dimanche 22 août 2021

LA PROMESSE


LA PROMESSE

        REQUIEM POUR LE ROMAN POLICIER

traduit de l'allemand (Suisse) par Armel Guerne

C'est Violette qui m'a donné envie de découvrir ce fameux Dürrenmatt depuis qu'elle a lu La Panne et le Juge et son bourreau. Ce qu'elle en disait me laissait entendre que je pourrais bien être conquise moi aussi : romans créant délicieusement la surprise, ironie, ton cynique, belles chutes, très jouissif.
J'ai vainement cherché un de ces deux titres dans une de mes bib', puis j'ai fini par me résoudre à lire ce court roman qu'une personne avait abandonné (ou gracieusement offert) sur une des étagères de mon lieu de travail.

Le postulat de départ me parlait assez (extraits de la quatrième de couv - les lisant toujours en diagonale, ce sont les passages qui se sont imprimés dans ma tête et m'ont convaincue que ce roman pourrait me plaire) :
"Autopsie d'un meurtre. La Promesse fait l'anatomie d'une idée fixe. [...] Pour mettre la main sur le coupable, il [le détective] choisit la folie comme méthode et son raisonnement est simple : "Je ne sais rien de l'assassin. Il m'est impossible de le rechercher. Ce que je peux chercher par contre, c'est sa prochaine victime." Le détective mettra toute son énergie au service de son idée fixe, faisant de sa vie entière le décor d'une pièce - d'un piège ? - qui n'attend plus que le principal acteur, le criminel recherché."

Pour parler de ce roman de façon moins cryptique, disons que l'histoire est celle d'un policier d'excellente réputation à qui la mère d'une jeune fille retrouvée morte dans la forêt a arraché la promesse de retrouver son meurtrier. Très vite, l'homme qui a alerté la police se profile comme le coupable idéal. Il finit par admettre son crime après un long interrogatoire et se pend dans sa cellule. L'affaire est classée. Mais pas pour Matthieu, le policier, convaincu que le coupable est quelqu'un d'autre. Il se lance alors dans une enquête privée pour trouver le meurtrier, et au moment où commence véritablement le récit, cela fait plusieurs années qu'il le cherche, ou plutôt, qu'il l'attend, à une station-service, empestant l'alcool, sale, dépravé et presque fou...

Dès les premières pages, j'ai été envoûtée par l'atmosphère de cette intrigue, pas tout à fait poisseuse, mais nimbée de mystères qui laissent quelques mauvais pressentiments, accentués par les clins d'oeil assez inattendus au Petit Chaperon rouge. Dürrenmatt nous scotche à son récit jusqu'au dénouement d'une noirceur et d'un cynisme absolus !
Ah cette fin, sacrée chute !

Ce livre a été publié en 1958, et on le sent dans l'écriture (même si c'est une traduction), un brin surannée. Il y a une élégance naturelle dans la tournure des phrases et l'emploi des mots qui est absolument exquise, et en même temps, rien de guindé, c'est fluide et vif, les dialogues en particulier.
 
Un extrait
"Cette antichambre, j'aurais mauvaise grâce à le nier, était dans un désordre épouvantable, et l'on pouvait y voir quantité de livres au milieu des dossiers ; je professe l'opinion que c'est un devoir qui incombe à chacun, dans notre pays d'ordre et de propreté, de se ménager quelque part, de constituer par principe de petits îlots de désordre, quand bien même ce ne serait qu'en cachette."

Mon avis Goodreads
En vrai, c'est excellent à tout point de vue (intrigue, narration, noirceur et ironie), je pourrais mettre 5/5 étoiles. L'étoile en moins, c'est peut-être juste que ça ne correspondait pas très exactement à ce à quoi je m'attendais à la lecture du résumé qui m'avait fait miroiter quelque chose d'encore plus dément - mais ça l'était déjà assez comme ça.^^ 
Une chose est sûre, je reviendrai à Dürrenmatt dont c'était mon premier.

À noter que ce roman court s'est inspiré du scénario du film "Ça s'est passé en plein jour" (1958) dont Dürrenmatt est le principal co-auteur. Il a été ensuite adapté à l'écran sous le titre "The Pledge" par Sean Penn en 2001, avec Jack Nicholson dans le rôle principal.

L'auteur
Friedrich Dürrenmatt, né en 1921 à Konolfingen, dans le canton de Berne, et mort en 1990 à Neuchâtel, est un écrivain, auteur de roman policier, dramaturge et peintre suisse de langue allemande.

12 commentaires:

  1. Après ce billet, on n'est pas censé résister... Je ne connais l'auteur que de nom!

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    1. Moi aussi avant, et je l'associais surtout aux pièces de théâtre.

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  2. Eh bien toi aussi tu donnes vraiment envie de lire Dürrenmatt. Il n'y en a pas sur mes étagères malheureusement, ça devra attendre. Bon dimanche.

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    1. Comme tous ces livres qui ne sont pas sur nos étagères et qui nous tentent.:)
      Bon début de semaine.

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  3. J'ai lu il y a trrrrèèèèèès longtemps Grec cherche Grecque. Je note ce titre, facile de se le procurer en poche.

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    1. Je viens de lire le résumé et quelques extraits. Ouuuh il me tente terriblement aussi celui-là !

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  4. Oh je viens de lire un policier suranne aussi, mais tout aussi bien donc tu me donnes envie lala...;)

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    1. Je pense qu'il te plairait bien.:) Il vaut le détour en tout cas.

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  5. Je ne connais pas mais tu donnes envie !

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  6. Je ne connaissais pas, mais tu me donnes bien envie là !

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