ÍMAQA
traduit du danois par Inès Jorgensen
Un roman sur les Inuits du Groenland, même si ce n'est pas une thématique vers laquelle je me ruerais systématiquement, ça m'intéressait tout de même, précisément parce que je n'ai que des connaissances vagues sur leur histoire et leur culture. En revanche, pour ce qui est de leur réalité actuelle, ce roman ne nous éclairera pas vraiment car il a été publié en 2000 et son histoire se déroule dans les années 70, ce qui commence à remonter quelque peu.:)
Qu'importe, c'est déjà une porte d'entrée dans le milieu inuit, et puis le postulat de départ de l'intrigue me parlait bien :
Martin, instituteur danois idéaliste et en rêve d'aventures, obtient sa mutation au Groenland. Il prend ses fonctions à Nunaqarfik, un petit hameau au nord du cercle polaire, "armé de bonnes intentions mais encombré de sa mauvaise conscience coloniale et de ses idées préconçues. Au fil des mois et des rencontres, Martin découvre une communauté solidaire, dont la vie s'organise en fonction de la nature environnante - et pas malgré elle."
Choc des cultures, rencontre des civilisations, là on était en plein dans mes thématiques de prédilection. J'ai beaucoup aimé cet aspect-là de l'histoire, je l'attendais et je n'ai pas été déçue. Et puis cette histoire qui se déroulait "dans des conditions extrêmes" était de saison, même si je la vivais sous le confort (et la chaleur) de mon plaid.^^
J'ai bien sûr apprécié aussi l'aspect culturel de ce roman, très instructif sur les Inuits et le contexte au Groenland dans les années 70. J'ai beaucoup aimé la forme de sagesse qui se dégageait de leur mode de vie et de leur façon de voir le monde, leur philosophie à la carpe diem, leur sens de la convivialité et de la solidarité, leur façon de rire de tout (dans ce livre du moins), qui masque aussi une certaine misère et détresse. J'ai eu l'impression qu'ils noyaient la rudesse de leur vie dans les fêtes et la danse, et les bouleversements liés à leur changement de vie sous la colonisation danoise, dans l'alcool. Car dans ce livre, on rit beaucoup de situations désopilantes mais on fait face aussi à des réalités plus graves et tragiques affectant les Inuits, et sous couvert d'un humour loufoque, l'auteur, Flemming Jensen, dénonce les ravages de la colonisation du Groenland par le Danemark et questionne l'impérialisme culturel contre la conservation des traditions.
De l'auteur, j'avais lu Maurice et Mahmoud, catégorie roman divertissant et cocasse, dont l'humour m'avait toutefois lassée assez vite (Flemming Jensen est un humoriste danois, et ce type d'humour parfois un peu forcé, exagéré, gaguesque, se ressent un peu). Ici, son humour est vraiment bien passé tout le long mais j'avoue que par moment, on ne sait plus trop ce qui est exagéré de ce qui est purement factuel, tellement quasi tout est tourné en dérision. Voilà pour mon petit bémol.
À noter qu'ímaqa veut dire "peut-être".
"Lorsqu'on se trouve face à une situation difficile, qui exige un choix ou une décision claire, alors s'impose le mot "ímaqa" - pas "parce que" comme dans la plupart des langues d'Europe occidentale."
Quelques extraits :
Le poème d'ouverture, "Perdre son coeur" que j'ai trouvé très beau, qui m'a même étrangement touchée, moi qui ne suis pourtant pas très poème à la base (mais il n'en a pas vraiment la forme, c'est peut-être pour ça que c'est bien passé.^^) Le voici en début d'extrait de ce roman si vous souhaitez le lire.
"Les difficultés ne sont pas un obstacle - au contraire : elles sont le chemin. Si l'on évite les difficultés, on n'arrive pas au but.
Au Groenland, pépins et tracasseries sont interprétés positivement - et, si c'est vraiment grave, avec humour.
Puisqu'on ne s'y attendait pas.
Alors forcément ça fait rire !"
"- Comment ça va, sinon ? Tu t'es adapté ?
Martin était content de changer de sujet et de pouvoir répondre positivement. Il n'avait rencontré que gentillesse, serviabilité, hospitalité - tout ce qu'un immigré turc peut souvent chercher en vain dans une petite ville ordinaire du Danemark."
Cette lecture me fait penser à un film " une année polaire ", très réussi, presque documentaire, racontant un instituteur danois au Groenland, comment il va découvrir son " statut de colon ", les efforts qu'il va faire pour découvrir la culture.
RépondreSupprimerÇa y ressemble beaucoup mais je suppose que les expériences de tout instituteur danois muté au Groenland sont assez similaires à celle-ci (le côté gaguesque en moins peut-être).^^ Je viens de regarder la bande-annonce, ça a l'air de valoir le détour rien que pour les paysages à couper le souffle, beaucoup plus parlants visuellement qu'à la lecture !
SupprimerOui, j'ai oublié de préciser que ce film est inspiré d'une histoire vraie. Il y a une grande tendresse, et effectivement, un véritable hommage aux paysages ( ainsi que de l'humour avec les " déconvenues " de l'instituteur qui croit que tout va être facile ^^ )
SupprimerAh il y a de l'humour aussi ! Ça ne se ressentait pas trop dans la bande-annonce alors c'est bon à savoir. Je vais essayer de voir si je peux mettre la main dessus.
SupprimerLe documentaire serait l'adaptation du roman, je ne sais pas?
RépondreSupprimerTu sais que j'ai beaucoup aimé imaqa, en partie roman, mais bien documenté (et drôle)
Je viens de vérifier. Le réalisateur s'est inspiré de plusieurs sources, dont Ímaqa en effet, mais ce n'est pas une adaptation directe. D'ailleurs c'est un mixte entre docu et fiction, l'instituteur "jouant" son propre rôle. Ce qui me paraît intéressant c'est que ça se déroule de nos jours cette fois mais le contexte a l'air assez similaire à celui du livre (ça a l'air moins drôle ceci dit^^).
SupprimerJ'avoue me ruer sur les romans de Jorn Riel....c'est une ambiance que j'adore....la civilisation des Inuits....alors je note ce livre...oh oui, cela devrait me plaire
RépondreSupprimerDe Riel, j'avais adoré ses racontars ! C'est un peu la même ambiance ici, oui, je pense que ça pourrait bien te plaire.:)
SupprimerJe ne suis pas trop ses racontars.....justement plutot ses romans...plus complets....;)
SupprimerOui il me semblait que tu m'en avais déjà parlé. Il faudra que je tente ses romans de mon côté.:)
SupprimerJe pense aussi.....lala je vais recevoir son dernier roman...ouiii bien hate a lire
SupprimerAaah tu as encore cédé à un achat, haha !
SupprimerDes tonnessssssssss...bientot sur IG....lol
SupprimerJe viens de craquer pour l'achat d'Evangelia de David Toscana.^^ Mais je le lirai en mai je pense. Il fallait quand même qu'il soit dans ma PAL dès maintenant, haha !
SupprimerOh oh on pourrait prevoir une LC alors.....;)
SupprimerOh yes, avec plaisir !
SupprimerYesss...et une de plus....lol
SupprimerCe genre de livre, qui nous emmène dans des contrées que nous ne connaissons pas et qui sont si loin de notre quotidien, ne peut être qu'intéressant !
RépondreSupprimerVoilà, je me laisse assez facilement embarquer dans ce genre de livre.:)
SupprimerIntéressant sans doute, mais l'histoire du Groenland dans les années 70, ce n'est pas trop ma tasse de thé.
RépondreSupprimerBonne fin de semaine.
Ce n'est pas vraiment l'histoire du Groenland, mais celle d'un instituteur danois qui y est muté par choix et qui y découvre la culture inuite. C'est assez différent tout de même.;)
SupprimerMoi, c'est une thémtique que j'aime beaucoup; J'avais vu une pièce de théâtre sur leur culture (Inouk) et lu le roman d'os et de pierre de Cournut que j'avais beaucoup aimé :-) Je note celui-là !
RépondreSupprimerAh oui, on a beaucoup parlé du roman de Cournut. Je n'ai pas cédé à la tentation pour l'instant mais s'il me prend la lubie d'un book trip dans les pays glaciaux un jour...^^
SupprimerPourquoi pas, mais j'avoue que la référence à Jorn Riel me freine un peu, je n'avais pas aimé le Racontars que j'ai lu (il y a longtemps - peut-être que ça me plairait aujourd'hui)
RépondreSupprimerJe n'ai pas lu tous les racontars de Riel mais certains m'avaient moins enthousiasmée que d'autres. Je pense que c'est plus l'aspect nouvelles, assez inégales, qui finissent par me lasser sur la longueur mais j'ai bien aimé l'esprit général tout de même. Comme il y a un peu ce même côté loufoque, peut-être que tu n'adhèreras pas non plus ici.
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