vendredi 11 février 2022

COMMENT CUIRE UN OURS


COMMENT CUIRE UN OURS

traduit du suédois par Françoise et Marina Heide

Une couverture fatale (je résiste mal aux ours...), un titre singulier qui semblait plus facétieux qu'à prendre au premier degré, un résumé intrigant qui présente un roman aux accents historiques (l'intrigue se déroule en 1852 dans le grand nord suédois) et policiers ("une servante est retrouvée morte dans la forêt, le commissaire s'empresse d'imputer l'odieux crime à... un ours") - tiens, un commissaire au 19e siècle en Suède ? Et donc il y a vraiment un ours dans l'histoire ? Autant dire que ma curiosité était piquée au vif ! 😆 "Lars Levi Laestadius, botaniste émérite et pasteur charismatique du petit village de Kengis, ne croit pas un instant à la théorie de l'ours meurtrier, et fort de son intuition et de son savoir scientifique, décide de mener l'enquête avec Jussi, un jeune garçon sami qu'il a recueilli, quitte à s'attirer les foudres des autorités locales."

Une très très belle surprise au rayon suédois ! C'est à la fois assez poétique et férocement drôle et noir, je ne m'y attendais pas du tout, et surtout, c'est complètement dépaysant culturellement. J'ai rarement eu cette sensation de façon aussi forte et grisante.
J'ai appris énormément sur la Suède (plus précisément le Norrland) et le racisme envers les Samis (péjorativement appelés Lapons) au 19e siècle. La culture same n'est pas explorée en profondeur ici mais les quelques éléments qui nous sont partagés m'ont paru fascinants. Une grande part est faite aussi aux problèmes liés au mouvement religieux fondé par le pasteur, dont la rigueur est mal tolérée par les villageois plus favorables à l'alcoolisme et l'athéisme. Comme le dit le résumé, c'est "une peinture sociale de la Suède du 19e siècle mais aussi un roman policier", avec meurtres et enquête, menée avec brio et de façon particulièrement originale. L'intrigue est vraiment surprenante de page en page.

Ma lecture commence à remonter quelque peu, c'est une de mes dernières de 2021, et il me semble (je n'en jurerais pas) que le dernier quart du roman était quelque peu déroutant, certains passages du moins, me reviennent en tête comme obscurs, voire désagréablement tragiques, mais ce qui m'aura véritablement marquée, c'est le plaisir insolite et le dépaysement intense qu'il m'a procurée tout le long.

À noter que ce roman est inspiré du récit autobiographique en langue same d'un auteur anonyme, publié aux alentours de 1890 dans l'extrême nord de la Norvège, décrivant de l'intérieur la culture locale. Par ailleurs, le pasteur Lars Levi Laestadius a vraiment existé.
Mikael Niemi, "l'auteur de ce roman, a grandi à deux pas de l'ancien presbytère de Pajala, où Lars Levi Laestadius a vécu avec sa famille jusqu'à sa mort, en février 1861, à l'âge de 61 ans."
(information que ne prend sa valeur qu'une fois le livre terminé, autrement, je conçois qu'elle puisse laisser de marbre 😂)

Un petit extrait pour conclure :
"Elle roula un peu les épaules.
- Ça va plutôt bien, dit-elle. Mais pourquoi faut-il que l'âge aille se fourrer là ?
- Hmm...
- Pourquoi le bon Dieu a-t-il donné aux hommes des articulations aussi mal fichues ? Tu pourrais en tirer un sermon, un de ces jours.
- Il n'y a pas grand-chose sur les rhumatismes dans les Écritures.
- Des pages entières sur les lépreux, les aveugles, les paralytiques et les infirmes, les sauterelles et le Déluge, mais rien sur les vieilles rhumatisantes ? Le Seigneur n'aurait-il pas oublié un chapitre ?"

L'auteur
Né en 1959 à Pajala dans les contrées du grand nord de la Suède, Mikael Niemi est romancier et poète. En 2000, il acquiert une renommée internationale avec la publication de son premier roman, Le Goût du baiser d'un garçon, vendu à plus d'un million d'exemplaires et lauréat du prestigieux prix August.

12 commentaires:

  1. Et bin deja un sacre titre....et tout un polar social....cela pourrait me plaire....ouiii

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    1. Je pense que tu pourrais bien apprécier, oui.;)

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  2. J'ai déjà lu, grâce à toi, une histoire d'ours (abattu dans les rues de Naples), et celle-ci a l'air aussi cocasse. Tu m'as de nouveau convaincue !

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    1. Aaah oui, quelle belle surprise aussi cette histoire napolitaine, un autre titre complètement tiré par les cheveux d'ailleurs !^^ Bon, ici on n'est pas dans le cocasse pur mais certains passages m'ont franchement amusée. Je pense que tu apprécierais, oui.:)

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  3. Voilà encore un titre bizarre ! Je me demande où tu vas les chercher. C'est bien rare quand je connais les livres que tu présentes !
    Bon weekend

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    1. Ce sont ces livres qui me trouvent, on va dire.;) Mais je pourrais presque te retourner la même phrase.;) Bon weekend !

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  4. Les ours m'attirent aussi et figure toi que le bouquin est à la bibli!
    Au fait, tu as vu ça?
    https://www.francetvinfo.fr/meteo/climat/russie-les-photos-de-lile-aux-ours-polaires-font-le-tour-du-monde_4943100.html

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    1. Amusant, enfin, d'un certain point de vue.;) La signification de cette réalité est plus tragique. Je viens de finir le Norek et cette vidéo m'y a fortement fait penser.

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    1. Il y avait pas mal d'autres dialogues et réparties dans le genre.:)

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  6. Ah bon, tu n'as pas pris le titre au premier degré !!! Pourtant dans nos vies de tous les jours, ça peut être très utile ! Trêve de plaisanterie, plus que tentant ce roman, tu listes moult de bons arguments !

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    1. Je pense que ça pourrait bien te plaire, oui. Et figure-toi que dans l'intrigue, cette histoire d'ours n'est pas si second degré que ça.^^ Mais je n'en dis pas plus.

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