Je ne m'étais jamais vraiment arrêtée sur ce polar, pourtant primé, jusqu'à ce que je réalise que l'autrice, Roxanne Bouchard, était québécoise. L'occasion de lire québécois de manière plutôt divertissante, la perspective du dépaysement (en Gaspésie, ici), au sein d'une communauté de pêcheurs (book trip en mer !), la confirmation de Manou que ce roman valait le détour, la recommandation très enthousiaste (et insistante) d'un libraire auprès de Stéphanie, partante pour une LC... Bon, ben ça n'a pas tardé à partir !
J'avais été prévenue que l'enquête était un peu secondaire, ce que l'autrice confirme dans une interview : plus qu'un polar, c'est "l'histoire d'un petit village de pêcheurs qu'une mort vient déranger." Ça m'allait très bien, surtout aussi joliment formulé.
Pour situer le contexte rapidement, Catherine Day, la trentaine, proche du burn out, se rend dans un petit village de pêcheurs en Gaspésie pour se changer les idées, mais aussi pour retrouver sa mère (une navigatrice invétérée) qu'elle ne connaît pas puisque cette dernière l'a mise en garde légale à sa naissance. Manque de pot, à peine arrivée, un des pêcheurs de La Baie revient avec un noyé dans ses filets et je vous le donne en mille, c'est le corps de Marie Garant, la mère de Catherine. Accident, suicide, assassinat ? Rien ne fait sens. C'est l'inspecteur Moralès, qui vient tout juste d'être muté là, débarquant tout droit de Montréal, qui se retrouve en charge de l'enquête et autant dire que les villageois ne sont pas près de coopérer. Dire qu'au départ, il était en congé...
Comme dirait Renaud, le gérant du bistro local, "je m'en vas vous dire rien qu'une affaire" : il y a eu des moments où j'ai bien ricané ! Mais pas au début. Ça a mis du temps à "décoller" vraiment. Les guillemets parce qu'on est loin du genre palpitant avec action à tout-va, mais ça fait le job et cette immersion en Gaspésie est tout de même assez hypnotique avec ce village et ses pêcheurs d'un autre monde, décrits de manière quelque peu caricaturale et pas très flatteuse certes, mais c'est ce qui fait tout leur charme.^^
"Si tu veux de l'aventure, faut aller à Walt Disney. Icitte, on a rien d'excitant. On a rien, à part la mer."
"Quand même, mam'zelle Catherine, les gens de mer, y sont bizarres ! Pas bizarres bizarres, mais un peu pas pareils."
Le personnage de Catherine n'est en revanche pas particulièrement attachant ou touchant, malgré son histoire personnelle quelque peu chargée, ce qui m'a aussi un peu tenue à distance au début. C'est quand Moralès est entré en scène que j'ai commencé à me dérider. L'histoire a pris une autre dimension et gagné en rythme aussi. J'ai beaucoup aimé comment l'intrigue était racontée de son point de vue, la façon dont sa vie privée envahissait et perturbait ses pensées et son quotidien, en pleine enquête, ses introspections en pleine crise de la cinquantaine. Peut-être que je me suis aussi sentie plus proche de lui parce qu'il est vraiment l'étranger qui débarque au milieu de cette communauté et qu'on vit sa découverte des lieux et des locaux par procuration, un peu façon "Rendez-vous en terre inconnue".^^
Dommage pour ce que je considère comme LA fausse note de l'intrigue - attention spoiler, il tombe subitement amoureux de Catherine (mais what ?!) - alors qu'elle se déroulait bien jusque-là. Et la fin est aussi un peu partie en sucette (à mon goût). Tout le monde en crise d'amour là... Je n'ai pas non plus été très convaincue par la cause de la mort de Marie Garant (d'ailleurs, à l'heure où j'écris mon billet, je n'en ai plus qu'un très vague souvenir).
Quelques déconvenues donc, mais c'était un voyage bien dépaysant en Gaspésie. Il y avait de bons éléments, notamment la galerie de pêcheurs et de villageois, très réussie, et cette description saisissante de l'appel du large et de cette passion, quasi subie, pour la mer.
Pour Stéphanie, ça s'est résumé par : "Sympa mais rien de foufou. Une petite virée agréable en Gaspésie."
*À écouter, l'interview de l'autrice sur RFI. Elle y lit un passage de son livre et c'est absolument savoureux. Pas de spoiler. De toute façon, l'enquête est secondaire.^^
Il semblerait donc qu'elle voulait juste écrire un roman d'ambiance autour de la Gaspésie au départ, mais on l'a vite orientée sur un polar avec enquête. On sent un peu ce déséquilibre entre ce qu'elle voulait faire et là où elle a dû broder au mieux. Malgré tout, l'inspecteur Moralès est une belle trouvaille, un personnage intéressant qu'elle a su bien développer et qui a apporté du corps à l'intrigue. Dommage juste pour attention spoiler l'amourette idiote (à sens unique en plus) (peut-être tant mieux).
L'autrice
Née en 1972, Roxanne Bouchard est une écrivaine québécoise, autrice de nombreux romans et lauréate de plusieurs prix littéraires prestigieux. Elle enseigne la littérature au Québec. Nous étions le sel de la mer est son premier roman publié en France et inaugure une série noire autour du personnage de Joaquin Moralès.
La plongée dans ce village de pêcheurs semble savoureuse même si à la lecture de ton spoiler, c'est un peu dommage que l'autrice y ajoute un élément peu convaincant.
RépondreSupprimerTu es trop peu enthousiaste pour me donner envie de lire ce livre. Je passe mon chemin
RépondreSupprimerje connais le genre, c'est bien. Un peu comme Grann, hé oui. Mais là faut pas que je me rate comme avec le Nathan Hill (gloups)
RépondreSupprimerLà je termine (sur mon canapé) une balade en Antarctique, et j'ai des trucs en ligne de mire, mais je n'ai pas envie de me presser. Je vais faire une pause! La liste des livres lus (et ma bibli franchement bien pourvue) devraient me guider.
(Mon commentaire n'est pas complet, ce matin j'ai eu du mal à le laisser, j'ai donc copié collé mon commentaire à temps, et il en manque!)
SupprimerJe commençais par dire que de toute façon rien à la bibli.
Bravo pour ta belle avancée dans le book trip.
Et pour le Larson sur le lusitania, voir chez dasola, c'est ok
(et la suite plus haut)
Je n'avais pas été très convaincue, même si à relire mon (court) avis, je lui ai trouvé pas mal de côtés positifs, à ce roman !
RépondreSupprimermalgré ton enthousiasme, je passe mon chemin
RépondreSupprimerEt bin pour vivre dans un village de pecheurs quebecois je ne peux que te conseiller le film "la grande seduction"....un regal d'humour.....bref pour le livre je passe...;)
RépondreSupprimerCe roman semble avoir pas mal d'aspects positifs malgré quelques bémols. Ton avis et celui de manou donnent envie de tenter ce roman.
RépondreSupprimerJe vois que ce roman semble avoir beaucoup d'aspects positifs, malgré quelques bémols. Ton retour et celui de Manou donnent envie de tenter sa lecture.
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