UNE JOURNÉE D'IVAN DENISSOVITCH
traduit du russe par Lucia et Jean Cathala
À travers une journée type d'un zek (détenu) dans un camp soviétique, le bagne donc pour tout (suspecté d'être vaguement) dissident politique, Soljenitsyne, lui-même ayant fait son temps (8 ans) dans ces camps, nous dévoile les réalités et incongruités du système du goulag.
Oeuvre mondialement importante dans la mesure où c'est le premier livre publié (en 1962), témoignant des horreurs de ces camps. Soljenitsyne avait d'ailleurs dû à l'époque remanier le texte original (publié intégralement en 1973) pour le voir passer à travers les mailles de la censure.
Ça me parait un peu déplacé ou grotesque de dire que j'ai adoré ou que c'est génial vu le thème, et pourtant, dans le genre, c'est un des récits qui m'a vraiment marquée et touchée.
Le ton et le style, l'emploi d'un registre un peu bourru, familier ("à cause que", "je te me le suis..."), le choix même de ne décrire qu'une journée (n'importe laquelle, elles sont toutes les mêmes) tout cela concourt à nous sensibiliser sur le sort de ces pauvres hères, et pourtant on ne sombre pas dans le déprimant pour autant.
Le ton et le style, l'emploi d'un registre un peu bourru, familier ("à cause que", "je te me le suis..."), le choix même de ne décrire qu'une journée (n'importe laquelle, elles sont toutes les mêmes) tout cela concourt à nous sensibiliser sur le sort de ces pauvres hères, et pourtant on ne sombre pas dans le déprimant pour autant.
Au contraire, des fois je trouvais même drôle la façon dont étaient restitués certaines scènes, pensées, dialogues - ironie amère peut-être aussi de la part de l'auteur qui s'applique à décrire le système absurde et aberrant qui les a piégés et auquel ils n'avaient pas d'autres choix que s'adapter au mieux pour que ce soit supportable. Parce que ce qui force aussi l'admiration, c'est la mentalité de ces zeks, qui arrive à faire un paradis (dans leur tête) d'une deuxième louchée de soupe d'eau chaude, à "aimer" travailler finalement parce qu'ils en oublient le froid, à trouver merveilleux la moindre petite bénédiction de la vie (5 minutes de sommeil, un copeau de bois trouvé à terre,...). Leurs préoccupations n'ont rien de celles d'un homme libre mais ça les occupe pour la journée et en fin de compte, quand ils y pensent, quelle bonne journée! (moi : 😱), ça aurait pu être pire...
Bon, on relativise beaucoup de nos problèmes quand on lit ça, c'est clair...
Je voulais mais j'hésitais à lire Le Pavillon des cancéreux du même auteur, mais je pense que s'il aborde ce thème délicat dans le même esprit, je devrais pouvoir passer le cap.
L'auteur
Alexandre Soljenitsyne, né dans le Caucase en 1918 et décédé à Moscou en 2008, est un romancier et dissident russe.
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