mercredi 26 juillet 2017

QUAND SORT LA RECLUSE


QUAND SORT LA RECLUSE

Vargas, je ne suis pas particulièrement fan, du genre à me précipiter sur tous ses romans, mais j'avoue que depuis 2 ou 3 romans que je côtoie son commissaire Adamsberg, c'est plutôt avec plaisir que je le retrouve quand l'occasion se présente.
Vargas, c'est plaisant. C'est la sortie sans chichi, sans réfléchir à comment on va s'habiller, sans se demander qui sera parmi les invités. On ne trépigne pas à l'idée de cette soirée mais on est bien content de cette occasion quand même. Ce sera sympa quoiqu'il arrive. Bonne soirée en perspective, pas d'excitation à l'horizon, rien de planplan non plus, juste ce qu'il faut. On s'y rend tranquille, on passe un moment tranquille, on rentre tranquille.

Adamsberg, c'est les retrouvailles avec un ami avec qui on se sent bien. Pas celui avec qui on délire le plus mais on est content de le voir. Lui et sa fine équipe d'ailleurs, Danglard, Veyrenc, Retancourt, et j'en passe.
Des personnalités à l'extrême opposé les unes des autres, avec des caractères bien trempés pour certains, mais qui se complètent et fonctionnent bien ensemble. J'avoue, je me délecte encore plus quand le focus est mis sur l'un ou sur l'autre. Ils sont chacun assez unique en leur genre et c'est assez savoureux, et souvent truculent de les suivre. Ah oui, parce que Vargas sait faire preuve d'humour aussi. C'est léger mais efficace.

Et puis Vargas, il faut l'avouer, elle a de bons dialogues quand même :
"Il composa rapidement le numéro du lieutenant Veyrenc.
- Louis, encore là ?
- Je partais.
- Tu as quelque chose de prévu ?
- Un reste de hachis parmentier.
- C'est toi qui l'a fait ?
- Non, c'est l'industrie.
- Tu dînerais avec moi ? À la Garbure ?
- Tu en appelles au son du terroir ? Tu as besoin de moi ?"

"- Je n'ai pas dit cela. Raconte-moi cette femme qui t'a offert une araignée morte.
- Les hommes offrent bien des manteaux de fourrure. Quelle idée. Imagine-toi serrer dans tes bras une femme qui porte soixante écureuils morts sur le dos.
- Tu vas porter ton araignée sur le dos ?
- Je l'ai déjà sur les épaules, Louis."

... et un style particulièrement agréable, qui se boit comme du petit lait. Ça passe tout seul et pour un peu, on ronronnerait.
Et puis, il y a des moments de poésie dans Vargas, comme cette brigade affairée autour d'oiseaux qui ont élu domicile près du commissariat. D'ailleurs, toute cette équipe, c'est tout un poème quand on y pense bien, Adamsberg en premier. Je me suis laissée charmer en tout cas.^^

Quid de l'intrigue dans tout ça ? Pour moi, elle est un peu secondaire. Disons que je me rends compte que je lis davantage Vargas pour me régaler de la compagnie d'Adamsberg et de son équipe que pour savoir à tout prix qui est l'assassin de l'histoire. Certes, la dame sait y faire, et très vite, on se retrouve plongé et impliqué dans l'affaire en cours mais c'est loin d'être terrassant et ce sont vraiment les relations entre les membres de l'équipe et l'évolution de leurs histoires en cours d'enquête qui, pour moi, font le sel de cette intrigue. Et pourtant, cette dernière ne manque pas d'intérêt ni d'imagination, ni de rebondissements. Bon, on n'est pas non plus dans le polar palpitant, action à chaque page. On est plus dans des histoires d'hommes et de femmes, dans la vie concrète, avec tout ce qu'elle peut avoir de sordide, mais de touchant aussi, et c'est peut-être ça qui me plaît bien chez Vargas.
J'ai bien aimé en tout cas comment a été menée cette enquête autour de la thématique de la recluse, au développement et au dénouement plus complexe que le début ne le laissait entendre. C'était peut-être un peu trop tragique dans le fond pour que j'en ressorte ragaillardie, ceci dit.

Mon petit bémol, c'est que par moment, j'ai trouvé qu'il y avait quelques longueurs. Avec Adamsberg, il ne faut pas être pressé. Cest un peu un contemplatif (mais pas barbant), il laisse venir, et quand il réfléchit, ça peut prendre du temps et l'intrigue peut s'embourber dans des "bulles" et des considérations capillotractées. J'ai trouvé aussi qu'il y avait un procédé assez répétitif dans la tournure des dialogues qui, de charmants, ont fini par me lasser un peu.

Un bon Vargas malgré tout, agréable en bouche tête, qui remplit bien son office de bon polar divertissant +++.

20 commentaires:

  1. Mon mari vient de le lire, en une journée (en vacances, il lit un pavé par jour, du policier ou du roman noir essentiellement), ça me dégoutte un peu : moi, vacances ou pas vacances, je suis toujours un escargot à maxi 250 pages par jour...). Bref, il a apprécié, ne s'attachant pas non plus beaucoup à l'intrigue car il semblerait qu'il y a quelques coïncidences et conclusions trop bienvenues. Mais il n'arrive pas à s'enlever de l'esprit qu'il a déjà lu ça quelque part... depuis, il cherche où dans les méandres de sa mémoire...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Escargot à 250 pages par jour ? Ah non, c'est plutôt un rythme sportif ça. Enfin, à mon échelle.^^ Je dois être à 50 pages par jour, haha, et en plus, j'estime que je lis vite, ahahaha ! 100 pages max, disons, suivant la taille de police et les interlignes, et le temps que je consacre à la lecture dans la journée (en semaine déjà, je ne lis que dans les transports).
      Bref, d'accord avec ton mari pour les quelques coïncidences et facilités d'auteur mais ça glisse bien, ça passerait presque inaperçu.:-) Je suis bien curieuse de savoir à quelle autre histoire ce roman lui a fait penser. Si jamais il la retrouve, tiens-moi au courant !

      Supprimer
  2. Je rigole parce que là, juste hier soir, je viens de terminer mon quatrième Vargas en peu de temps. J'avais du retard, là maintenant il m'en manque deux , les derniers, autant te dire que la recluse, elle se balade chez des lecteurs autres (mais je l'aurai un jour)
    Tu résumes parfaitement ce qui fait le sel de Vargas, dont on peut lire 4 bouquins d'affilée sans faiblir, c'est un signe!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Quelle coïncidence, oui ! Et en plus, maintenant tu as presque de l'avance sur moi car tu en as lus bien plus que moi parmi ses premiers Adamsberg. Quatre d'affilée en plus ! On peut dire que tu as plutôt bien accroché.:-) Je regrette un peu de ne pas les avoir lus dans l'ordre, pour voir l'évolution des personnages. Là je suis plus familiarisée avec l'univers Adamsberg des derniers titres que du tout début.

      Supprimer
  3. J'aime beaucoup cette note, oui il y a des auteurs que l'on retrouve avec cette confortable sensation que l'on ne sera jamais vraiment déçu, et que l'on ne se prendra pas la tête...
    Quant à Vargas, j'avais beaucoup aimé, à sa sortie, son 1e titre (Pars vite et reviens tard), puis une autre tentative, complètement ratée (avec un titre comportant "foi" et "loi" si je me souviens bien ...) m'a coupé l'envie de persévérer !!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Hmmm... Ça ne me dit rien, ce titre. Le plus approchant serait "Sans feu ni lieu" mais il ne fait pas partie de la série Adamsberg. Peut-être qu'elle y a exploré un autre style, un autre univers, moins réussis. Ça vaut le coup de redonner sa chance à Adamsberg du coup, non ? D'autant plus qu'il paraîtrait qu'au fur et à mesure des tomes, son univers se bonifie et les personnages deviennent plus intéressants à suivre. Je garde un bon souvenir de "Pars vite et reviens tard" mais j'ai trouvé ses deux derniers particulièrement savoureux.

      Supprimer
  4. Vargas, pour moi c'est un régal ! J'aime de plus en plus sa plume, son univers, et comme toi je m'attache plus aux personnages qu'à l'intrigue. J'ai trouvé cet opus très réussi, je n'y ai vu aucune longueur pour ma part, mais je l'ai lu très vite.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'avoue que pour moi aussi, ça commence à devenir un vrai plaisir de plonger dans Vargas, et comme toi, je trouve sa plume, ses personnages et son univers de plus en plus savoureux et réussis. Bon, je reste sur mes petites réserves mais ça reste en effet un bon polar particulièrement plaisant.

      Supprimer
  5. J'adore comme tu présentes la série avant d'aborder cet épisode bien précis. Je ne pourrais pas mieu dire : Adamsberg est mon ami de papier aussi... (Pour le rest j'ai lu en diagonale, je n'ai pas encore lu ce titre.)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Normalement je ne dévoile rien mais je suis comme toi. Parfois, je préfère ne vraiment rien savoir.^^
      "Ami de papier". Quelle jolie formulation ! Je la reprendrai peut-être au prochain Vargas.;-)

      Supprimer
  6. Voilà une auteure que j'ai peu lue jusqu'à présent, mais il faut dire que je la vois rarement dans les rayons des librairies...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ah ? Sa recluse est pourtant bien visible en ce moment.:-) Mais c'est vrai qu'il y a tant de polars de plutôt bonne facture mis en avant qu'on ne repère pas tout.

      Supprimer
  7. Comme toi, j'ai mis du temps à apprécier Vargas... mais on sait ce que l'on y trouve comme tu l'écris si bien.
    J'ai encore Temps Glaciaires dans ma PAL avant de pouvoir envisager d'autres titres de Vargas !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oh ! Temps glaciaires, c'est un de mes Vargas préférés ! Enfin, je ne les ai pas tous lus mais j'ai trouvé que c'était vraiment un très bon cru. Tu m'en diras des nouvelles !;-)

      Supprimer
  8. Je n'ai lu qu'un seul Vargas il y a plusieurs années "Pars vite et reviens tard" et je ne me souviens plus de cette lecture. J'oublie aussi si j'avais aimé ou non, quoi qu'il en soit je n'y suis jamais revenue. Peut-être un jour, mais j'ai tant d'auteurs encore à découvrir :D
    Une lecture qui fait du bien si je comprends bien, une lecture d'été...
    Big Bisoussssssssssss
    SMACK!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ah ! Je l'ai lu celui-là et je ne m'en souviens pas dans les détails mais j'avais trouvé ça plutôt pas mal dans l'ensemble.
      Une lecture d'été si on veut, oui. Surtout un bon petit polar bien plaisant, idéal pour les envies de lecture détente avec un peu plus de corps quand même que les lectures de plage typiques.;-)
      En parlant de plage et d'été, en ce moment ici, c'est plutôt l'automne.:-(
      Smack smack, bisouuuuuus !

      Supprimer
  9. Tu parles très bien de cette série, j'adhère complétement à cette impression de rentrer dans un univers confortable où l'intrigue est finalement secondaire, ou presque, et où les personnages et leur évolution font qu'ils deviennent des "amis de papier". Adamsberg m'a longtemps énervé, je préférai Danglard, maintenant, c'est l'inverse, j'évolue avec eux, quoi ! Il faut pas que je lis tout Vargas, dépuis le début et dans l'ordre, et contrairement à toi, je me précipite sur le dernier titre paru ! L'agrandissement du bestiaire est aussi une de ses variables de l'intrigue qui m'amuse beaucoup.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui, tu as raison ! On évolue avec les personnages, c'est ce qui est intéressant aussi avec cette série ! En y réfléchissant bien, je crois que c'est une des rares séries policières (voire la seule) dont j'ai lu autant de tomes (même si ça reste peu sur l'ensemble). C'est que je dois être bien plus accro que je ne me rends compte.:-) Je reste toutefois assez calme à chaque parution, haha !

      Supprimer
  10. Je n'accroche pas du tout au style de Vargas mais je trouve son commissaire Adamsberg attachant et intéressant .. c'est vraiment dommage.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ah ? J'avais pourtant l'impression que son style était du genre assez fluide et agréable pour plaire à tous. Quoique sur ce tome, j'avais fini par me lasser un peu de son style un peu répétitif dans les effets, il est vrai.^^

      Supprimer

Merci pour votre petit mot. Les commentaires sont modérés par défaut, mais j'y réponds toujours.