lundi 20 janvier 2020

BROADWAY LIMITED - TOME 1


BROADWAY LIMITED

            1. UN DÎNER AVEC CARY GRANT

Malika Ferdjoukh est une auteure de littérature jeunesse dont j'ai toujours été curieuse de l'univers et de l'écriture depuis la parution de Chaque soir à onze heures qui me semblait avoir enthousiasmé nombre de lecteurs. 
Quand je suis tombée, complètement par hasard, sur Un shim sham avec Fred Astaire, le titre du tome 2 de sa série Broadway Limited (qui compte 3 tomes à date), je n'avais (presque) plus qu'une idée en tête, lire ce roman, et découvrir enfin cette auteure ! 
C'est que je danse le swing, plus précisément le lindy hop, depuis bien 6 ans. C'est une danse qui s'est développée à Harlem dans les années 20-30, et le shim sham est une routine qu'on danse régulièrement dans les soirées swing.
Connue donc principalement des initiés, il était pour moi totalement improbable de la voir surgir un jour dans un titre de roman jeunesse contemporain, du coup, cela m'a fortement intriguée et j'en ai fait une obsession !

Pour bien faire les choses, j'ai dû tout de même commencer par le commencement, soit le tome 1 de cette série qui se déroule à New York l'automne 1948. Jocelyn Brouillard, étudiant français de 17 ans, débarque à la pension Giboulée la tête remplie de rêve américain. Ça commence toutefois bien mal pour lui car la pension Giboulée est exclusivement réservée aux jeunes filles et c'est sur un regrettable malentendu sur son prénom à consonance féminine (prononcé à l'anglaise) qu'il y a été accepté. Les choses vont bien vite s'arranger malgré tout et notre Frenchy va pouvoir découvrir la vie tumultueuse à la new-yorkaise au milieu de jeunes pensionnaires américaines qui ambitionnent des grandes carrières de danseuses ou d'actrices.

J'ai trouvé mignonnet la découverte de l'Amérique par un jeune Français à la fin des années 40 de l'angle de vue de l'auteure. Lui débarque tout juste d'un pays qui se relève encore d'une guerre terriblement meurtrière, et le voilà en plein faste new-yorkais, à l'ère du glamour, des beaux acteurs et des belles actrices qui vous mettent des paillettes plein les yeux, du swing, des comédies musicales, et où tout est déjà démesuré.
J'ai été amusée par sa découverte des traditions américaines, Halloween entre autres, mais aussi des Kleenex, ou encore de la pizza, qui n'avaient pas encore franchi l'Atlantique à l'époque. D'un point de vue historique, ces petits détails sont intéressants. L'auteure n'oublie pas non plus d'évoquer les prémices de la Peur rouge où tout militant ou sympathisant communiste est traqué par le gouvernement, et le milieu artistique est loin d'être épargné.
J'ai apprécié aussi les références aux chansons de l'époque, toutes dans la veine jazzy, dont les titres ouvrent chaque chapitre. Pour une fan de musique swing comme moi, c'est comme un clin d'oeil personnel. Ça n'apporte rien d'autre à l'histoire, à part l'ancrer dans une ambiance d'époque, mais c'était très parlant pour moi.

Une bonne base donc à cette intrigue mais...
... et là je passe aux bémols...
J'ai été complètement parasitée par le style que j'ai trouvé terriblement ampoulé et qui aurait gagné à plus de simplicité. L'auteure se fait plaisir, c'est clair, et je n'ai rien contre mais du coup c'est chargé. À chaque phrase (vraiment, sans exagérer !) il y a une métaphore, une comparaison, un effet de style, et à au moins chaque paragraphe, du vocabulaire inusité, comme sorti d'une liste où le défi serait de caser ces mots en cours de récit. Le tout sonne du coup très artificiel, académique, scolaire. Ça m'a un peu rappelé mes impressions à la lecture du tome 1 de La Passe-miroir de Christelle Dabos.

Un extrait :
"Par-dessus l'oreille oblongue de Mr Toresca, Hadley nota que le couple amoureux dansait sur la piste. La jeune femme couchait la joue sur l'épaule de son cavalier. Sa chevelure étale, au blond presque blanc, nappait le smoking d'un orbe pur."

Par ailleurs, quasi tous les personnages (et ils sont bien trop nombreux à suivre, j'avais un mal fou à les distinguer tellement ils se ressemblent tous) sont pétillants, malicieux, frivoles, toujours positifs, de bonne humeur. C'est trop. Ça manque de nuances. Et moi, ça a le don de m'énerver. Et de me laisser en dehors. Même quand ils sont du genre grincheux ou revêche, ils ont quand même un bon fond qui veut nous les rendre sympathiques et attachants. J'ai trouvé aussi le tout bien lisse et cousu de fil blanc. Il y a peut-être l'histoire de Hadley qui a un vague intérêt mais ça reste quand même très fleur bleu.

Je me suis aussi interrogée sur le public cible par rapport aux thématiques et à cette époque précise aux États-Unis. J'ai vu que cette série était recommandée à partir de 13 ans. Quel ado de nos jours s'intéresse à Cary Grant ou Charles Bronson, aux crooners tel Fred Astaire, à des histoires de jeunes filles type pin-up, leurs soucis d'argent, leurs histoires d'amour entre naïves et plus dramatiques, certaines avec des hommes bien plus âgés qu'elles ?
J'avoue que j'ai vraiment eu du mal à situer à qui s'adressait l'auteure. Le style, le ton, est clairement jeunesse (et encore), mais les thématiques me semblent tellement plus "adulte", du coup j'ai eu du mal à y trouver ma place personnellement.

En tout cas, cette série a beaucoup de succès auprès des lectrices adultes et des libraires, donc on va dire que ce n'est juste pas adapté pour moi...
Je lirai le tome 2 car c'est celui que je voulais lire au départ pour la référence à ce fameux shim sham, mais je sens que ça va être en diagonale. Et je m'arrêterai là.
Pas certaine de poursuivre avec cette auteure non plus car ce n'est pas du tout mon genre d'écriture. C'est dommage car j'avais vraiment espéré la révélation. Mais bon, ça n'a pas pris avec moi, c'est ainsi...

L'auteure
Malika Ferdjoukh est née à Bougie en Algérie. Elle vit à Paris depuis sa petite enfance.
Elle a séché quelques films à la Cinémathèque pour suivre des cours à la Sorbonne. On peut dire qu'elle est incollable sur le cinéma américain, du western au polar noir, mais son genre adoré reste la comédie musicale. Elle écrit des séries pour la télévision.

Intègre le challenge À l'assaut des pavés. Mon premier de l'année.:)

22 commentaires:

  1. Mouais mouais, pourtant Cary Grant... ^_^ Bon, ça n'alourdit pas ma liste à lire, quoi

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    1. Bah moi c'était Brad Pitt. C'est déjà plus trop la référence, haha !

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    2. Tu as vu la filmographie de Cary Grant? Ton Brad Pitt est petit joueur

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    3. Aha, j'avoue que Cary Grant n'a pas à rougir de sa carrière. Figure-toi que je n'ai vu aucun de ses films mais je n'ai jamais été très attirée par les films de cette époque. Ça me prendra peut-être un jour.

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  2. Tu me rassures, je l'avais gagné à un concours, il croupissait dans ma PAL, mais je n'ai pas dépassé la moitié... les personnages me semblaient tous (toutes) les mêmes (c'est ça, pétillantes, dynamiques...) je ne voyais pas où ça allait, ni à qui ça s'adressait... Pas pour moi, en tout cas !

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    1. Non mais c'est ça, on se comprend.:) Bon, je vais poursuivre vaillamment, jusqu'au tome 2 du moins. Je te dirai si on s'y repère mieux et si ça pétille un peu moins.;)

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  3. J'avais très envie de le lire à une époque mais ton avis me refroidit ;-) le choix du vocabulaire pour un roman jeunesse est quand même curieux parce que si les jeunes lecteurs doivent sortir le dictionnaire, ça ne va pas les motiver! Et j'adore apprendre que tu danse le lindy hop (je ne danse pas mais j'aime regarder ces danses et le lindy hop me fait penser au roman de Sephen King 22/11/63, il y a des personnages qui le danse aussi ;-)

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    1. Ooh mais il faut vraiment que je lise ce fameux 22/11/63 alors, en plus il est sur mal LAL depuis un bon bout de temps...
      Sinon, fais-toi ton avis pour Broadway Limited. Moi il y a des styles auxquels je n'accroche vraiment pas mais beaucoup de lectrices ont été conquises. Quant au vocabulaire, ça m'a étonnée aussi. Je conçois que les livres soient l'occasion d'enrichir le vocabulaire des lecteurs, et c'est une bonne chose de ne pas sous-estimer leur capacité de compréhension, mais à ce niveau-là, ça frôlait le ridicule (pour moi du moins).

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  4. Oulala ce livre croupit dans ma PAL, je crois. J'ai adoré la série des Quatre soeurs, donc j'espère que ça me plaira un peu quand même... On verra...

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    1. J'avais noté la série des Quatre soeurs, chez toi entre autres d'ailleurs. C'était celle que j'aurais commencé si je n'étais tombée par hasard sur Broadway Limited. Peut-être que j'y aurais mieux adhéré mais j'avoue que là je n'ai plus trop l'envie de le vérifier.

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  5. Ah dommage ! Je l'ai beaucoup aimé pour ma part, le style ne m'a pas dérangée et le fait que les personnages soient tous très positifs m'a fait une agréable coupure avec mes lectures habituelles qui sont beaucoup plus sombres. Je te rejoins quand même sur les filles de la pension qui se ressemblent toutes, je devais parfois revenir en arrière pour savoir qui était qui.

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    1. Au début je revenais en arrière, et puis après ça m'était égal, haha ! Mais je conçois qu'on puisse apprécier la fraîcheur de ce roman suivant l'humeur du moment ou les lectures dont on sort.
      Quant au style, non pas qu'il soit mauvais, mais comme on s'en faisait la remarque à la cantine avec une collègue quand le chef pâtissier nous a proposé ses meringues conçues avec soin, dommage qu'il y ait rajouté des zests de citron et toutes sortes de fioriture alors qu'on les aurait largement préférées et appréciées nature (les meilleures) (mais c'est une question de goût^^).

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  6. Un style ampoulé c'est juste pas possible pour moi !

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  7. ah ben dis donc, ça partait super bien et pfiout!, la douche de l'enthousiasme! ;) (vu qu'ici il pleut des cordes, tu es raccord!) Je viens d'abandonner un bouquin (lu pour le boulot en plus) à cause du style, alors lui totalement à l'opposé: oralité, avec fautes de syntaxe et de grammaire en veux-tu en voilà, insupportable!! donc je passe. toujours pas lu cette auteure...ce ne sera donc pas cette fois-ci encore!

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    1. Ah oui, c'est encore pire quand c'est mal écrit, c'est sûr ! Au moins ici il y a un travail d'écriture. On apprécie ou pas mais on ne grince pas des dents.:) D'ailleurs tu apprécierais peut-être ce style. Le mieux c'est de te faire ta propre idée.;)

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  8. ça me tente malgré tes bémols. Et j'ai une question pour toi : après la série Sauveur & fils, j'aimerais lire une autre série avec ma fille de 11 ans (qui est fan d'Harry Potter pour te la situer un peu - et mûre et bonne lectrice). Ce titre conviendrait-il? (puisque je pourrais lui expliquer le contexte…) ou plutôt Le Passe-Miroir?? Merci … :)

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    1. Personnellement, j'orienterais plus vers Le Passe-miroir, surtout si elle est fan d'Harry Potter, car l'univers est plus fantasy. Et Broadway Limited, je le situerai plus dans la catégorie 16+ que 13+. Je ne suis vraiment pas convaincue qu'elle pourrait y trouver son compte mais je peux me tromper...

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  9. ok merci beaucoup pour cette réponse! C'est ce que je soupçonnais déjà, je crois que le Broadway Limited sera plus pour moi ^^

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    1. Je pense aussi.:) Mais tu t'en rendras mieux compte en le lisant si c'est quand même susceptible de lui plaire.

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  10. je comprends ton intérêt pour ce livre, mais si je me mets à la littérature jeunesse, je suis foutue (et ma PAL avec). Donc des principes, et pas de dérogation !

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    1. Dommage, ça limite les horizons de découvertes. Ceci dit, dans ce cas précis, je n'ai pas eu la main heureuse, mais finalement, jeunesse ou pas jeunesse, on peut toujours se planter.;)

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