mardi 18 avril 2023

THE STAR ROVER


THE STAR ROVER

( LE VAGABOND DES ÉTOILES )

Jack London est un de ces auteurs qui m'a toujours impressionnée par la diversité et la qualité de ses oeuvres. Il m'avait déjà mis une claque avec Le Talon de fer, mais c'est avec Martin Eden que je l'ai élevé au rang d'auteur chouchou. Je n'arrive pas à retrouver sur la blogosphère quel fut le billet ou le commentaire déclencheur il y a 2 ou 3 ans, mais quand j'ai vu un enthousiaste manifeste autour du Vagabond des étoiles dont le thème me parlait, un prisonnier qui s'évade de sa condition par les pouvoirs de l'imaginaire, je n'ai pas hésité une seconde à le noter. Et puis ce titre (traduction littérale de l'édition américaine), si sobrement poétique ! Bon, le titre de l'édition anglaise, The Jacket (la camisole de force) annonce un peu plus la couleur.

"Injustement condamné et confiné dans l'espace le plus surveillé d'une prison, Darrell Standing, sorte d'alter ego de London (lui-même incarcéré en 1894 pour vagabondage), va réussir l'exploit de s'évader ! Il le fait magistralement en revivant par la pensée ce que furent ses vies antérieures : naufragé sur une île déserte, légionnaire en Palestine, viking à bord d'un vaisseau guerrier, gamin assistant au massacre d'une caravane de pionniers ou même époux d'une princesse coréenne."

Ce qui manque à ce résumé de l'éditeur qui va toutefois à l'essentiel comme j'aime, ce sont les conditions effroyables de détention que London s'applique à décrire comme la terrible réalité de l'univers carcéral aux États-Unis au début du 20e siècle : cellule d'isolement, camisole de force pendant des jours, voire des semaines, maltraitance et violences physiques sur les détenus, certains condamnés parfois pour des raisons très futiles, injustice et inhumanité de ces traitements. 

Faute de pouvoir s'échapper physiquement de cet enfer et pour y survivre mentalement, Standing s'évade par la pensée en revivant ses vies antérieures. En les revivant et non en les imaginant. Car lui est absolument convaincu d'avoir été réincarné plusieurs fois et de revivre ces vies, et certains faits en cours d'intrigue semblent confirmer cet étrange phénomène, ce qui est parfois troublant pour le lecteur sceptique, soutenu dans ses doutes par un autre prisonnier incrédule. Standing n'aurait-il pas tout simplement recourt aux pouvoirs de l'imaginaire pour échapper à son supplice quotidien ?
J'ai trouvé très intéressant cette ambigüité entretenue tout le long : ce que vit Standing est-il le fruit de son imagination, une hallucination résultant d'un esprit fragilisé par ces traitements indignes et barbares, ou revit-il réellement ses vies antérieures (car après tout ?) ? 

J'ai beaucoup aimé le concept de cette intrigue : dénoncer les conditions inhumaines du système carcéral tout en démontrant la puissance de l'imaginaire (que Standing ait réellement vécu ces vies ou non). J'ai apprécié la variété de ces histoires, le fait qu'elles nous emmènent à des époques et dans des lieux très divers, en Corée ou à Jérusalem au temps du Christ par exemple, mais, car il y a un MAIS, tous ces récits étaient en réalité assez plombants, entre autres parce qu'on n'y voyait jamais rien de bien réjouissant dans la nature humaine. Cela aurait pu être des histoires plus palpitantes ou joyeuses (on s'évade ou on ne s'évade pas, quoi). Même ce détour en Corée qui aurait pu être génial m'a ennuyée. 
En fait, ce roman est décrit parfois comme une collection de nouvelles. C'est vrai que ça pourrait se lire ainsi. Des nouvelles autour d'histoires d'aventures dans des pays divers et à des époques variées avec comme fil conducteur la réalité de l'univers carcéral en 1913. C'est peut-être aussi cet effet "nouvelles" qui ne m'a pas tout à fait réussi.

Mon avis Goodreads
2/5 étoiles
Difficile de noter aussi bas 1) un auteur quasi chouchou, 2) un roman dont je ne peux nier la force du propos, mais cette note est surtout le reflet de mon plaisir de lecture, lecture que j'espérais (à tort) lumineuse et transcendante. Certes, c'est un puissant réquisitoire contre les abus du système carcéral aux États-Unis au début du 20e siècle et un formidable hymne aux pouvoirs de l'imaginaire. Je me suis malgré tout terriblement ennuyée des récits des vies antérieures du narrateur franchement peu palpitantes, et même plutôt déprimantes, ce qui ne m'a pas vraiment aidée à m'évader de son quotidien déjà effroyablement plombant en cellule d'isolement.

Lu dans le cadre du Défi imaginaire (2/42) => catégorie M1C2 (un auteur qui n'a pas écrit que de l'imaginaire)
Intègre le Défi lecture 2023 (12/30/100) => catégorie 16 (un des personnages porte une barbe)

22 commentaires:

  1. Ai-je lu London? Pas sûr... L'impression d'en avoir entendu tellement parler que je connais les intrigues des romans. Je retrouve chez moi En rire ou en pleurer, marqué comme lu en aout 2000 . Ainsi que Histoires des siècles futurs, contenant La peste écarlate (pas lu)
    Un peu plombant comme auteur? Tu dis déprimant ans ta conclusion, hum.

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    1. Jack London lui-même n'est pas plombant si je me réfère à ses autres livres, mais celui-ci m'a bien miné le moral, oui. Quant à certaines de ses oeuvres, tel Croc-Blanc ou L'appel de la forêt, c'est sûr qu'on en connaît un peu l'histoire sans les avoir forcément lus. On les confondrait presque.^^ J'ai eu droit à l'étude de L'appel de la forêt à la fac pour ma part.:) Je ne connais pas les titres que tu cites, mais je vois que ce sont plutôt des nouvelles ou récits courts.

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  2. Ah zut, une déception ! Bon, même les auteurs chouchous ne peuvent pas être géniaux tout le temps...

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    1. C'est sûr ! Encore que là je ne remets pas vraiment son génie en question. Mes réserves sont plutôt un reflet de ma sensibilité par rapport aux thèmes explorés, je pense.

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  3. Je ne connaissais pas du tout ce titre qui m'intrigue appréciant quand un auteur sème le trouble dans l'esprit des lectures, mais aussi la manière dont l'auteur semble aborder l'univers carcéral ainsi que le pouvoir si puissant de l'imaginaire.

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    1. Cela pourrait bien te plaire alors. Je serais très curieuse de ton avis si tu te lances un jour.:)

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  4. Je n'ai pas lu ce titre, mon coup de coeur reste (évidemment) Martin Eden...

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    1. Aaah Martin Eden... Quel roman formidable !

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  5. Bin euh non....je ne suis pas trop univers carceral (film et lecture) alors je passe mon tour....meme avec ta critique...;)

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    1. Je comprends. Ce n'est pas vraiment mon univers de prédilection^^, mais tout dépend des thèmes explorés et de leur traitement. Aaah La ligne verte de Stephen King, quand même, c'était magistral, non, même si ça se déroulait en prison ?^^ Mais tu ne l'as peut-être pas lu.

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    2. J'ai vu des bouts pas en entier....

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    3. Ah oui, c'est vrai qu'il y a eu une adaptation ciné.

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  6. Cette lecture me reste même si je n'ai pas été embarquée par tous les récits. L'adaptation en BD est très réussie, si tu en as la curiosité.

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    1. Vraiment, c'est encore trop frais.^^ Je ne sais pas si j'apprécierai le revoir ligoté-serré dans sa camisole de force. Quels scènes épouvantables !

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  7. Moi aussi, il fait partie de mes auteurs préférés... Visiblement, ce n'est pas son meilleur essai :-(

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    1. Il y a en réalité davantage de retours enthousiastes que d'esprits chagrins ou désenchantés comme moi pour ce livre.;) Je ne jugerai pas sur le fait qu'il soit bon ou mauvais, mais il n'a pas eu le meilleur impact sur moi, clairement.

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  8. Je viens de vérifier dans l'anthologie de l'auteur qui traîne dans ma bibliothèque, mais celui-là n'y figure pas, je n'ai que "Les vagabonds des rails"...elle regroupe des "romans et récits autobiographiques", et je l'avais achetée parce qu'y figure Martin Eden, seul titre lu de l'auteur à ce jour (si l'on excepte L'appel de la forêt, mais cela remonte à tellement loin -je devais avoir dans les 10 ans :)-)... en fait je crois que je préfèrerais lire ses textes plus "politiques", ou plus "sociaux" est sans doute un terme plus juste...
    Bon, et sinon je dois dire que tu ne me donnes pas très envie de lire celui- là !

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    1. Je ne garde pas un très bon souvenir de L'appel de la forêt, mais c'est probablement parce que c'était plus une lecture dans le cadre universitaire que loisir. Et comme toi, je préfère ses textes plus sociaux de toute façon. Quant au Vagabond des étoiles, mon avis n'engage que moi, et c'est vraiment une question de goût et de sensibilité. J'ai vu de très nombreux retours bien plus enthousiastes sur Goodreads ou Babelio. À voir s'ils sont susceptibles de te convaincre que ce livre pourrait quand même te plaire.:)

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  9. J'ai lu "Croc Blanc", "L'appel de la forêt", "Michaël, chien de cirque", je crois que c'est tout. Je ne lirai sans doute pas celui-ci.

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    1. Eh bien, c'est déjà pas mal ! Tu peux en effet aller en paix dans ce cas.^^

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  10. Ca fait bizarre une couv moderne pour Jack London... Je ne pense pas avoir déjà lu cet auteur où alors c'était il y a tellement longtemps que j'ai oublié. Ce texte pourrait me parler, car d'une certaine façon, je me suis sentie tellement prisonnière sans échappatoire ces dernières semaines.

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    1. J'imagine comme ça n'a pas dû être simple ! Contente de te revoir sur la blogo en tout cas, et surtout de voir que le plaisir de la lecture est toujours là. C'est un des échappatoires les plus efficaces, la lecture, ou les histoires de façon plus générale, comme le prouve ce livre d'ailleurs.

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