Mon rapport à l'univers de la finance, c'est un peu celui que j'avais avec les histoires en mer et de bateaux. Spéculation boursière, crise économique, marchés financiers, krach de 1929, inutile de les agiter sous mon nez pour m'appâter, ce sont des termes véritablement repoussoirs pour moi, aussi le titre et le résumé de ce roman de Hernan Diaz qui évoquait un magnat de la finance m'en avaient soigneusement tenue éloignée, et malgré son succès manifeste, je ne me suis pas trop attardée sur les billets le chroniquant. Certains ont toutefois fini par m'intriguer sérieusement en en soulignant la construction magistrale et c'est le coup de coeur d'une amie lectrice qui a achevé de me convaincre de le lire. Un coup de coeur pour un roman autour de l'univers de la finance, c'est possible, ça ? Il me fallait le vérifier par moi-même. Ça se trouve, j'allais adorer ça aussi maintenant et me lancer dans un nouveau book trip 😆.
Dès les premières pages, j'ai été, non pas encore complètement conquise, mais agréablement surprise et rapidement séduite. Certes, Hernan Diaz me lançait à la figure machine capitaliste, industriels, spéculation, Wall Street, mais je n'en ai pas souffert. Car dans ce roman, si le pouvoir de l'argent a un rôle capital, ce sont bel et bien les personnages qui sont au devant de la scène et qui captent véritablement l'attention.
J'ai été fascinée par le personnage de Benjamin Rask, magnat de la finance, dont l'auteur a dressé un portrait psychologique jubilatoire et je n'étais pas en reste quand est venu le tour d'Helen Brevoort, celle qui allait devenir son épouse.
J'ai été surprise de réaliser, au bout de plusieurs pages, qu'il n'y avait eu aucun dialogue depuis le début, mais que le récit n'en était pas moins vivace et entraînant pour autant, assez cocasse même par moment. C'est que Hernan Diaz maîtrise le style indirect (libre) à la perfection et c'était un pur régal de le lire.
Une histoire qui démarrait bien donc. Et puis, changement d'ambiance. Un événement tragique affecte le couple et l'intrigue prend une tournure que je n'attendais pas.
Extrait de mes échanges avec Stéphanie (S.) en cours de lecture :
Moi : "Qu'est-ce qu'il nous fait Diaz, là ? 🤔"
S. : "Je crois que ce roman est celui de l'étonnement pour le lecteur. C'est une question que tu risques de continuer à te poser en deuxième partie. 🤭"
Car oui, je n'en étais qu'à la première partie quand les premiers doutes sont survenus. La structure du livre notamment m'intriguait. Dans le sommaire, les titres de chaque partie avaient l'air totalement déconnectés entre eux. Était-ce un recueil de nouvelles autour du même thème ?
À la deuxième partie, je crois vaguement comprendre de quoi il retourne en fin de compte, puis la troisième partie rebrouille les pistes avec un nouveau personnage, Ida. L'intrigue prend alors des allures de thriller, faisant naître de nouveaux doutes encore, interrogeant le rapport entre vérité et fiction de manière passionnante. Attention SPOILER Quelle est la vérité autour de l'histoire et la personnalité de Mildred ? Ce que l'on espérera découvrir dans la quatrième et dernière partie.
Je n'ai pas été déçue de la révélation finale, même si elle a un peu souffert d'une mise en scène moins percutante que ce que l'on aurait pu en attendre au regard de tout ce qui a précédé.
Mon avis Goodreads
4,5/5 étoiles, les poussières d'étoiles en moins dues à quelques petites longueurs ressenties, notamment sur la fin, mais je tenais à saluer l'auteur pour la structure narrative ingénieuse et épatante de son roman qui nous surprend de chapitre en chapitre et de partie en partie, nous obligeant à rebattre les cartes, à reconsidérer l'intrigue sous des angles différents et à nous interroger sur sa véritable version.
Je m'épate d'avoir survécu à un roman autour de la finance et surtout, de l'avoir adoré !
Intègre le Défi lecture 2024 (7/30/100) => catégorie 62 (une couverture où un reflet est représenté).
L'auteur
Né en 1973 en Argentine, Hernan Diaz est un écrivain argento-américain. Après avoir vécu en Suède et à Londres, il vit depuis vingt ans à New York.
Les livres évoquant la finance ne me déplaisent pas a fortiori s'ils présentent comme ici, une structure narrative intéressante :)
RépondreSupprimerC'est ce qui m'a vraiment soufflée ici, la construction narrative, le jeu entre chaque partie, l'écriture. Le fond a été un peu secondaire pour moi même si loin d'être anecdotique.
SupprimerBravo d'avoir surmonté cette épreuve, j'espère toutefois que tu as su conserver ton intégrité morale :)
RépondreSupprimerJ'ai adoré Au loin de cet auteur, qui n'a rien à voir avec celui-là en matière de thématique mais c'est sûr que je le lirai, rien que pour retrouver son écriture.
J'avais prévu de lire Au loin à sa parution, c'est tout à fait dans mes thématiques de prédilection, mais d'autres tentations lui sont passées devant et le temps a passé...:) Je ne manquerai pas de le lire cette fois.
SupprimerJe ne suis pas encore assez convaincue pour le lire. Ça me paraît un peu compliqué.
RépondreSupprimerJe ne dirais pas que c'est compliqué, mais ça pourrait dérouter. J'aime bien être déroutée.^^ Si tu ne le sens pas pour toi, inutile d'insister, il y a tant à lire.;)
SupprimerJ'ai beaucoup aimé Au loin, son premier roman, aussi éloigné que possible de l'univers de la finance, mais déjà original dans sa manière d'aborder le thème historique de l'immigration...
RépondreSupprimerJ'ai noté celui-ci bien sûr, et son tour va venir, ma curiosité est grande !
Il est certain que je lirai Au loin, ses thèmes me parlent. Ça aurait dû être fait depuis belle lurette d'ailleurs, mais bon, PAL, LAL, autres tentations...:)
SupprimerJe viens de relire mon billet. La première partie est dans un style Henry James (donc tu dois lire cet auteur) la barre est dont très haute. Quoique je t'avoue que j'avais abandonné ce roman des semaines plus tôt, mais, mais, curiosité au sujet de la construction futée...
RépondreSupprimerJe suis bien moins enthousiaste que toi , oui, c'est bien fichu, mais le thème n'était pas le mien (heureusement que tu ne lances pas un book trip)
Comme tu le verras dans mon billet, je me suis lancée vite dans le bouquin de Marcus Malte, et là, oui! -je te cite-
"je tenais à saluer l'auteur pour la structure narrative ingénieuse et épatante de son roman qui nous surprend de chapitre en chapitre et de partie en partie, nous obligeant à rebattre les cartes, à reconsidérer l'intrigue sous des angles différents et à nous interroger sur sa véritable version."
Je garde un excellent souvenir de "Garden of love" de Marcus Malte, lu il y a moult temps. Là aussi terriblement intrigant et embrouillant, manipulation du lecteur, tout ça, mais je me suis cassée les dents sur "Le garçon" que j'ai abandonné au bout de 10 pages (peut-être pas le bon moment), du coup je ne suis plus revenu à cet auteur. Je lui redonnerai peut-être une chance avec ton livre.
SupprimerQuant à Trust, bon, ça n'a pas pris pour toi, c'est comme ça.:) Tu en attendais probablement plus au vu des avis élogieux. Moi je m'attendais au pire au vu du thème (que je croyais être) central et j'ai été très agréablement surprise. Mais non, non, pas de book trip, haha !
Franchement, comme toi, je ne pensais pas du aimer un roman sur l'univers de la finance et c'est seulement parce que j'avais adoré "Au loin" de cet auteur que je me suis lancée dans cette lecture ... J'ai souri en te lisant par ce que " qu'est ce qu'il fait là ?" à la deuxième partie, c'est exactement ce que je me suis dit ... Et j'ai failli lâcher l'affaire ... Et puis non, et c'est devenu passionnant et le sujet n'est effectivement pas la finance mais bien une aventure romanesque sur la vérité.
RépondreSupprimerMa co-lectrice sur Insta pensait avoir reçu une épreuve non corrigée en lisant la deuxième partie, haha ! Moi, c'est drôle, ça m'a passionnée dès le départ. J'ai vraiment aimé la première partie et c'est allé crescendo de partie en partie parce qu'en effet, c'est davantage une histoire de couple atypique dont il faut démêler le vrai du faux qu'une histoire de finance pure et dure (et ça, ça change tout^^).
SupprimerAh ! Ah ! Je pourrais m'attribuer ta dernière phrase : je me suis épatée aussi car la finance n'est pas mon sujet de prédilection. J'ajoute des liens vers ton billet et celui de Keisha. Cette LC me rappelle que le roman de Barbara Kingsolver (qui a reçu le prix Pulitzer en même temps qu'Hernan Diaz est enfin paru en Français). J'espère que ma bibli va l'acheter.
RépondreSupprimerJe n'ai toujours pas lu Barbara Kingsolver ! En fait, c'est typiquement le genre d'auteurs que je veux lire depuis toujours et dont je ne sais plus par quel livre commencer tellement j'ai repoussé le moment de les lire... Son dernier me paraît en effet tout désigné^^ (rhaa 600 pages quand même...).
Supprimerj'avais adoré Au loin et j'ai longuement hésité à acheter Trust car j'avais en fait lu des avis plutôt négatifs et ton billet explique pourquoi certains ont abandonné. Connaissant l'auteur, ça ne m'étonne pas de sa part, pour les finances, j'ai aimé Di Caprio dans le rôle de ce fou des finances, donc je me dis qu'en roman, ça doit le faire (je vais voir le billet de Keisha)
RépondreSupprimerHeureusement que j'étais tombée sur les avis positifs (j'avais raté le billet de Sunalee^^) sinon je pense que je n'aurais pas pris le risque de me lancer. J'étais déjà assez réticente rien qu'avec le thème de la finance que je pensais être central. Je n'ai aucune idée si tu adhèreras.^^ Certains ont adoré Au loin et ont été déçus par Trust, mais ce n'est pas une règle absolue vu que d'autres ont adoré Trust aussi. J'étais convaincue que Keisha serait conquise. Nope. J'aurais dû détester, j'ai adoré. Bref, je suis très curieuse de savoir dans quel camp tu te trouveras.^^
SupprimerOui les romans sur la finance ce n'est quand meme pas ma tasse de cafe..pourtant j'en ai lu un pour son auteur (je suis fan)....Jorge Volpi (mexicain). Pourquoi pas tenter l'aventure avec un argentin ?...ils sont quand meme bizarres dans la mise en place de leur roman....;)
RépondreSupprimerPour moi, ce roman vaut largement le détour, mais tu noteras que les avis ne sont pas unanimes.;) Je note Jorge Volpi. Il faudrait que je reprenne mes lectures mexicaines.
SupprimerJe n'ai pas du tout aimé, je me suis sentie un peu manipulée et j'avais deviné la fin bien avant qu'elle ne soit révélée.
RépondreSupprimerJ'adore être manipulée ! Dans un livre, s'entend.:) Mais si on devine la fin bien avant, c'est sûr que les tours de l'auteur tombent à l'eau.^^
SupprimerUne lecture qui ne me tente pas par peur d'être déçue par les longueurs. Mais le côté roman de l'étonnement m'intrigue.
RépondreSupprimerCe sont des longueurs toutes relatives sur l'ensemble du roman. J'ai ressenti beaucoup plus d'étonnement que de longueurs.;)
Supprimeril ne me tentait pas vraiment, mais je finirai peut-être par essayer!
RépondreSupprimerComme moi au début et j'ai fini par franchir le cap.:) Sans regret pour ma part.
SupprimerJ e n'ai lu ni Au loin, ni celui-ci. Donc l'auteur reste pour moi à découvrir !
RépondreSupprimerLes lectrices ici semblent unanimes sur Au loin. Peut-être commencer par celui-là ? Tout dépend des goûts. Trust est ma première lecture de l'auteur, j'ai adoré et je compte bien continuer à le lire.
SupprimerC'est un livre qui ne m'attire pas par le sujet qu'il développe...
RépondreSupprimerIl y a pourtant un petit côté thriller, puzzle, tout ça.:)
SupprimerMoi je suis ouverte à plein de lectures mais là j’aurais un peu peur car quand mon fils me parle finances je n’y comprends pas grand chose et lui répond régulièrement que c’est du chinois pour moi. Mais il y a une différence entre parler technique avec du vocabulaire spécifique et raconter en espagnol « normal » traduit en français en prenant le monde de la finances comme paysage. Moi ça me plaît la façon dont tu en parles !
RépondreSupprimerMerci.:) Je crois qu'on est nombreuses à redouter ce thème^^, mais ici, c'est en effet un élément de l'intrigue, un décor presque (avec quelques descriptions), sans en être l'élément principal, donc ça passe. Ça se fond dans le contexte historique, disons. Personnellement, je recommande cette lecture.:)
SupprimerTrès beau retour Fanja! Je partage absolument ton avis, y compris sur le petit moins ressenti à la fin. Mais quelle construction !!
RépondreSupprimerMais oui, elle m'a complètement bluffée ! J'adore ce genre de livres où l'auteur balade son lecteur.:) Encore une LC palpitante !
SupprimerJ'avais remarqué ce roman lors de la rentrée de septembre, notamment pour le côté Pulizer... Mais le billet de Keisha que j'ai lu m'a fait dire que pas de regret si je n'ai pas le temps ni la curiosité nécessaire pour le lire. Bon, tu vas lancer un challenge OPL ?!!! Offre publique de Lecture ???!!!!
RépondreSupprimerAhaha quelle horreur ! J'ai adoré cette lecture, mais pas de coup de coeur pour l'univers de la finance pour autant. En revanche, Hernan Diaz aurait pu devenir un auteur chouchou, mais il n'a pas assez de livres à son actif pour ton challenge.;)
SupprimerAlors comme beaucoup la finance n'est pas un sujet que j'aime spécialement mais il faut avouer que par sa volatilité, ce milieu peut permettre des retournements intéressants. Surtout, la construction et l'histoire d'un couple atypique sont fort alléchants...
RépondreSupprimerDes retournements intéressants, c'est exactement ça.^^
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