vendredi 29 novembre 2024

LA FAMILLE RUCK


traduit de l'allemand par Barbara Fontaine

Une recherche rapide de romans allemands susceptibles de me plaire m'a orientée vers ce titre aux éditions Zoé, une maison qui, pour moi, est gage de qualité. En tout cas, j'aime leur catalogue et l'intrigue me semblait assez prometteuse.

Inge, une vieille dame, est hospitalisée après avoir chuté dans les escaliers de sa maison. Affublée d'une nouvelle prothèse de hanche et avec quelques séances de rééducation au programme, il lui faut, de retour chez elle, une aide à domicile. Son fils Carsten, la cinquantaine, est tout désigné et se retrouve, clairement contre son gré, à devoir passer l'été auprès de sa mère, dans un petit village de l'ex-Allemagne de l'Est. Parce que, là encore, il n'a pas le choix, il embarque avec lui sa fille Lissa, une adolescente de quinze ans.
La phrase du résumé qui m'a convaincue :
"À travers cette comédie sociale et familiale, Katja Schönherr érige le portrait impitoyable, terriblement réaliste, de trois générations en proie au malentendu."

J'aimais bien l'idée d'une histoire intergénérationnelle. Ça pouvait être sympa, surtout si c'était dans la veine de la comédie. Les protagonistes avaient tous les défauts nécessaires pour des interactions explosives, je m'en frottais les mains d'avance.

Pour Inge, il est tout à fait normal que son fils s'occupe d'elle, surtout à son vieil âge. Elle l'exige même. Qu'il ait un travail, des comptes à rendre et des obligations ailleurs ne l'effleure même pas. De fait, elle ne comprend pas son attitude fuyante. Non, mais quel fils indigne ! C'est en véritable enfant gâté et boudeur, un brin tyrannique et en proie aux vexations qu'elle nous apparaît tout le long.
"Si son fils Carsten s'était un peu soucié d'elle, cette chute dans les escaliers aurait pu être évitée. C'est ce que pense Inge, seule dans sa chambre d'hôpital, le col du fémur fracturé."

Lissa, sa petite-fille, est à ses yeux une "citadine indécrottable". En fait, c'est juste une ado typique qui reflète notre époque. Rebelle, impertinente, elle a une haine pubertaire du monde, est particulièrement révoltée contre le patriarcat, pratique l'écriture inclusive, s'enflamme dès qu'il est question de réchauffement climatique, prône le véganisme... Une grande donneuse de leçons de notre temps en somme.

Quant à Carsten, le fils : "Parler avec sa mère, c'est comme d'essayer de replier une notice après l'avoir lue : on n'y arrive jamais. Ça se termine toujours dans la rage. Dans l'envie de froisser et de jeter la notice."
Et avec sa fille, les rapports ne sont pas plus détendus.

Mon avis Goodreads
Noté 2/5 étoiles
C'est peut-être un peu sévère comme note car j'ai fini ma lecture plutôt sur un 3/5 étoiles, mais c'est le ressenti dominant que j'ai eu sur une bonne moitié du livre. Des personnages un peu trop caricaturaux et prévisibles, peu attachants, des attributs bien clichés, exploités ici pour définir les personnages et servir l'intrigue, une intrigue sans relief, sans intérêt majeur.
Disons, ressenti 2,5 étoiles parce que ça se laissait lire, mais j'avais vraiment l'encéphalogramme plat, aucun pic d'excitation à la lecture, un peu comme dans un zoo où l'on observe les animaux ne pas faire grand-chose et interagir juste pour se donner un coup de griffe, de patte ou de bec, de frustration.

Toutefois, au dernier tiers du livre, les choses ont commencé à bouger ou plutôt prendre forme. On comprend mieux la longue mise en place du début, avec les flashbacks sur la vie des uns et des autres qui me semblaient inintéressants au départ. J'ai fini par trouver que les personnages avaient plus de relief et d'intérêt que je ne leur avais prêté au départ. Je leur ai même trouvé une certaine justesse et j'ai apprécié les développements de l'intrigue à partir de cet instant, jusqu'à son dénouement. 
Les réflexions sur la vieillesse et la fin de vie étaient même plutôt touchants et j'ai fini par ressentir de l'empathie pour les personnages.
Une famille compliquée tout de même, mais finalement assez réaliste.^^

Extraits
"Le mariage d'Inge et Richard n'était pas passionné, mais il fonctionnait car les tâches étaient clairement réparties : Inge faisait tout et Richard ne faisait rien."

"Partager un village, c'est comme partager un appartement. On ne peut pas s'éviter, et quelqu'un a toujours besoin de la salle de bains en même temps."


Lu dans le cadre de

L'autrice
Née à Dresde en 1982, Katja Schönherr avait sept ans lors de la chute du mur. Elle vit aujourd'hui en Suisse et écrit des textes aussi bien journalistiques que littéraires.

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