( LE MÉDECIN DE CAPE TOWN )
Repéré chez Keisha, je n'ai pas résisté longtemps à l'attrait de ce roman racontant le destin fascinant d'une femme qui s'est fait passer pour un homme pour exercer son métier de médecin et inspiré de l'histoire vraie du Dr James Barry, née Margaret Bulkley à la fin du 18e siècle en Irlande. L'histoire se déroule en bonne partie en Afrique du Sud où elle officie en tant que chirurgien militaire de l'armée britannique.
Mon premier bémol porte sur le choix narratif avec lequel j'ai eu un peu de mal. L'auteure, E.J. Levy, prévient que c'est de la fiction, renomme tous les personnages afin d'éviter tout, euh, malentendu ? rapprochement ? (m'enfin, Dr Perry au lieu de Dr Barry, Margaret Brackley pour Margaret Bulkley, Lord Somerton en place de Lord Somerset, le général Miranda qui devient Mirandus..., euh, j'ai vu plus subtil), mais suit très exactement la trajectoire des personnages historiques dans leurs grandes lignes tout en bridant son imagination. J'ai trouvé ça assez perturbant tout au long de ma lecture. Pourquoi ne pas assumer tout simplement que c'est une biographie romancée en gardant le nom des personnages ? Bref, j'ai senti l'auteure un peu coincée entre restituer fidèlement la réalité historique et laisser libre cours à son imagination, ce qui crée un rythme assez inégal tout au long de la narration.
Il y avait par ailleurs de quoi faire un roman formidable autour de la figure de cette femme considérée comme la première femme médecin britannique (rappelons-le), qui a dû se faire passer pour un homme toute sa vie pour pouvoir se réaliser, faire ce qu'elle voulait en tant qu'être humain, ce qu'on ne lui aurait jamais laissé faire en tant que femme...
... Las ! (mon deuxième bémol) L'auteure apporte finalement assez peu de complexité à son personnage et à son histoire, tout est assez lisse et très survolé, et le pire, c'est qu'une fois en Afrique du Sud, l'intrigue se transforme en véritable "bluette coloniale", comme dirait l'une de mes co-lectrices. E.J. Levy a en effet pris le parti de développer davantage l'histoire de la relation entre le Dr Perry et Lord Somerton que l'histoire du Dr Perry, femme médecin du 19e siècle. Pourquoi pas ? Sauf que c'est très mal raconté, dans un style pauvre, ennuyeux, plat, artificiel, c'est mélo à souhait, bourré de clichés... Je ne visualisais plus qu'une Perry midinette déguisée en homme...
Au dernier tiers du livre, à la moitié même, je n'étais pas loin d'abandonner. J'ai franchement ramé pour le finir. J'aurais pu me contenter de la page Wikipédia sur James Barry en réalité. La partie fictive n'apporte vraiment pas grand-chose d'intéressant (à mon humble avis) et dessert même le personnage.
Il y a quelques réflexions pertinentes tout de même en cours de récit, soulignées par l'auteure à travers son personnage, notamment sur le statut de la femme à son époque, mais bon, rien de renversant. C'est toujours bien d'en parler ceci dit.
L'auteure
Ellen J. Levy est une écrivaine et universitaire américaine qui est professeur agrégée d'anglais à la Colarado State University. Son recueil de nouvelles, L'amour, en théorie, est publié en 2012, et son premier roman, Le Médecin de Cape Town, en 2021.
On peut dire que c'est un flop pour toi ! c'est dommage en effet de ne pas avoir franchement choisi un mode de narration clair et net.
RépondreSupprimerUne fois que j'ai compris le parti pris de l'auteure de privilégier l'histoire d'amour sur le reste, autour de laquelle elle a dû bien broder faute de documentation, j'ai mieux compris ce choix, mais elle aurait aussi bien pu garder les noms des personnages historiques plutôt que de changer une syllabe ou deux. Napoléon qui est mentionné à une ou deux reprises n'est pas devenu "Napoléus"...^^
SupprimerJe l'ai noté aussi... bon, rien d'urgent, ça m'arrange, ma pile déborde !
RépondreSupprimerLa figure du personnage historique est vraiment très intéressante, intrigante même, et mérite franchement qu'on s'y attarde, mais je n'ai malheureusement pas été très convaincue par son double littéraire. Peut-être que tu saurais l'apprécier davantage que moi.
SupprimerQuelques réflexions pertinentes en cours de récit ... C'est quand même bien peu !
RépondreSupprimerHeureusement qu'elles y étaient tout de même.^^ Non, j'ai bien aimé les réflexions suscitées en cours d'intrigue, même si certaines peuvent paraître comme des évidences, surtout à notre époque, mais la partie fictive qui m'a chiffonnée et agaçouillée a quand même fini par noyer cet aspect qui était l'un des plus intéressants du roman.
SupprimerTu es encore plus sévère que moi. J'ai, comme toi, regretté que cette histoire d'amour vienne prendre le pas sur ce qui me paraissait vraiment intéressant, le travail de cette femme médecin et le rôle important qu'elle a eue comme médecin militaire et chirurgien... En fait tout ce qui m'intéressait tient en quelques mots dans l'épilogue.
RépondreSupprimerPar contre, la première partie m'a paru meilleure.
Le changement des noms ne m'a pas gênée dans la mesure où je suis passée allègrement à côté !
J'ai fait une LC en live avec deux autres lectrices et il me semble bien que j'aie été la seule à avoir été réellement perturbée par ce changement de noms.^^ Sinon, oui, sévère parce que j'aurais su que ce roman était davantage axé sur cette histoire d'amour fantasmée par E.J. Levy que sur l'histoire du la femme médecin, je ne me serais pas lancée dans cette lecture. J'aurais plutôt opté pour un essai ou un podcast sur le sujet.
SupprimerOh nooo pas de guimauve au milieu d'un tel combat...zut flute....c'est assez navrant venant d'une auteure....
RépondreSupprimerTu m'as comprise.^^ D'ailleurs, oui, ce n'était pas tant le fait que l'auteure ait choisi de développer l'histoire d'amour qui m'a agacée (quoique), c'est qu'elle était franchement mélo et cliché...
SupprimerJe commence à me ranger à vos arguments (Claudia est d'accord avec toi et steph_bookin aussi) ! Comme je le disais, l'histoire d'amour ne m'a pas énormément gênée (même si elle est trop longue) mais il est effectivement dommage de ne pas avoir parlé davantage du médecin. Barry a réussi la première césarienne et a développé des théories hygiénistes, considérées de bon sens aujourd'hui, mais avant-gardistes pour l'époque. Avec un tel personnage, c'est effectivement dommage de privilégier la bluette. Je disais que c'est un parti pris de l'auteur qui n'a pas voulu écrire une biographie mais plutôt un roman. Mais tes remarques et celles des autres lectrices m'ont fait réfléchir. Pour autant, je ne peux pas dire que je n'ai pas apprécié ma lecture.
RépondreSupprimerMerci d'être repassée pour remplacer ton précédent commentaire qui a malencontreusement disparu.^^
SupprimerNos avis grognons restent quand même minoritaires sur l'ensemble des retours sur Babelio, Goodreads et même le Masque et la Plume où Keisha l'avait repéré, je crois. Mais c'est vrai que les LC sont intéressantes parce qu'elles permettent de confronter nos points de vue et d'y réfléchir. De mon côté, je comprends mieux le côté romanesque un poil exacerbé de la deuxième partie en lisant chez toi que l'auteure s'était imprégnée de la littérature de l'époque pour restituer le mode de pensée et la façon de s'exprimer du 19e siècle. Bon, on aurait quand même toutes préféré un peu plus de sciences et de médecine.^^
J'aime beaucoup les LC. Partager une lecture plutôt que de lire seul(e) dans son coin, confronter les impressions et débattre...
SupprimerOui, ça enrichit encore davantage nos lectures.:)
SupprimerJe comprends pourquoi il ne t'a pas plu.
RépondreSupprimerOui, je crois que je n'en ai pas trop fait mystère.^^
SupprimerMoi c’est l’aspect femme médecin au 19 eme siècle qui m’intéresse mais visiblement ça ne mord pas avec toi. Belle fin d’année !
RépondreSupprimerC'est l'aspect qui m'intéressait aussi, mais il n'était pas aussi présent que je l'aurais souhaité dans ce roman. Belle fin d'année à toi !
SupprimerDommage, mais quand même c'est à connaître, cette histoire (enfin, ce qui n'a pas été trop imaginé.
RépondreSupprimerOui, voilà, j'aurai découvert le personnage et j'en retiendrai les grandes lignes historiques.:)
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