1984
Une relecture motivée par la parution des deux derniers romans de Haruki Murakami, 1Q84 - Livre 1, Avril-Juin et 1Q84 - Livre 2, Juillet-Septembre, référence évidente au fameux roman dystopique de George Orwell, du moins à travers le titre. Pour le contenu, j'ignore si la relecture était indispensable. J'ai pour l'instant zappé tout avis sur ces romans pour me garder la surprise de la découverte. Je fais de toute façon, depuis des années, une confiance aveugle à mon auteur fétiche, et il me tarde de lire ses dernières parutions (bientôt, bientôt!).
Mais revenons-en à ce roman d'anticipation et à cette expérience de relecture.
Pour être honnête, j'ai dû le lire et relire deux ou trois il y a bien 15 ans (GAAAASP!) et j'en gardais un bon souvenir d'incontournable, mais je n'étais franchement pas plus motivée que ça pour m'y replonger parce que
1) incontournable oui, mais pas coup de coeur style livre de chevet,
2) je suis - du moins en ce moment - plus tentée par la découverte de nouveaux livres que par la relecture, même de coups de coeur.
Hé bien quelle claque j'ai prise là en le relisant! C'est vrai, 15 ans ça remonte un peu (GAAASP!), mais là j'avais carrément l'impression de lire 1984 pour la première fois! Ça en est limite inquiétant pour ma mémoire!
Je me souvenais bien des notions de Big Brother, du Newspeak (quoique pas dans les détails), mais le reste, black-out presque total! Je ne peux même pas dire que les événements me revenaient en tête au fur et à mesure, ou que je me souvenais même les avoir lus, c'était vraiment comme si je découvrais ce récit, ses personnages, leur sort, pour la première fois. Pour dire, je n'ai même pas osé relire la 4è de couv' de peur d'y trouver des révélations et pour conserver cette impression de première fois.
Terrible! Et en même temps génial du coup car j'ai trouvé cette lecture prenante, palpitante, angoissante, stimulante, et ce récit a résonné en moi avec une réelle force, différemment je pense d'il y a 15 ans, en suscitant toutes sortes de réflexions que je ne me souviens pas avoir eues à l'époque (ooh, il y en eut, certes, mais pas les mêmes).
La dimension cauchemardesque de cette histoire et le caractère pervers de ce système m'ont vraiment pénétrée par tous les pores. Peut-être suis-je plus sensible aujourd'hui aussi, plus à l'écoute aussi.
Le concept du Newspeak m'a particulièrement marquée pour son ingéniosité diabolique et révélatrice d'un système totalitaire vicieux. Cette langue étudiée pour embrigader les esprits, en réduisant les concepts au minimum au point de ne plus pouvoir penser, réfléchir, puisque le moyen de désigner ces concepts manquent, j'ai trouvé ça très fort vraiment! Sans parler de son pouvoir infantilisant! D'ailleurs à chaque fois qu'on y faisait allusion, cela m'évoquait inévitablement Roald Dahl dans sa façon de s'adresser à ses plus jeunes lecteurs quand il veut leur faire croire au merveilleux.
Je ne m'attarderai pas sur les similitudes que l'on pourrait trouver entre le monde de ce roman et notre réalité, Big Brother est quasiment passé dans le langage courant, un coup d'oeil vers Pyongyang nous confirmera que le cauchemar est réel pour certains, et la relation entre Winston et Julia m'a parfois fait penser à En censurant un roman d'amour iranien de Shahriar Mandanipour.
George Orwell m'a frappée ici comme doté d'un esprit vraiment brillant, pas simplement en tant qu'auteur (cela dit, il a un talent de conteur indéniable), mais il a l'intelligence rare de ceux qui ont bien saisi la nature humaine, le fonctionnement de nos sociétés et les rouages du Système, sans succomber au Côté Obscur pour autant.
Sa perspicacité et son sens de l'observation évident ici m'ont donné envie de lire d'autres de ses oeuvres. J'ai déjà lu Animal Farm, pareil ça date, mais j'ai envie d'explorer d'autres choses. J'avais repéré un livre type reportage dont je n'avais jamais entendu parler, intitulé Dans la dèche à Paris et à Londres. C'est adjugé!
Enfin, il s'agit de ma première relecture depuis des années, et l'expérience est en réalité agréable et intéressante. Il faut juste avoir le "courage" de se replonger dans un roman quand tellement d'autres jamais explorés nous tendent la main, et comme je ressors très satisfaite de cette expérience, ça me motive à relire d'autres lectures lointaines, entre autres Oscar Wilde et Balzac qui me trottent en tête depuis des années...
Vu que je l'ai lu quand j'étais jeune (et donc on ne perçoit pas les choses de la même façon), je suis convaincue de me prendre le même genre de claque que toi quand je le relirai ... parce que je le relirai, c'est sûr !!!!
RépondreSupprimerSurtout que c'est un livre à se prendre des claques à la base!:) Mais j'étais très étonnée du peu de traces que ça m'avait laissé. Je me souvenais de l'atmosphère et du propos général, mais alors pour ce qui était des détails... nada! Et le pire c'est que je l'avais déjà relu au moins une fois à l'époque, ça j'en suis sûre! A un ou deux ans d'intervalle...
SupprimerLes relectures sont une belle expérience, bien sûr pour les romans qui en valent la peine (et 1984 en fait partie) . je l'ai lu il y a longtemps (avant 1984 c'est dire, gloups) et me souviens que c''était pessimiste (et une histoire de rat, brrrr!)
RépondreSupprimerPour Murakami, tu verras?
Et que lis-je? Balzac? Tu es engagée devant la blogosphère, maintenant!^^
Ah ben tu vois, tu as une meilleure mémoire que moi parce que l'histoire du rat, je ne m'en souvenais absolument pas!! Et pourtant ça m'a marquée là en la lisant!(probable que j'ai volontairement oublié, effacé ce passage de ma mémoire )
SupprimerLa Room 101 était un vrai mystère pour moi, même si je me doutais un peu de son symbolisme.
Oui, Balzac j'aimerais vraiment relire au moins La peau de chagrin. Celui-là je l'avais lu quand j'avais 14 ans je pense, alors, euh, je ne sais pas trop ce que va donner la relecture.^^
Pas lu, mais un peu fantastique, non? Balzac offre de ces surprises, tu sais...
SupprimerOui, un petit côté Dorian Gray dans mon souvenir, c'est pourquoi j'ai envie de relire ces deux-là spécifiquement. J'aimais bien Balzac à l'époque, pareil, comme avec Zola, j'ai eu une période où je les enchaînais, mais c'est loin tout ça, ouhlaaa! :)
SupprimerIl me semblait avoir apperçu sur FB que tu craignais la rédaction de ce billet ?... Il est impeccable. Je te rassure tout de suite... La 15 ans qui sépare ta lecture et les impression, ce n'est pas une question de mémoire éffilochée mais une question de maturité !!!
RépondreSupprimerbon, moi, je ne l'ai jamais lu ce livre puisque depuis l'an 1, je fuis les classiques (hormis Maupassant). Mais franchement là, tu m'as bien donné envie !
Non, non, je ne craignais pas la rédaction de ce billet mais j'avais une flemme folle de faire des phrases sujet/verbe/complément à partir de mes bribes d'impressions que j'avais jetées en brouillon.;) Des fois j'aimerais publier mes billets sous leur format télégraphe!
SupprimerOui, pour les impressions, il y a clairement une question de maturité, de vécu disons plutôt, mais par contre, réellement je n'avais plus le souvenir de la plupart des événements et personnages...
Je t'encourage à le lire, c'est un classique de l'anticipation, rien à voir avec les classiques classiques, et ça suscite tellement de réflexions sur notre monde et la nature humaine que même là je cogite encore!
Je l'ai lu il y a quelques années mais j'avoue avoir été un peu déçue par ce roman mythique. J'ai essayé de le lire en gardant en mémoire le contexte de sa parution mais je me suis tout de même ennuyée en le lisant...
RépondreSupprimerJe n'ai pas le souvenir de m'être ennuyée en le lisant il y a quelques année, mais pas non plus le souvenir d'une lecture palpitante et prenante, or là j'ai trouvé le récit vraiment captivant.
SupprimerSi tu le relisais, tu le vivrais peut-être différemment? Bon, en même temps, il n'est pas né le livre qui échapperait à la loi des goûts et des couleurs.