lundi 21 septembre 2015

BARTLEBY, THE SCRIVENER


BARTLEBY, THE SCRIVENER
                     A STORY OF WALL STREET

( BARTLEBY LE SCRIBE )

L'histoire hallucinante d'un copiste atypique, déroutant, dérangeant (copiste ici mais ça pourrait être tout employé de bureau), et de son non moins atypique patron, un homme de loi qui officie dans le Wall Street du XIXè siècle.

Une réplique a priori mythique, le fameux et sciant "I would prefer not to" (que je découvre en fait) (inculture, bonjour !), car oui, notre Bartleby, quand il n'a pas envie d'effectuer une tâche, il ne l'effectue pas, et quand on lui demande la raison de son insubordination, il vous répond tout simplement, sans arrogance, sans défi, sans gêne et sans peur, "I would prefer not to".

Voilà qui laisse perplexe et sans voix notre employeur qui n'a jamais été confronté à pareil cas, un cas pour lequel il semble (étonnamment) ne se présenter aucune solution. On pourrait se dire, mais pourquoi ne vire-t-il tout simplement pas cet individu ? Heeey heey mais oui, mais c'est que ce n'est pas aussi simple !

Une histoire cocasse, inattendue venant d'Herman Melville, principalement connu pour sa baleine, Moby Dick, récit qui n'a rien de particulièrement hilarant ou vaguement amusant à ma connaissance. J'ai du coup été très agréablement surprise par le ton du récit ici, savoureux, emprunt d'un humour malicieux et plein d'ironie. J'ai adoré l'excentricité de son petit monde, notamment les deux autres copistes, la façon dont il campe ses personnages et les met en scène, le cheminement de pensée de l'employeur dans son impuissance (excellent !), l'absurdité de la situation (délectable !), la logique de son évolution (implacable !). On oscille entre amusement et cauchemar glaçant. La situation, pour absurde qu'elle soit, ne laisse en tout cas pas indifférent et intrigue fortement.

Un récit court, une nouvelle même, d'une soixantaine de pages, plus ça aurait été lassant car si le personnage nous amusait au début, il finit par taper un peu sur les nerfs, et son employeur aussi dans son impuissance à venir à bout d'un pareil phénomène. D'autant plus qu'au final, ET LÀ, ATTENTION SPOILER, il n'y a pas vraiment d'explication à l'attitude de ce personnage, et ça, c'est rageant.

La fin m'a laissée perplexe. J'ai lu et relu les dernières pages pour voir s'il ne m'avait pas échappé quelques indices, mais à mon grand dam, non ! Ou peut-être suis-je passée à côté ? Dommage car je sors de ce récit qui m'avait enchantée et amusée au début, assez déçue, comme laissée en bord de route, exactement le genre de sentiment de vide que je ressens à la lecture d'une nouvelle à la chute qui ne chute pas vraiment (typiquement ce pourquoi j'ai beaucoup de mal avec les nouvelles).

Une lecture qui vaut tout de même le détour pour son côté cocasse, un brin absurde, avec Bartleby et son "I would prefer not to" et l'impuissance de son entourage à l'en déloger, mais la moralité de l'histoire m'a échappée. Dommage...

10 commentaires:

  1. Bon, voilà, tu as lu un classique quand même incontournable, et connu ce I would prefer not to (qu'il te reste à tester au boulot, mais je ne garantis rien)

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    1. Haha ! Cela dit il en existe dans le monde du travail qui le pratique (et j'en connais/en ai connus), généralement ceux qui sont là depuis des années, et qu'on laisse tranquille.:-) Mais je doute qu'ils soient dans le même état d'esprit que notre Bartleby. Lui, c'est une véritable philosophie, les autres, c'est de la provoc' que j'associe à une forme de désespoir.
      Ouep, un classique de 60 pages qui vaut bien le détour !

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  2. Mouais. Même pas la peine de lever mon bouclier, tu ne m’auras pas tenté sur ce coup-là :)

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    1. Pfffrt, toi qui apprécie les nouvelles, c'était une belle occase ! Malgré la fin qui m'a laissée perplexe (mais ça se trouve tu la trouverais brillante), je maintiens que c'est un classique qui vaut le détour.;-)

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  3. Bonsoir A_girl, il faudrait que je relise cette nouvelle qui m'avait plu. J'ai eu aussi l'occasion de la voir interpréter sur scène par Daniel Pennac il y a quelques années, un joli moment de théâtre. Bonne soirée.

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    1. Aaaah ? Ça devait être intéressant à voir joué au théâtre en effet ! C'est en tout cas une nouvelle remarquable et qui me marquera longtemps, malgré cette fin un peu floue pour moi. Bonne soirée.

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  4. Je ne connaissais pas cette fameuse expression : I would prefer not to ! Mais faudrait que je l'utilise désormais ! En plus, ça fait chic !

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    1. C'est vrai ! Le tout est dans le ton et l'attitude aussi.:-)

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  5. "Je préfèrerais pas"... Je l'ai lu bien sûr, mais aussi vu au théâtre il y a quelques années, monologué par Daniel Pennac himself (qui en avait choisi les extraits)...
    Merci pour ton commentaire

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    1. Ah ça, s'il repasse au théâtre, je pense que je ferai le déplacement !

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