mercredi 6 avril 2022

THE NICKEL BOYS


THE NICKEL BOYS

( NICKEL BOYS )

Une lecture qui commence à remonter (début d'année), il était temps que je publie mon avis avant qu'il ne neige à nouveau. 😅
Petit quiproquo de départ avec ma sale manie de survoler les résumés et les avis quand je sais que je vais lire un livre : je pensais que c'était une histoire qui se déroulait sous le signe de la fin de la ségrégation scolaire aux États-Unis dans les années 60, un peu à la Little Rock 1957. J'étais bien loin d'imaginer dans quoi je m'embarquais...
Nous sommes bien dans les années 60 dans la Floride ségrégationniste, mais la Nickel Academy est en fait une maison de correction où les pensionnaires sont soumis aux pires sévices (mais vraiment les pires...). Le jeune Elwood Curtis y est envoyé suite à une erreur judiciaire alors qu'il était plein de rêves d'avenir et s'apprêtait à intégrer l'université. La vie y est infernale, surtout quand on est Noir, et tout espoir d'évasion quasi vain. Grâce à Turner avec qui il se lie d'amitié, Elwood comprend vite les règles du lieu.

Je déteste tellement ce genre d'histoires qui me crispe, me tord le ventre, me fait questionner l'humain, sa cruauté, sa bêtise, qui me donne envie de hurler, surtout quand c'est inspiré de faits réels, comme c'est le cas ici, et parce que ces reflets de la barbarie et de la perversité humaines sont bien réels et existent toujours. Ce roman offre une vision effroyable de l'injustice liée à la couleur de peau, contre laquelle on se sent impuissant. C'est tellement rageant et frustrant.
Enfin, ce n'est pas que je déteste ce genre d'histoires, c'est que je déteste avoir à passer par tout ce que je ressens en les lisant, et une fois les premières pages lues, j'ai tout de suite identifié que c'était très exactement ce genre de récit où j'allais douiller, mais je ne pouvais plus faire marche arrière, parce qu'on ne peut pas juste fermer les yeux et faire comme si cela n'avait pas existé ou n'existait pas, par confort.
À un moment en cours de lecture, un "oh non merde !" m'a échappé, preuve que je vivais cette histoire intensément. Car malgré son atmosphère oppressante et désespérante, on tourne les pages avec avidité et on ne peut s'empêcher d'espérer, jusqu'à la dernière page.

J'aime vraiment beaucoup le style de l'auteur, Colson Whitehead. Il décrit une réalité horrifiante mais reste sobre, clair, et efficace, sans jouer la surenchère, sans rien atténuer et sans verser dans le pathos non plus. Il dit juste ce qu'il faut, sans s'étaler plus que nécessaire. Un style qui m'avait déjà plu dans Underground Railroad et que j'ai apprécié retrouver ici.

Je n'ai pas vu venir le twist final qui fait mal là aussi, tellement amer, et en même temps, étrangement beau. Ça m'avait fait aussi cet effet "claque inattendue" sur la fin d'Underground Railroad, avec cette notion d'ironie du sort impitoyable alors que ces personnages ont déjà des vies bien compliquées, traversées d'épreuves difficiles, mais même si c'est dur à digérer, j'apprécie ce genre de réalisme assez noir.

30 commentaires:

  1. Hé oui, heureusement que l'auteur demeure sobre, l'histoire est bien assez lourde comme cela.

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    1. Oui, vraiment inutile d'en rajouter une couche.;)

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  2. (ce n'est pas dans tes cordes, ça?
    https://pagesversicolores.wordpress.com/2022/04/06/et-a-la-fin-ils-meurent-la-sale-verite-sur-les-contes-de-fees-lou-lubie/)

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    1. Mais complètement ! Tu penses bien que je l'ai repéré depuis un moment mais j'espérais pouvoir mettre la main dessus à la bib'. Ça ne saurait tarder, la bibli du CE de ma boîte l'a commandé pour moi.^^

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  3. J'avoue, je n'ai jamais lu l'auteur malgré tous les avis enthousiastes. Je crois que comme toi, les thèmes me rebutent ( et pourtant je ne lis pas spécialement du tendre ). Cela ne fait que confirmer que la littérature américaine n'est pas ma spécialité ^^

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    1. J'avoue que j'ai un intérêt tout particulier pour la littérature noire américaine mais je prends mon temps pour l'explorer. Les sujets abordés me bousculent souvent alors il faut que j'y aille doucement.;)

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  4. Ce que tu apprécies chez l'auteur est ce qui fait qu'à l'inverse, je suis sortie de la lecture de ses 2 titres avec un sentiment mitigée, celui d'avoir été mise à distance du propos par son style "détaché" et sa propension à l'ellipse... mais je comprends aussi que cette distanciation permette de mieux "faire passer" le fond..

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    1. Oui c'est amusant et intéressant la façon dont nous ressentons et vivons le style différemment, et concernant Colson Whitehead, ce n'est pas la première fois que je lis cette réserve sur son style qui mettrait à distance. Je trouve plutôt qu'il y a une certaine dignité dans sa façon de raconter les événements, dans cette manière de volontairement ne pas en faire trop alors qu'il pourrait en effet le faire, et c'est une qualité que j'apprécie vraiment.

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  5. Je compte bien le découvrir un jour celui-ci ;)

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    1. Belle découverte alors ! Très curieuse de ton avis !:)

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  6. Et bin euh....vraiment pas le livre que je lirais...beaucoup trop intense...

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    1. Je ne sais pas si le mot est "intense" mais on n'est pas dans la légèreté, c'est sûr.^^

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  7. J'ai du mal aussi avec la brutalité de la nature humaine, et ce qui en résulte pour les plus faibles (et l'actualité me donne encore de quoi tordre les tripes) et je pense que l'auteur est comme nous, et s'ingénie donc à rendre les choses moins dures pour le lecteur. Je vois que tu l'as lu en anglais, je trouve que c'est aussi un moyen, parfois, de mettre un peu de distance (du moins, pour moi qui ne maîtrise pas tout le vocabulaire anglais de... la violence, dirons-nous.

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    1. Ah ben je ne me suis pas vraiment sentie distanciée de la violence du contexte, des événements et des actes ici.^^ Je ne pense pas qu'il essaie de minimiser les faits pour préserver le lecteur. Pour moi ce qu'il relate est suffisamment clair pour indigner ou alors on est vraiment anesthésié si on a besoin d'une surdose en plus, je ne sais pas, haha.;)
      Quant à l'anglais, je trouve au contraire que lire dans la langue rapproche davantage qu'il ne distancie. Pour moi c'est la traduction qui crée nécessairement une distance, ne serait-ce que parce que le français ne peut retranscrire exactement la façon dont un Noir Américain s'exprime, la rythmique, le phrasé, etc, ou les rapports entre Noirs et Blanc aux États-Unis, c'est une toute autre culture qui ne peut être rendue que de façon imparfaite dans une autre langue (mais merci aux traducteurs pour leur travail dément tout de même sinon on n'aurait pas accès à tout un éventail de littératures...^^).

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  8. Peut-être pour plus tard. Là, je suis en train de lire les livres pour le Mexique, Japon et Inde :-(

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  9. Oui, la fin est incroyable. Mais au vu des éloges, j'ai été un chouïa déçue et je suis un peu restée en retrait durant ma lecture.

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    1. Comme je lis toujours en décalé ces "phénomènes" littéraires (pas nécessairement volontairement mais la PAL etc^^), peut-être que je suis moins imprégnée des éloges, et j'avais d'ailleurs plus en tête les réserves sur le style et les déceptions justement. Du coup, j'ai abordé ce livre sans attente particulière, et plutôt préparée à ne peut-être pas être totalement conquise. Et ce fut plutôt une bonne surprise en fin de compte, malgré le contexte de l'intrigue auquel je ne m'attendais pas.^^

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  10. C'est un roman qui nous plonge vraiment dans l'horreur. Je ressens exactement la même chose avec ce genre de lectures, ce sentiment d'injustice insupportable qui prend à la gorge et au ventre. J'ai gardéle souvenir d'une lecture douloureuse.

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    1. C'est très exactement ça ! Tu as parfaitement résumé ce que j'ai pensé et retiendrai de cette lecture !

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  11. Je crois que, pour l'instant, j'ai besoin de livres plus légers.
    L'univers carcéral et sa violence, j'en ai fait une indigestion avec Karine Giebel.

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    1. Je comprends. Je n'en enchaînerais pas plusieurs dans le genre.:)

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  12. J'ai davantage été embarquée par Underground Railroad que par celui-ci, peut-être à cause de sa brièveté. En fait, j'aurais aimé qu'il fasse une petite centaine de pages de plus. Le sujet est dur, très dur mais habilement traité avec une construction impeccable et comme toi je n'avais pas vu arriver le twist final.

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    1. J'ai préféré aussi Underground Railroad surtout pour son contexte historique qui me parle particulièrement, et sa dimension un peu mythique/fantastique que j'ai trouvée très originale, mais j'avoue que le twist final de Nickel boys m'a particulièrement retournée !:)

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  13. Je viens de lire un livre belge qui fait froid dans le dos aussi (mais pas que, heureusement) qui se passe notamment dans les orphelinats pendant la 1è guerre et qui évoque aussi, plus tard, les bagnes d'enfants. Que de cruauté !

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    1. Oui c'est vrai que dans d'autres contextes et de tout temps, il y a souvent eu maltraitance des enfants et ce sont des lectures très dures également...

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  14. j'ai Underground dans ma PAL en VO aussi, depuis ans...faut vraiment que je le lise (comme tant d'autres qui attendent sur les étagères, les pauvres!!). il faut surtout que j'arrête d'aller à la médiathèque, je finis toujorus pas prendre des bouquins et je ne lis que très peu de livres de ma pal;)

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    1. J'ai un peu le même problème avec le catalogue numérique de ma bibli. Même plus besoin de me déplacer. En un clic, c'est sur ma liseuse.^^ Mais je fais quand même attention à faire baisser mon ePAL VO car j'achète aussi assez facilement en un clic et pour l'instant je veux me donner l'illusion d'une certaine maîtrise sur mon ePAL (que je n'ai plus depuis des lustres sur ma PAL physique).^^

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  15. Je progresse avec cet auteur ! J'ai mis Underground railroad audio dans mon PM3 il y a un mois pour mes sessions tapis de marche... Un grand pas déjà, mais sur place, car pas de tapis de marche depuis un mois !!!

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    1. Ahaha un grand pas sur place !;) Très curieuse de ton avis sur Underground railroad ! Les avis étaient parfois mitigés, moi j'avais adoré.

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