( L'ÉTOILE DES MERS )
Repéré chez Aurore comme "l'un des textes les plus grisants qu'elle ait pu lire ces derniers temps", ce livre de l'auteur irlandais Joseph O'Connor avait tout pour me plaire : récit historique documenté, mystère en mer, roman d'aventures, "tantôt journal de bord, tantôt feuilleton, parsemé d'extraits de lettres - authentiques - échangées entre ceux restés au pays et ceux arrivés aux États-Unis. [...] Du rythme, du suspense, mais surtout beaucoup de profondeur."
Nous sommes en 1847. L'Étoile des mers quitte l'Irlande pour New York avec, à son bord, plus de quatre cents passagers, pour la plupart des exilés fuyant la Grande Famine, entassés dans l'entrepont dans des conditions misérables, ayant à peine de quoi survivre, décimés par lot par le typhus au cours de la traversée. Parmi eux, le mystérieux Mulvey, surnommé le "Fantôme" en raison de son apparence lugubre et famélique, dont on annonce dès le prologue son intention de commettre un meurtre. Un meurtre ? De qui ? Pourquoi ? Forcément, on est ferré et intrigué dès les premières pages. Parmi les autres passagers, une quinzaine de privilégiés se partagent les cabines de 1ère classe, dont une famille de propriétaire anglais établis en Irlande depuis longtemps et récemment ruinés, leur servante, nounou des enfants, un journaliste new-yorkais, un homme d'Église et un maharadjah.
C'est en remontant le cours de l'histoire de certains de ces personnages que l'on va découvrir progressivement les liens qui les unissent et qui éclaireront petit à petit toutes les interrogations qu'on pourrait avoir à leur sujet, jusqu'à leur présence sur ce paquebot. C'est aussi à travers leur histoire que nous apparaîtra dans toute sa noirceur l'effroyable réalité de la Grande Famine et ses conséquences. Des situations très dures, difficilement soutenables parfois. Ça me rendait presque malade de désespoir et de colère vis-à-vis de la nature humaine. La façon dont l'auteur décrit la famine et la misère à l'époque est d'un réalisme absolument saisissant (et, étonnamment, il ne me semble pas qu'il y ait eu beaucoup de romanciers contemporains de l'époque qui aient écrit sur le sujet - sept années de grande famine, environ un million de morts, ce n'est pourtant pas anecdotique).
Tout comme Aurore, j'ai adoré ! C'est une très belle surprise au rayon maritime, qui se révèle être, au-delà de la mer, un grand roman historique autour de la Grande Famine en Irlande. Ça faisait longtemps que je n'avais pas été scotchée à un roman aussi prenant côté intrigue et personnages, tout en étant instructif sur une période historique. J'ai adoré aussi le style et la structure narrative, sa chronologie en particulier et ses effets de surprise auprès du lecteur. Jusqu'à la fin, on a des révélations auxquelles on ne s'attendait pas et c'est toujours amené subtilement.
Si tous les romans de Joseph O'Connor (le frère de Sinéad, en passant) sont de cet acabit, ce ne sera certainement pas mon dernier !
Un dernier mot sur la genèse de l'intrigue que j'ai trouvée très intéressante (et assez amusante). Ce roman date de 2002 et l'auteur explique dans la postface qu'il ne souhaitait pas spécifiquement écrire un roman historique au départ, n'aimant pas trop le genre, ni parler particulièrement de la Grande Famine, mais ce personnage de Mulvey s'est imposé à lui et l'intriguait. Il voulait le comprendre, comprendre quelle était son histoire. Et c'est ainsi qu'à l'insu de son plein gré^^, il s'est retrouvé à écrire un roman historique (même si, du fait d'un certain mélange de genres, ce n'est pas vraiment réductible à ça). Il me semble, au vu de sa bibliographie, qu'il y a pris goût par la suite.^^
L'auteur
Né en 1963 à Dublin, frère aîné de la chanteuse Sinéad O'Connor, journaliste à "The Esquire" et à "l'Irish Tribune" durant dix ans, Joseph O'Connor est considéré comme l'un des écrivains irlandais les plus importants de sa génération. Son oeuvre est traduite en trente-cinq langues. Découvert en France en 1996 avec Les Bons Chrétiens, il est primé des deux côtés de l'Atlantique lorsque paraissent L'Étoile des mers (2003), puis Redemption Falls (2007).
La Grande Famine en Irlance et ses conséquences n'est pas un sujet facile qu'on retrouve souvent en littérature. L'auteur semble s'être emparé de cette période avec réalisme et efficacité ce qui rend la lecture de ce roman aux contours historiques tentante, d'autant que la narration a l'air des plus prenantes.
RépondreSupprimerN'hésite pas s'il croise ton chemin !:)
SupprimerJe ne savais pas que c'était le petit frère de .. et ce n'est pas très important. Je n'ai rien lu de lui, il me semble que c'est à réparer.
RépondreSupprimerC'est le frère aîné même^^, mais en effet, son talent de romancier n'est certainement pas dû à ce lien de parenté.:)
SupprimerJoseph O'Connor est déjà dans ma très longue liste d'auteurs à lire absolument. Ton avis le fait remonter encore de quelques place vers le haut !
RépondreSupprimerAhaha, je compatis ! Les auteurs sur ma liste ne cessent de descendre pour remonter un peu quand quelqu'un en parle, puis redescendre à nouveau au bout de quelque temps.^^
SupprimerIl me donne bien envie, ce roman !
RépondreSupprimerFranchement, je le recommande chaudement.
SupprimerGrâce à ce challenge, je découvre plein de titres vers lesquels je ne serais pas forcément allée !
RépondreSupprimerDe même pour moi !:)
SupprimerBizarrement je n'ai jamais lu cet auteur alors que je vois très souvent passer sur les blogs ou autres. Là c'est en plus une bonne trouvaille pour le booktrip ! je vais le noter dans mes listes pour essayer de découvrir un de ses romans, je crois qu'il a aussi écrit des nouvelles. Merci pour ton enthousiasme
RépondreSupprimerAvec plaisir !:) C'était pareil pour moi. J'avais bien repéré ses derniers romans sur les blogs et en librairie, mais avec tout ce qui me tentait déjà, je ne me suis pas trop arrêtée sur lui. Un énième très bon auteur, je me disais, mais bon, je ne peux pas tous les lire. Eh bien il y en a certains qu'il faut plus lire que d'autres et celui-là en fait partie.:)
SupprimerJe suis contente que tu aies adoré ce roman d'un de mes auteurs préférés, même si je n'ai pas aimé de manière égale tout ce que j'ai lu de lui (je me suis même ennuyée avec Muse). Pour quelqu'un qui n'aimait pas les romans historiques, il en a écrit pas mal !
RépondreSupprimerPeut-être qu'il ne les conçoit pas comme des romans historiques quand il les écrit.^^ J'ignorais qu'il comptait parmi tes auteurs préférés, mais je comprends pourquoi maintenant. Et oui, j'imagine qu'on n'est malgré tout pas à l'abri de quelques déceptions.
SupprimerOuah tout un livre a lire didonc...il semble tellement bon....et tu le vends si bien....;)
RépondreSupprimerJ'ai vraiment adoré cette lecture. Le genre de très belle surprise à laquelle on ne s'attend pas du tout et qui fait franchement plaisir.
SupprimerParfois je me demande si je n'ai pas vécu dans une grotte : encore un auteur dont je n'ai jamais entendu parler et qui me semble pourtant indispensable ! Contrairement à l'auteur, cette période fondatrice pour l'histoire de l'Irlande (et des USA d'ailleurs) m'intéresse beaucoup en plus. Encore une belle trouvaille que je fais chez toi.
RépondreSupprimerAhaha, cette impression de vivre dans une grotte, je l'ai souvent quand je parcours les réseaux sociaux axés livres. Surtout quand on parle d'auteurs culte ou qui ont eu beaucoup de succès. C'est presque effrayant.^^ Ce n'est pas comme si on ne s'intéressait pas aux livres. Ce roman devrait faire ton bonheur si tu es particulièrement sensible à cette période historique en Irlande.
SupprimerJe l'avais lu à sa sortie parce que l'auteur était présent à Etonnants Voyageurs, et ce fut un vrai coup de coeur ! Je ne me souviens d'ailleurs absolument pas de l'histoire ... Mais juste du bonheur de lecture ! Je viens d'ailleurs de le prêter à mon fiston, en lui disant "ça, c'est une de mes lectures presque culte ..." Depuis, j'ai suivi l'auteur, avec parfois moins d'enthousiasme, mais toujours avec curiosité.
RépondreSupprimerJe pense que si, comme toi, j'en arrivais un jour à oublier les détails de l'intrigue, il me restera le souvenir vif du bonheur de lecture.:) Quel plaisir d'y retourner à chaque fois ! Je suis très curieuse du retour de lecture de ton fils quand il l'aura lu. Et j'ai très hâte de mon prochain O'Connor !
SupprimerBon sang, un vieux titre d'O'Connor que je n'ai pas lu... et ce que tu écris sur la variété de la forme me fait penser à un autre de ses romans, Redemption Falls, dans lequel on trouve des articles de journaux, des échanges épistolaires, des chansons... bon, le sujet n'a rien à voir, mais O'Connor est un virtuose, quel que soit le thème qu'il aborde (oui, je suis fan :) !
RépondreSupprimerJe n'avais pas réalisé à quel point il était apprécié, mais je comprends vraiment mieux pourquoi maintenant.:) J'avais noté "Dans la maison de mon père" pour mon prochain O'Connor, mais ce que tu dis de "Redemption Falls" me plaît beaucoup. Je me réjouis d'avance d'avoir encore tous ces romans de l'auteur à découvrir.
SupprimerEt il faut absolument lire A l'irlandaise !
SupprimerNoté ! Le résumé me tente bien. Je vois que c'est un de ses premiers aussi.
SupprimerAurore a su t'appâter ! Pourquoi tant de pages ? je n'ai que 24h dans ma journée, tu sais ^^ et je suis malheureusement obligée de dormir un peu... :)
RépondreSupprimerAhaha, nous avons toutes le même problème. Mais je ne l'ai pas ressenti du tout comme un pavé. C'était un véritable page turner et il me tardait d'y retourner à chaque fois ! (et puis il y a des illustrations, ça fait des pages de texte en moins^^).
SupprimerHola, alerte écarlate, je dois lire ça.actuellement j'ai un peu levé le pied question lectures maritimes, mais je peux repartir.
RépondreSupprimer"Alerte écarlate", j'adore ! Ah oui, ce roman-ci mérite vraiment le détour. Ça vaut vraiment le coup de repartir en mer.:) Surtout qu'on garde un pied à terre aussi tout le long, donc pas de risque d'overdose maritime.;)
SupprimerJe note sans hésitation, c’est exactement le genre de livres que j'apprécie. (Mais je barre Radzevičiūtė, parce que noter 3 livres en un jour après avoir lu 3 billets chez toi, ça me semble abuser :)))
RépondreSupprimerÀ choisir, j'aurais fait la même sélection que toi^^, mais garde toute de même Radzevičiūtė en tête pour plus tard. Ça reste tout de même une lecture étonnante.:)
SupprimerIl y a tellement de trésors dans la littérature irlandaise, c'est fou !
RépondreSupprimerC'est vrai. Je devrais d'ailleurs fouiner davantage par là !
SupprimerL'intrigue et la forme me paraissent bien sympa. Mais le sujet de la famine développé comme tu l'indiques, pas trop envie...
RépondreSupprimerJe comprends.:)
SupprimerEncore un que je veux lire ! Amirale ! Dis donc, tu n'arrêtes pas Book trip, j'espère car je veux encore monter en grade !
RépondreSupprimerAhaha, tu n'es pas si loin du grade ultime. Encore 4 points et tu es aussi amirale.;) Je ne compte pas jouer les prolongations pour le book trip en mer, mais je prendrai en compte les derniers billets de novembre si ça déborde un peu sur décembre. Par contre, je reconduirai peut-être le challenge en 2025.
Supprimerprécédent commentaire : claudialucia
RépondreSupprimerMerci ! C'est vrai que c'est toujours un peu perturbant, "anonyme".:)
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