça tout de suite à Roméo et Juliette, Tristan & Iseut, César et Cléopâtre, et j'en passe (car finalement les histoires d'amour et moi...).
Il y a aussi des romans terribles, bouleversants, qui soulignent la bêtise humaine et l'absurdité d'un monde en dénonçant les inégalités et les injustices raciales.
Et puis il y a Le Puits de Solitude, véritable plaidoyer en faveur de l'homosexualité, roman dont je n'avais pas entendu parler avant cette année, écrit par la romancière britannique Radclyffe Hall et publié en 1928. Un roman qualifié lesbien, objet de censure en Angleterre à sa sortie. 

Pour moi, et surtout à la lumière de la fin, et j'en suis encore comme deux ronds de flan de réaliser que je vais l'écrire, c'est une des plus formidables histoires d'amour de tous les temps, un récit unique en son genre, une histoire déchirante sans verser dans le pathos (dieu sait si je déteste ça).
C'est un récit intemporel, intemporel dans sa réflexion sur la condition et le traitement des homosexuels, même si aujourd'hui, beaucoup de choses ont évolué et qu'il y a plus de tolérance et d'ouverture à leur encontre. C'est un peu comme ces débats sur les inégalités homme/femme, Noirs/Blancs, il règne encore une certaine hypocrisie sur le sujet. Le monde, les mentalités n'ont pas tant changé finalement, malgré de grandes avancées.

Roman surprenant, audacieux, secouant, intéressant ! Je l'ai trouvé d'autant plus formidable qu'il est comme le témoignage d'une époque, fin 19è, début 20è, à travers les yeux d'une "invertie", et qu'il en dépeint avec précision les moeurs sociales. J'ai adoré voir l'évolution de cette époque aussi, les premières voitures, le Paris du début du 20è siècle (une bonne partie du récit s'y déroule), avec un bon aperçu de sa vie mondaine.

Radclyffe Hall est une romancière qui force l'admiration et qui m'a donné envie de lire d'autres de ses ouvrages. J'ai été épatée de la justesse et de la finesse avec lesquelles elle décrit les rapports humains et les sentiments, que ce soit dans les relations parentales et parents-enfant (incroyable père !) que dans celles de Stephen, l'héroïne du roman, avec le reste de son entourage, homme ou femme. J'en ai marqués et surlignés des passages !

J'ai ressenti malgré tout quelques longueurs, notamment l'après-guerre où les événements me captivaient moins, mais vraiment, à la lumière du début et de la fin, et des 4/5 du livre, c'est peccadille.
C'est un roman épatant parce qu'il n'est pas dans la revendication. Il parle de choses universelles, ce à quoi tend tout être humain, l'amour tout simplement, et pour que je m'en épate et que je m'en émeuve (moi qui frémis à la seule vision de ce mot), c'est qu'on touche au vrai et que l'auteure en parle rudement bien. Rien de démonstratif, rien de hargneux, rien de sulfureux, rien de physique, pas platonique pour un sou non plus, on est dans les sentiments vrais, loin du pathos et de tout le gnangnan, et c'est ça que j'ai trouvé bouleversant. 

Bouleversant d'avoir pu côtoyer de près ce personnage, me retrouver dans sa tête, avoir la possibilité de la comprendre et mieux comprendre ses pairs, si je puis dire, cette minorité incomprise et méprisée. Dans ce roman, le personnage central, Stephen Gordon, est écrivain, et la plume est sa seule arme contre ce monde qui rejette les gens de son genre. On comprend que l'auteure elle-même est passée par là et que ce roman est comme son va-tout. Mais qu'elle a eu raison de l'écrire et comme je souhaite qu'il soit davantage lu !

Ce roman, c'est plusieurs claques ! Un incontournable pour moi !
C'est fou comme ces romans jugés scandaleux à une époque peuvent sonner aujourd'hui incroyablement modernes, voire éclairés, voire en avance même sur notre temps.
Une expérience de lecture unique que je recommande chaudement !

LC avec Keisha.

L'auteure
Née en 1880 à Bournemouth dans le Dorset, Radclyffe Hall (née Marguerite Radclyffe Hall) est un écrivain qui a jeté les bases du mouvement des droits des homosexuels et bisexuels. À son époque, elle était un personnage controversé pour son style de vie ouvertement lesbien et pour son roman Le Puits de Solitude, paru en 1928. Ce dernier fait scandale pour son sujet. Interdit en Angleterre, malgré le soutien entre autres de Virginia Woolf, E.M. Forster et Vita Sackville-West, il se vend à un million d'exemplaires aux États-Unis entre 1928 et 1943.

Intègre  

16 commentaires:

  1. Jamais entendu parler ni de l'auteur, ni du roman qui soulève tant d'enthousiasme. Que ferait-on sans les blogs littéraires ? On lirait tous les mêmes livres ! Merci pour cette belle suggestion.

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    1. Je l'ai découvert grâce à une collègue à qui une libraire l'avait recommandé (voir plus sur la genèse de mon intérêt pour ce livre chez Keisha ;-)) et j'ai tout de suite été intriguée par la singularité de ce roman, écrit au début du 20è siècle par une Britannique et censuré en Angleterre pour son sujet. Je n'en avais pas entendu parler non plus auparavant mais j'étais très curieuse du traitement de cette thématique dans le contexte des années 20.
      Je suis ravie ravie ravie de cette lecture, c'est une de mes plus belles découvertes de l'année ! J'espère que le relais sur les blogs le fera davantage connaître et lire (surtout), mais a priori, le bouche à oreille est très efficace aussi.;-)

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  2. Hé bé! Il aurait été dommage qu'on ne lise pas ce roman, c'est exact! (j'espère que tu en as parlé à ta collègue). Oui, je suis d'accord pour l'histoire d'amour (ah tu as vu la fin!), et avec ce que tu dis et comment tu le dis, de plus c'est un écrivain qui mérite d'être connu. Sensibilité sans mièvrerie, oh que c'est beau! Mes préventions a priori sur le style sont tombées à la première page...

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    1. Oh oui, j'en ai parlé à ma collègue en la remerciant pour cette découverte et en lui demandant sur quelles autres pépites elle était tombée dernièrement (oui, dans certains cas, ça vaut vraiment le coup de menacer l'équilibre de sa PAL^^). J'adore ce genre de découverte surprise, inattendue ! Un peu comme notre LC du Mur.;-)
      Je ne craignais pas trop pour le style car elle l'avait validé mais j'avoue que j'avais un peu peur de l'intrigue et de ce qu'on risquait d'y trouver. Je craignais du mièvre, du sulfureux, des détails dont je me serais passée. Rien de tout ça ! Juste une histoire émouvante, secouante, surprenante, qui vous hante pour un moment. Mais tu le sais, tu l'as lu, et je m'épanche déjà assez dans mon billet.;-)
      Superbe LC en tout cas ! Merci de m'avoir accompagnée dans cette aventure quelque peu risquée.;-)

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    2. Ni mièvre ni sulfureux... Et des échappées sur la beauté de la nature... (quasiment poétiques, franchement, ça a passé, alors que d'ordinaire...)

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    3. Oui, je suis bien d'accord. Même l'aspect nature writing (mais c'était léger, ça s'intégrait bien au récit) coulait tout seul pour moi, de façon naturelle (c'est le cas de le dire haha).

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  3. J'ai lu ce roman en 2006 et je m'en souviens encore très bien, une très belle découverte, une lecture passionnante, Il est et restera je crois dans mon top des livres que j'ai préféré, et qui auront changé quelque chose en moi.

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    1. Aaaah ! Tu confirmes ! Oui, je crois que dans 9 ans, je me souviendrai encore de cette lecture et que ce livre restera parmi mes incontournables. C'est vraiment un roman multi-claques ! J'en connais très très peu qui marquent aussi fort.

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  4. Quel enthousiasme ! Bon, bah je le note, obligée après avoir lu ton billet !

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    1. Ah oui alors là, je tiens absolument à ce que tu le lises ! Je serais vraiment curieuse de ton avis sur ce livre !

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  5. Et bien, quel enthousiasme ! Impossible de ne pas le noter après t'avoir lue. Par contre il n'est pas dans le fonds de la médiathèque, je vais essayer de le trouver d'occasion.

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    1. Si tu le trouves, je serais très très curieuse de ton avis ! Pour l'instant, je n'ai eu que des échos de lectrices. Moi qui pensais que l'homosexualité féminine était un sujet qui pouvait intéresser les hommes haha ! Mais bon, tellement rien à voir avec des scènes du "mardi, c'est permis". ;-)

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  6. Wowo, ça si c'est pas du coup de coeur je ne m'y connais pas. Je ne suis pas du tout branchée histoire d'amour non plus, mais je te fais confiance pour que j'y trouve d'autres intérêts (rien qu'une peinture du XXe siècle peut suffire à me convaincre)
    Noté (en VF par contre...en espérant que la traduction soit à a hauteur de ton enthousiasme. )

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    1. Oui oui, coup de coeur là, un gros 5 étoiles ! En fait, ce que je n'aime pas dans les histoires d'amour, en fiction en tout cas, c'est que souvent ça frôle le mièvre et le cliché. Ici on en est loin et surtout, c'est une histoire qui suscite beaucoup de réflexions, qui interroge, et ça, ça m'a beaucoup plu !
      Je serais très très curieuse de te lire au sujet de ce livre !

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  7. IL est dans ma PAL grâce à vous.

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