traduit de l'allemand (Autriche) par Uta Muller et Denis Denjean
Repéré @ledevorateur l'année dernière, je me suis empressée de le noter car suivant son retour de lecture, il cochait toutes mes cases : "[...] roman qui joue avec l'idée même de roman, de structure, de personnages, de narration", "[...] roman qui éclate les règles pour les réagencer différemment, géométriquement", tout en étant un roman de terroir puisque le village et ses habitants sont au coeur de l'intrigue. Et surtout, ce qui a achevé de me convaincre : "C'est aussi un roman drôle. Parce qu'un drôle de roman."
Je suis particulièrement friande de ce genre de romans singuliers, atypiques et inventifs où l'auteur joue autant avec la forme que le fond.
Euh, eh bien d'ailleurs, je ne sais pas comment vous résumer ce que j'ai lu😂, mais l'éditeur le fait très bien, même s'il n'est pas vraiment possible de se représenter cette expérience de lecture autrement qu'en lisant ce livre :
"Publié en 1969, Roman géométrique de terroir valut à Gert Jonke, alors âgé de 22 ans, d'être aussitôt reconnu comme l'un des principaux rénovateurs de la littérature de langue allemande. C'est que ce livre, jusque-là inédit en français, ne ressemble à aucun autre. Entre la satire, le roman expérimental, la fable politique et le poème, il décrit la vie d'un "village" aux mains d'une bureaucratie obsédée par l'ordre, les règles et les questionnaires.
Mais cette volonté de rationalité et de contrôle, déjà menacée de l'intérieur par des lois qui prolifèrent jusqu'à l'absurde, est aussi battue en brèche par de mystérieuses forces extérieures - arbres, inondation, oiseaux destructeurs, ombres de la forêt... - qui viennent répandre le chaos, balaient les habitudes, disloquent les maisons, et font basculer le village et le livre dans une folie incontrôlable.
Ne vous fiez pas à son titre ironique : Roman géométrique de terroir est une expérience de lecture unique, cosmique et hilarante."
Ajoutez à cela que Gert Jonke joue avec la typographie pour créer plusieurs niveaux de discours - italiques, capitales, sauts de lignes, retraits, interlettrage dans certains mots - et intègre aussi divers schémas pour mieux nous perdre aider à nous repérer perdre aider à nous repérer parce que ça l'amuse.
Mon avis Goodreads :
Un OLNI jubilatoire, absurde à souhait (ou à outrance), halluciné, audacieux, novateur, à l'écriture géométriquement parfaite (ou parfaitement géométrique). Du grand n'importe quoi, qui peut autant réjouir que laisser sceptique, parfois les deux en même temps, s'il ne vous laisse pas tout à fait sur le bord. Si vous voulez découvrir ce village, il vous faudra déjà traverser la place du village, ce qui n'est pas une mince affaire.😅
Je ne sais pas ce que j'ai lu, mais j'en ai adoré le concept et l'expérience était assez courte pour que je ne m'en lasse pas tout à fait. Les tous derniers chapitres m'ont complètement essorée. Je défie quiconque d'en avoir lu chaque ligne et mot attentivement😆, mais il est certain que l'auteur n'a rien laissé au hasard.
Pour mesurer toute l'étendue des délires dont l'auteur est capable ici, ci-dessous l'extrait d'un questionnaire absolument hilarant !
De belles trouvailles, mais un plaisir de lecture tout de même inégal d'une farfeluterie à l'autre.
N'empêche, c'est tout à fait mon genre de délires, c'est publié aux éditions des Monts Métallifères qui ont pour accroche : "À la croisée des genres, des fictions qui déroutent / À la croisée des routes, des fictions qui dérangent." Comme c'est aussi clairement tout à fait mon genre d'éditeur^^, j'ai parcouru leur catalogue et j'ai déjà repéré quelques possibles pépites, tels ces Trente-quatre récits très courts et assez courts 😆de Linor Goralik.
L'auteur
Gert Jonke (1946-2009) est un écrivain autrichien. Son oeuvre comprend des poèmes, des romans et des pièces de théâtre. Elle est marquée par une atmosphère souvent fantastique, une permanente création linguistique et de nombreuses références à la musique. Jonke a reçu de nombreux prix littéraires.
Note de l'éditeur :
"À sa mort, en 2009, Elfriede Jelinek lui rendait ainsi hommage : "Un grand magicien de la langue, un des plus grands. Il jouait avec la langue comme les enfants jouent avec des bulles de savon, mais ses bulles à lui ne contenaient pas de l'air, elles contenaient une pensée précise et complexe, et il n'était pas non plus un enfant, même si la langue lui procurait toujours une joie d'enfant."
J'adore quand tu écris des billets comme celui-là. Tu partages très bien ton grand plaisir de lecture, en faisant part de tes doutes quant à la nature véritable de ce que tu as lu. Ça donne envie d'essayer, tout en restant sur ses gardes :-)
RépondreSupprimerJ'aime aussi beaucoup ce genre de romans atypiques, déroutants et farfelus ! Je note :)
RépondreSupprimerJ'ai fais beaucoup de belles découvertes grâce à toi mais là j'avoue que je ne suis pas trop tentée. Ce roman me paraît vraiment trop bizarre.
RépondreSupprimerRien en bibli, triple zut, car c'est évidemment mon créneau!
RépondreSupprimerMerci pour la découverte. J'adore le questionnaire.
RépondreSupprimerJe ne pense pas que ce soit pour moi. Toi, en tout cas, tu as bien repéré ce qui allait te plaire dans ce roman.
RépondreSupprimerJe suis sans doute trop conventionnelle ;-D, mais je crois que ce n'est pas pour moi...
RépondreSupprimerC'est un livre complètement farfelu on dirait. Ou un concept adapté en roman. Cela attise ma curiosité...
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