samedi 8 décembre 2018

DEMAIN C'EST LOIN


DEMAIN C'EST LOIN

Un titre qui ne veut rien dire, absurde, voire à deux doigts du foutage de gueule, même si on croit y déceler un trait d'esprit au premier coup d'oeil, et qui interpelle précisément pour cette raison. Un auteur qu'on sent dans l'envie de délirer et sans forcément faire dans la dentelle... Lecture divertissante en vue donc. 
C'est toujours bon à prendre mais je ne m'y serais pas forcément arrêtée si je n'avais repéré, dans le billet de Jérôme, qu'il y était question "des mésaventures d'un certain François Feldman, pas le chanteur mais un trentenaire au nom juif et à la tête d'arabe qui a grandi parmi les racailles d'une cité lyonnaise et qui se retrouve malgré lui en cavale dans la voiture de sa banquière avec une bande de dealers aux trousses."

Ça paraissait un peu chargé comme intrigue, on prend tous les extrêmes possibles et on touille, pas trop le genre de contexte qui me parle en plus, dealers & co, mais rien que l'image d'un François Feldman dans un roman m'a amusée. Je sais, il m'en faut peu parfois. À cela s'ajoutait l'idée d'un "scénario déjanté d'une redoutable efficacité même s'il ne brillait pas par sa finesse". Moi ça me va bien ça, de temps en temps, du moment qu'on sait dans quoi on s'embarque. "Un polar divertissant, sans temps mort ni prise de tête et surtout très drôle. Du trash marrant, trivial, survolté, politiquement incorrect."
C'est un peu le genre de romans qu'on lit en déposant son cerveau mais qui demande d'être moins passif que lorsqu'on regarde un film léger. 

Alors, bien sûr, il faut être d'humeur, parce que ce qui passe plutôt bien quand on n'est pas trop dans un trip intellectuel, peut vite paraître grossier, vulgaire et tristement caricatural. 
Mais ce polar se déroule dans un rythme effréné qui ne vous laisse pas vraiment le temps du sens critique. À ma grande surprise, j'ai vu que je lui avais mis 4/5 étoiles sur Goodreads (lu il y a un peu plus d'un mois) alors qu'aujourd'hui, il m'en reste un souvenir de "sympa, divertissant et efficace - mais pas non plus parmi mon top 10 de mes lectures de l'année". J'avais tout de même précisé :
"Plus un 3,5-3,75/5 étoiles mais je ne pouvais pas le laisser à 3 étoiles comparé à d'autres lectures 3 étoiles. Quel bagout ce Schwartzmann, quelle verve ! Aaah ça pour claquer, ça claque ! Et naturel avec ça. On ne sent pas l'effort de style, ça coule tout seul."

Pour en revenir à l'intrigue, certes elle est des plus improbables (le tandem "la racaille et la banquière", il fallait le faire... haute prise de risque), m'enfin, on tourne tout de même la dernière page en se disant "ma foi, je n'aurais pas cru mais il s'en sort quand même bien le bougre. Intrigue rondement menée et tout en cohérence. J'ai fini par croire aux personnages et à leur histoire capillotractée, je regrette presque que ça s'arrête là."

Je comparais ce roman à un film léger/divertissant plus haut mais cette lecture m'a également fait penser à un one-man-show où l'auteur raconterait les mésaventures de ce fameux François Feldman en l'incarnant. Un vrai sketch ce livre, autant dans le sens de la dérision et de la répartie du personnage principal, ses réflexions, que dans les situations cocasses et extravagantes qui s'enchaînent,  et dans les personnages quelque peu caricaturaux. Mais ce qui fait la saveur de ce livre, c'est vraiment le ton, un franc-parler-et-penser irrésistible doublé d'un humour irrévérencieux non-stop qu'on ne pourrait pas vraiment qualifier de fin mais qui fait mouche à tous les coups, pour peu qu'on soit bon public !

Un extrait parmi d'autres (et celui de Jérôme vaut le détour) :
"L'islam ne s'est pas radicalisé, c'est la radicalité qui s'est islamisée. Les petites racailles se sont trouvé un discours, mais leur vraie quête, c'est d'être vus. C'est du terrorisme Afflelou. Du coup ils vous font un Bataclan et, depuis leurs ténèbres, semblent vous demander : Et là, tu m'as vu ou bien... ?"

L'auteur
À 20 ans, Jacky Schwartzmann, né à Besançon en 1972, a lu tout Arthur Rimbaud et connaît tout de NTM. Puis les petits boulots s'enchaînent, un parcours à la fois schizophrène et formateur. Demain c'est loin est son troisième roman : électrique, violemment drôle et toujours aussi politiquement incorrect.
Intègre le  

20 commentaires:

  1. Hé bien, après Jérôme, ça passe! Si je le vois, j'essaie! Cela m'a l'air bien dans le décapage.

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  2. J'ai fait l'expérience avec la Daronne, c'est vraiment un milieu qui m'ennuie et même si tu sembles avoir changé d'avis en cours de lecture, ça ne me tente vraiment pas ( même chose en film, l'un des rares genres que je ne supporte pas = films sur les barons de la drogue et autres qui ont la côte...)

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    1. Ce n'est pas très exactement le même contexte que la Daronne, c'est pour ça que je n'ai pas voulu faire l'analogie, même si ce roman m'y a fait penser par moment (mais c'est surtout par rapport au ton et à l'humour un brin caustique). On n'est pas vraiment dans le milieu de la drogue et l'intrigue ne tourne pas du tout autour de ces aspects. C'est juste l'histoire d'un gars qui a grandi dans une banlieue un peu chaude, et qui, de fait, connaît quelques dealers et autres racailles, mais ça, ce n'est vraiment qu'un détail dans l'histoire. Son fil conducteur n'a rien à voir avec le trafic de drogue.;-)

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  3. Hé bien, pourquoi pas ? Mais il faut être d'humeur, c'est sûr ! ;-)

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    1. Oui, voilà, il faut être très très ouvert à tous les possibles au moment où on aborde ce roman.;-)

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  4. Pas sûre du tout que cela me plaise. Je vais tester avec La Daronne d'abord;-)

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    1. Peut-être que La Daronne passerait mieux en effet. C'est plus conventionnel en tout cas, plus cadré, même si on pourrait caser ces deux livres dans le même genre un peu électrique.:-)

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  5. il est dans ma PAL, à m'attendre. J'ai adoré Mauvais coûts mais il faut se préparer psychologiquement à ce genre un peu à part. ça me fait assez délirer, de temps en temps, pour me plaire… (http://doucettement.over-blog.com/2018/02/mauvais-couts-de-jacky-schwartzmann.html)

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    1. À la lecture de ton billet et des extraits choisis, si tu as été "charmée" par "Mauvais coûts", "Demain c'est loin" devrait passer sans problème.^^ Mais je suis d'accord, on n'enchaîne pas vraiment ce genre de lecture, même si c'est assez jubilatoire, il faut attendre le bon moment.

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  6. Quand j'ai vu le mot déjanter dans ton commentaire je me suis dis que ça aller forcément te plaire. Pour moi pas pour le moment.

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    1. Oui, je suis assez friande du déluré et déjanté, mais j'ai mes périodes aussi.:-)

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  7. Chouette ! Voilà une participation à mon challenge. Ça me fait plaisir, merci.
    Un livre un peu particulier, je pense. Je ne le connais pas du tout.
    Bon dimanche.

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    1. On est assez loin du polar traditionnel, c'est certain.^^
      Vivement l'annonce du prochain challenge !! Bon dimanche.

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  8. Oh oh, ça semble bien sympa ce truc là... Deposer son cerveau, c'est bien surtout si on ne tombe pas dans une mièvrerie etc... Si ca fille bien et à 4ème vitesse, je prends !

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    1. Ça trashe bien aussi, je préfère prévenir.:-) Mais on n'a pas vraiment le temps de s'en rendre compte une fois qu'on a embarqué dans le wagon tellement ça fuse.^^

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  9. Il s'en sort bien, oui, il aurait clairement pu s'en sortir bien plus mal, on est d'accord. Mais Mauvais Coûts est selon moi un voire deux crans au-dessus.

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    1. Violette a adoré aussi. Je ne pense pas lire tous les romans de cet auteur mais quand j'aurai besoin d'une petite dose de trash déjanté avec du fond quand même, je penserai à Mauvais coûts.^^

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