mardi 5 février 2019

JE SUIS ENCORE LÀ-BAS


JE SUIS ENCORE LÀ-BAS

Un album sur lequel je suis tombée complètement par hasard à la bib' et qui m'a vite semblé incontournable pour son titre tellement évocateur, sa thématique (le sentiment de déracinement et de décalage culturel dans son propre pays), son lieu d'action (la Corée) et son auteur, Samir Dahmani, français d'origine algérienne. Quel mélange détonnant !

À l'origine, deux auteurs, Samir Dahmani, et Yunbo, jeune Coréenne (compagne de ce dernier). Deux pays, la France et la Corée. Et deux projets qui se font écho, Je ne suis pas d'ici (de Yunbo) et Je suis encore là-bas (de Samir Dahmani). "Le premier évoque les difficultés à s'intégrer dans une société étrangère, le second, celles qu'on a à réapprendre les codes de sa propre culture après avoir vécu ailleurs."

J'aurais aimé les lire à la suite mais je n'ai trouvé que celui-ci dans ma bib'. Ils peuvent de toute façon se lire séparément a priori.

Inutile que je m'étende sur l'intrigue dont l'intérêt véritable est l'exploration du thème de l'expatriation. Thierry Groensteen, historien et théoricien de la bande dessinée, et ancien professeur de Samir Dahmani, précise d'ailleurs en préface que cet album "traite de la Corée, mais il pourrait aussi bien s'agir de n'importe quel pays." Et plus concis que la quatrième de couv, il expose ainsi les principaux sujets de réflexion de ce livre :
"Qui suis-je vraiment ? Quelle est ma place ? Ai-je le droit de m'inventer une vie qui n'obéisse pas aux injonctions de la tradition ? Telles sont les questions que se pose Sujin, l'héroïne de Samir, qui s'en délivre en les confiant à un Français de passage."

J'ai beaucoup aimé cet album auquel j'ai hésité à mettre 5/5 étoiles sur Goodreads.

La thématique du déracinement dans son propre pays est formidablement bien traitée.
On en apprend beaucoup sur la culture coréenne dont l'auteur illustre certains traits en quelques coups de crayon : "la religion du travail, le poids de la famille, l'obsession de l'âge, la hiérarchisation des rapports, la compétition exacerbée."
J'ai aimé la minutie des dialogues qui sonnent vrais, et j'ai trouvé bien vu le code graphique consistant à mettre en noir les textes des personnages parlant en coréen, et en bleu ceux des personnages parlant en français.
Tout avait quelque chose d'authentique, jusqu'au rythme même du récit. Sa scénarisation est juste parfaite.
Un petit bémol pour le graphisme qui n'était pas trop à mon goût mais même là, il y avait un travail artistique indéniable qui suscitait certaines émotions et accompagnait le récit à merveille.

J'ai apprécié aussi que l'auteur évite attention SPOILER l'inévitable idylle qu'il aurait pu y avoir entre le Français et la Coréenne. Ce n'était pas le propos et j'ai apprécié qu'il s'en tienne à une histoire moins convenue de ce point de vue là. D'autres auteurs ne se seraient pas gênés.^^


Il me tarde de mettre la main sur Je ne suis pas d'ici commenté entre autres par Cristie.

L'auteur
Samir Dahmani est né au début des années 1980 à Montbéliard. En 2012, il sort diplômé de l'École européenne supérieurs de l'image (EESI) à Angoulême. L'année suivante, déjà attiré par l'Asie, il séjourne deux mois en Corée du Sud. Il prolongera plus tard son séjour pour suivre un cursus d'apprentissage intensif de la langue et de la culture coréennes. Je suis encore là-bas est son premier roman graphique.

18 commentaires:

  1. Voilà, voilà, quoi. Y'a plus qu'à essayer de trouver ça.
    Pour Chi, au fait, ça existe, les 12, mais je te rappelle le principe, les 12 voyagent, ou pas. Pour l'instant ils ne sont pas à S.

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    1. Ah oui, ce fameux système de prêt auquel je n'ai toujours rien compris.^^^Bon, heureusement qu'il y a beaucoup d'autres livres que tu peux emprunter sans que ce soit compliqué.

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  2. Tu ne te dis pas ça en allant te coucher?

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    1. Ahaha ! Je ne le comptabilise pas celui-là car cet album a été lu il y a bien 3 mois et mon billet était déjà fait quand tu as annoncé la contrainte. Il a failli être publié la veille même.

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  3. Je ne suis pas d'ici m'attirent plus par son graphisme. J'ai vu le billet de cristie et j'aime beaucoup la thématique et le dessin

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    1. Les deux se complètent ou se répondent, il me semble, un peu comme les deux faces d'une pièce de monnaie. Tu ne peux pas lire l'un sans l'autre. Enfin, tu peux^^, mais tu n'auras qu'une vision partielle de cette thématique.

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    2. merci pour ton conseil :-). Veux-tu lire bandi ( la dénonciation ? ). Tu peux me répondre dans contactez l'auteur sur mon site. JE te le donne avec plaisir :-)

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    3. C'est super sympa, merci, mais je l'ai déjà repéré dans ma bib'. J'avoue que, quand c'est possible (et sauf exception), j'évite de rajouter des livres dans ma bibliothèque personnelle car j'en ai déjà à ne plus savoir où les ranger.;-)

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    4. Pas de pb, j'espère que ça te plaira :-)

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    5. Je n'en doute quasiment pas.:-)

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  4. Jamais entendu parler mais c'est super tentant !

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    1. Ça vaut le détour ! J'ai hâte de mettre la main sur l'autre album.

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  5. Je découvre ici, et je note ta référence. Je file voir sur son site si ma médiathèque l'a ;)

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  6. Ce dessinateur a une drôle de façon de représenter le nez. Mais je ne m'arrêterai pas à ça pour le lire

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    1. Ah non mais là c'est un masque !^^ D'une symbolique très forte dans ce récit.

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  7. Le genre de BD que j'adore (parce qu'il apporte de nouvelles connaissances au delà de la distraction). Et manifestement incontournable !

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    1. Oui, les BD, ce n'est pas juste Astérix et compagnie, mais tu le sais bien mieux que moi maintenant.^^

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