jeudi 2 novembre 2023

LES DARONNES


traduit du coréen par Hyonhee Lee

Un manhwa avec ce titre improbable ne pouvait qu'attiser ma curiosité ! Ces femmes qui se crêpaient le chignon en couverture avaient un côté tragi-burlesque irrésistible et, en feuilletant l'album, tomber sur des "espèce de pouffe", "fait chier", c'était tellement loin de l'image de gens bien rangés qu'on pourrait avoir des Coréens (une réflexion que je m'étais déjà faite avec Été, quelque part, des cadavres) qu'il me fallait découvrir, ainsi que s'exclame le personnage principal en cours d'histoire, "Putain ! Mais comment elle en est arrivée là ?"

Pour une idée du contexte, un extrait de la quatrième de couv :
"Yeon-lee et ses amies forment un groupe de quinquagénaires pour lesquelles la vie n'a pas toujours été une partie de plaisir. Mère de trois enfants, désormais célibataire, employée dans une société de nettoyage, Yeon-lee jongle comme elle peut avec les aléas du quotidien. [...] Dans son entourage, les choses ne sont pas beaucoup plus reluisantes, et toutes ses camarades se démènent dans des relations et des histoires "d'amour" aussi périlleuses qu'insécures. [...] Ces daronnes sont toutefois incroyablement déterminées, et malgré leurs origines modestes, malgré les accidents de la vie qui jalonnent leur parcours, elles font face à l'adversité et se relèvent sans cesse, portées par une volonté de s'en sortir et de trouver leur propre version du bonheur."

Malgré l'optimisme de cette présentation, j'ai trouvé que c'était un portrait assez triste et sans concession de femmes quinquagénaires issues de milieux modestes, malmenées par la vie, et dont les mariages ne sont pas très heureux. Trompées ou non par leur mari, par manque d'amour ou de peur de finir seules, elles se trouvent des amants avec lesquels elles établissent des relations plus ou moins stables. Souvent, et ça, ça m'a pas mal choquée, les femmes les entretiennent, leur prêtent de l'argent ou paient leurs dettes au risque de s'endetter elles-mêmes. Ces hommes, souvent bons à rien, manipulateurs et toxiques, profitent d'elles financièrement et les trompent même parfois, mais elles n'arrivent pas à couper les ponts (ce qui était assez rageant pour moi en tant que lectrice !). 

Des vies de regrets, de non-choix, beaucoup d'amertume, des prises de tête avec les hommes, des rivalités avec les maîtresses, c'est la loose en somme, dans une ambiance un peu glauque et dramatique... Il en faut davantage toutefois pour abattre notre gang de daronnes et il y a des moments assez épiques qui illuminent un peu ce récit et des histoires fortes d'amitié et de solidarité, notamment lors d'une sordide affaire de harcèlement au travail.

Il se passe plein de choses dans cet album, mais jamais très reluisantes pour personne, donc au niveau plaisir de lecture ou lecture boosteuse de moral, on n'y était pas vraiment.^^ En revanche, j'ai trouvé que ce manhwa présentait un grand intérêt socio-culturel sur des aspects de la société coréenne rarement évoqués ou mis en avant de la sorte.

Côté niveau de langage, on l'aura compris, on n'est pas dans le châtié, mais le ton brut, nature et familier des dialogues et la franchise des propos m'ont autant déroutée qu'amusée. Coté graphisme, en revanche, je n'étais pas très fan des traits des personnages assez durs et peu flatteurs qui m'évoquaient Beavis et Butthead par moment. Ça reste toutefois plutôt cohérent avec l'esprit du livre.

Ce récit est inspiré de la vie de la mère de l'auteur, qui s'occupait de tâches ménagères et à qui ce dernier a souhaité rendre hommage à travers cet album.

L'auteur
Yeon-shin Ma est né à Séoul, en Corée du Sud, en 1982. À 25 ans, il commence à dessiner des bandes dessinées et publie des webtoons à partir de 2015. Les Daronnes est son premier livre à être publié en français et il a reçu le Harvey Award de Meilleur livre étranger en 2021.

22 commentaires:

  1. Rien en bibli mais je ne désespère pas... ^_^

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    1. Hmm, ça m'étonnerait que tu le trouves à la bibli, mais chapeau s'ils l'intègrent au catalogue.^^

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  2. Je les ai croisées au Japon, ces groupes de daronnes coréennes, parlant fort, restant en groupe, toutes affublées d'une visière et habillées de vêtements confortables sans style. Mais clairement déterminées !

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    1. @sunalee, tu les as croisées dans la vraie vie ? Il me semble que Hiro Arikawa les décrit dans "Au prochain arrêt "... à moins que je ne confonde avec un autre roman ?

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    2. @Sunalee, maintenant que tu en parles, je crois que j'ai déjà croisé ce genre de groupe.^^ Ou peut-être plutôt vu dans un reportage. J'ai une image assez vive en tête. Mais je n'aurais pas dit qu'elles étaient spécifiquement Coréennes.

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    3. @jelisjeblogue, chez Hiro Arikawa, ce ne serait pas plutôt des Japonaises ? J'ai ne l'ai pas encore lu celui-là, mais du coup je suis curieuse.

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    4. Il est possible que ce soient des Japonaises chez Hiro Arikawa, mais les Coréennes sont encore plus féroces !
      @jelisjeblogue oui, je les ai croisées dans la vraie vie lors de mes voyages au Japon ;-)

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    5. Féroces !^^ Il y a vraiment de ça ici !

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  3. Bon bin je passe didonc....en tout cas, cela reste un hommage malgre tout...

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  4. pas trop attirée... :-(

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  5. désolée, j'ai oublié de noter mon nom :-(

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  6. Voilà qui ne ressemble à rien de ce que je lis habituellement, et me voilà bien curieuse d'y jeter un oeil ! reste à le trouver ...

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    1. Je doute en effet qu'il se trouve dans toutes les librairies, mais sait-on jamais...:)

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  7. Malgré l'intérêt socio culturel, pas trop tentée, je passe !

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    1. Je ne pense pas que ce soit ton créneau en effet.:)

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  8. Le graphisme a l'air un peu frustre.

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  9. ça a l'air clairement très différent de l'image bien plus glamour du pays donnée dans les dramas ! En tant que lectrice, je pense aussi que je serais révoltée par certaines situations...

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    1. Oui, on est bien loin des dramas coréens et j'apprécie vraiment ce genre d'ouvrages qui nous permettent de voir d'autres facettes de la Corée du Sud, même si ce n'est pas un coup de coeur.

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