traduit du coréen par Choi Mikyung et Jean-Noël Juttet
J'hésite à résumer cette histoire dont on trouvera de toute façon toute bonne présentation sur le net, car je l'ai abordée sans rien en savoir, juste sur la foi de l'auteur, Hwang Sok-yong, dont j'avais beaucoup apprécié l'écriture dans Shim Chong, fille vendue. Je savais juste que, tout comme dans ce dernier, l'auteur s'était appuyé une fois de plus sur une ancienne légende coréenne pour raconter une histoire ancrée dans notre temps et notre réalité, et pour moi, côté Corée, c'était un sacré jackpot d'avoir l'ancien et le moderne réunis en une histoire.
La bonne surprise, c'est que l'histoire contemporaine est celle d'une jeune fille née en Corée du Nord dans les années 80. Ce livre s'est donc présenté comme une aubaine pour en apprendre encore davantage sur cette région du monde et son histoire dont j'ai pour l'instant assez peu lu.
Bari fuit la Corée du Nord dans les années 90 et se réfugie quelque temps en Chine avant de migrer en bateau (très "belle" thématique "mer" en passant 😄) dans un Londres clandestin. Elle y gagne sa vie comme masseuse, mais ayant hérité de dons de voyance, elle ne soigne pas seulement les corps, elle console aussi les âmes. "Ce roman [...] puise aux sources anciennes du chamanisme coréen : il transfigure une très ancienne légende où une princesse abandonnée va chercher à l'autre bout du monde l'eau de vie qui permettra aux âmes des morts de connaître enfin l'apaisement."
C'est très résumé, ce sont vraiment les grandes lignes, le squelette de l'histoire, il y manque tout le talent de l'auteur pour faire vivre ces lignes et vibrer le lecteur. J'ai vraiment aimé la façon dont il est parvenu à insuffler poésie et émotions dans cette histoire éprouvante d'errance et d'exil et à illuminer cet univers désenchanté en préservant l'ambiance "conte" du récit.
J'avais craint un peu la partie chamanisme car c'est une thématique qui ne me parle pas trop, voire du tout, mais ça s'est fondu très naturellement dans l'intrigue sans que ça ne prenne trop de place, et surtout, c'était plutôt raconté comme un conte, avec tous ses codes (une héroïne défavorisée par le destin, toute une série d'obstacles à surmonter...), alors forcément, j'y ai trouvé mon compte !
J'ai vraiment aimé toute la partie en Corée du Nord même si la réalité décrite est des plus cruelles avec toutes les épreuves qui s'enchaînent (famine, conditions de fuite difficiles...). J'ai adoré l'histoire bouleversante de la famille de Bari, son père, sa grand-mère et même le chien (ah ce chien ! Ah cette grand-mère !), tous plus attachants les uns que les autres.
L'histoire en Angleterre n'était pas moins captivante avec son lot de suspense. Bari y découvre la communauté pakistanaise et donc d'autres croyances (musulmanes) et traditions. J'ai trouvé ça très intéressant la rencontre de ces deux cultures qui apporte encore une autre dimension à l'histoire.
Et dans tout ça, la légende de la Princesse Bari trouve complètement sa place, j'ai trouvé ça assez dément. Sur la fin toutefois, ça commençait à être un peu vertigineux, ou à être trop intense dans ce délire légende/chamanisme, mais ces passages n'étaient pas assez longs pour que je m'y perde tout à fait.
Bref, j'ai adoré ce roman qui, en fin de compte, a une véritable dimension universelle. Il y a juste la fin, un peu soudaine, qui m'a un peu décontenancée et que je ne saurais trop interpréter. J'ai aimé une analyse que j'ai lue, sur le fait qu'elle reflète "la réalité de notre propre odyssée existentielle". Oui, pourquoi pas ?
Également commenté par Maggie.
Ce roman fait partie de ceux que je compte lire un jour ou l'autre. Pour l'instant, j'ai Le vieux jardin dans ma PAL. Tu l'as déjà lu ?
RépondreSupprimerNon, pas encore, mais je suis loin d'en avoir fini avec cet auteur. Je me réjouis d'ailleurs d'en avoir encore à lire de lui.:)
SupprimerUne lecture originale et qui t'a plu, bien bien.
RépondreSupprimerOui, je recommande d'ailleurs.;)
SupprimerJe l'ai lu en 2016 déjà ! J'avais beaucoup aimé, même si je ne me souviens pas vraiment du côté chamanique.
RépondreSupprimerJ'ai retrouvé ton billet ! Ça, c'est le côté vraiment pratique des blogs. Quant au côté chamanique, oui, il passe presque inaperçu tellement il se fond bien dans l'intrigue, c'est probablement pour ça qu'on en oublie sa présence.
SupprimerJe l'ai noté il y a un moment mais je ne tombe jamais dessus en librairie.. il faudrait que je le commande, ton enthousiasme relance fortement mon envie de le lire.
RépondreSupprimerVraiment, n'hésite pas ! En plus, tu pourras peut-être m'éclairer sur la fin.:) Très curieuse de ton interprétation si tu lis ce roman.
SupprimerOh oui j'adore cet auteur (bien que le premier livre que tu cites, j'ai eu du mal, trop de passages graveleux)...mais Bari fut mon premier, ma decouverte et j'ai totalement adore...c'est fort, c'est dur, tres dur mais l'auteur sait tres bien faire passe le message
RépondreSupprimerOui, je me souviens bien pour le premier, il y a un passage particulièrement dégueu/éprouvant au début, mais il me semble bien que c'est le seul. J'avais été convaincue du talent narratif de l'auteur en tout cas. Et ça se confirme avec Princesse Bari.:)
SupprimerOh c'est bien, tu semble avoir l'esprit selectif.....j'aime ca...car tu as oublie les 4 autres scenes pornos et le viol par 3 mecs...en tout cas je peux te conseiller alors Monsieur Han....j'adore cet auteur....
SupprimerOUps tu sembleS.....reoups...
SupprimerMa lecture remonte à plus de dix ans et c'est en effet cette scène du début qui m'a marquée.;) Je l'ai trouvée particulièrement écoeurante et je m'en souviens encore vivement aujourd'hui. Les scènes suivantes n'étaient sûrement pas moins éprouvantes, mais peut-être plus "classiques" dans le genre. En tout cas, ça ne nous empêche pas d'adorer cet auteur en effet.;)
SupprimerOh non ! vraiment du meme gabarit que la premiere scene...toutes mais alors toutes decrites, tout aussi crue ! Je l'ai lu l'annee derniere...Magali a abandonne a la 2eme ou 3eme scene....
SupprimerCe n'est pas vraiment le côté cru qui m'a écoeurée dans la première scène, c'était le fait que ce soit un vieillard, de mémoire, et ce qu'il faisait ou exigeait.
SupprimerOkidou, de mon cote c'etait vraiment toute la description detaillee au moindre recoin de l'acte....
SupprimerEn tout cas lis vraiment monsieur Han...c'est quasi l'histoire de sa mere....
Oui, je n'en ai pas fini avec cet auteur.;)
SupprimerDe meme ici, avec Magali, nous avons fait beaucoup de LC avec lui...;)
SupprimerOui, je me souviens, vous aviez eu une grosse période Hwang Sok-yong.^^
SupprimerOuiiiiii d'ailleurs on devait lire le vieux jardin...;)...on pourrait relancer une LC...)
SupprimerÇa me dit bien mais ce ne serait pas pour tout de suite de mon côté. J'aime bien espacer les lectures d'un même auteur.;)
SupprimerNo problem....dis nous quand tu veux te lancer...;)
SupprimerÇa marche ! Mais si ça vous démange de le commencer plus tôt, n'hésitez pas, hein.;)
Supprimeril faut que je le lise évidemment !
RépondreSupprimerTrès curieuse de ton avis si tu peux le caser dans tes prochaines lectures !
SupprimerJe n'ai pas réussi à aller au bout du Vieux jardin. Il est pourtant intéressant et bien écrit mais il y avait beaucoup de références à l'histoire contemporaine de la Corée qui m'ont mise à distance. Mais ce roman a l'air plus accessible avec son côté conte.
RépondreSupprimerJe devrais trouver mon compte dans Le vieux jardin alors. Les références à l'histoire contemporaine de la Corée m'intéressent. En tout cas, Princesse Bari est très accessible, oui.
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