jeudi 13 février 2014

SAYONARA GANGSTERS


SAYONARA GANGSTERS

traduit de l'anglais (américain) par Jean-François Chaix
d'après la traduction du japonais de Michael Emmerich


Deux "mots" pour décrire ce livre : OLNI, gravos !
A chaud, ce qui me vient en tête pour exprimer mon ressenti de lecture : déconcertant, ni queue ni tête, décousu, pas de repères mais jubilatoire !
Rien que le récit de la genèse des noms des personnages vaut le détour : Sayonara Gangsters et Livre-de-Chansons, tout un délire autour de ces noms ! Il y avait même quelque chose de beau, d'intensément poétique, de magique, de l'ordre du conte dans ce chapitre sur l'origine de ces noms, et en même temps, le tout se fondait dans un énooorme délire !
Sans parler du chat Henri IV, bibliophile et grand amateur de lait-vodka, de l'histoire de Carvi, un truc de malade, un récit étrange, drôle et étonnamment bouleversant sur la fin.
Il y avait quelque chose de délirant, décalé, étrange et absurde qui m'évoquait un peu les Jim Jarmusch que j'adore ("Ghost Dog" et "Coffee and Cigarettes", entre autres).

Des extraits pour se faire une idée du style :
"Il y avait toujours une file d'attente interminable à la mairie. Elle était si longue que si deux personnes devenaient amants en rejoignant la queue, le nouveau-né partait en ambulance à peu près au moment où la mairie était en vue."

"J'étais assis sur le canapé, je lisais le journal et je regardais un soap opera.
Dans le soap, un couple qui était amoureux au début se séparait à la fin, et un homme et une femme qui n'étaient pas amoureux au début tombaient amoureux, ou dépassaient ce stade et se séparaient finalement, et le personnage principal se trouvait ou se perdait dans sa chambre ou dans un parc ou pendant qu'il écrivait une lettre assis à son bureau, et l'héroïne enceinte sanglotait ou était dans tous ses états ou en pleine dépression, et soit l'homme la larguait, soit elle larguait l'homme, et chaque fois qu'une scène sexy s'annonçait la caméra faisait un plan rapproché sur un rideau ou une poignée de porte dans un mouvement évoquant les délires narcissiques d'un schizophrène."

Voilà ! Tout ça, c'était le premier tiers du livre... après j'avoue, même si je suis aguerrie à ce genre OLNI et que je l'affectionne, que j'adore les auteurs délirants, barrés, non conventionnels, imaginatifs, originaux, à un moment donné, je me suis perdue en cours de route et je n'ai plus vu l'attrait et le charme que j'avais vus au départ dans ce récit. Trop n'importe nawak. Des élucubrations sans fin, des divagations comme sous l'effet d'hallucinogènes, un lien si ténu entre le tout que ça m'a lassée vers la fin, malgré encore quelques bons délires ici et là, entre autres, l'insertion d'une page de BD trop nulle (j'ai adoré ce délire comme surgi de nulle part), le vampire dans une pièce à côté de la classe de poésie (OK, ça ne veut rien dire comme ça mais c'était assez drôle et très n'importe quoi aussi), les gangsters qui veulent suivre des cours de poésie (ah oui, ça c'était vraiment excellent !). 

Dommage donc que je me sois essoufflée en cours de route, mais j'aurai tout de même passé un moment de lecture hors du commun et je ne regrette pas cette découverte.

A noter que l'auteur a été incarcéré un an et demi en tant qu'étudiant contestataire, et que cela a engendré chez lui des pertes de capacités linguistiques. Ses médecins lui auraient conseillé l'écriture comme thérapie.

L'auteur
Genichiro Takahasi, inédit en France, est célèbre depuis longtemps au Japon et traduit avec succès dans de nombreux pays.
Publié en 1982, ce premier roman, lauréat du prestigieux prix Gunzo, est devenu un livre culte. Il a fait de son auteur l'une des figures du renouveau des lettres japonaises, avec Haruki Murakami et Ryu Murakami.

10 commentaires:

  1. Quand tu présente une lecture par gravos je sais forcément que tu as aimé. Dommage que ça ce soit essoufflé en cours de route. Et pas mal la thérapie de l'auteur.

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    1. Haha oui, il y a des livres clairement faits pour moi, et je les reconnais de loin.^^ Bon le souci avec les délires, c'est qu'on peut s'en lasser, suivant son humeur, son état d'esprit, si c'est trop long, etc. Ça m'arrive souvent ces derniers temps, même avec des valeurs sûres. Je ne sais pas précisément ce qui fait que je décroche à un moment, mais bon, ça n'empêche que je reste irrésistiblement attirée par le gravos !^^

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  2. Ouais quand même . Le gravos, j'aime aussi. Mais sans doute ne faut-il pas le lire trop longtemps?
    Sinon, j'adore la couverture!

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    1. C'est la couv' qui m'a attirée irrésistiblement à la bib' !^^
      Sinon, disons que c'est un gravos tellement gravos qu'il faut, je pense, une certaine disposition d'esprit sur la longueur.^^ C'est pas si long en plus, dans les 200 pages.

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  3. Il aurait presque tout pour me plaire... si tu ne t'étais pas perdu en route.

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    1. Sur 200 pages, ce n'est pas un égarement trop pesant, il y a vraiment des passages excellents et mémorables dont la lecture du roman vaut le détour rien que pour ça, mais dommage en effet que je n'y étais pas confortable de bout en bout.

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  4. Arf, dommage, les extraits donnaient envie pourtant. Déjanté, ça me plaît, mais par contre, si ça devient gavant ou que ça s'essouffle façon pétard mouillé (qui a dit Le Livre sans nom..? ^^), ça fait tout de suite moins envie.

    Je dois aussi avouer que comme Keisha, la couverture m'a tapée dans l'oeil (mais bon, je ne suis plus objective quand il y a un félin de concerné).

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    1. J'ai sauté dessus aussi à cause de la couverture en le voyant à la bib'. Puis en le feuilletant et en lisant la 4è page de couv', c'était vendu (enfin, enprunté^^).
      Ça ne devient pas gavant mais quand on ne suit pas certains délires, c'est frustrant. Il faut une certaine disposition d'esprit je pense, tout le long. En revanche, il y a tellement de moments excellents et délirants que ce livre vaut tout de même le détour, rien que pour ces passages.
      C'est une sacrée expérience de lecture - à tenter tout de même.;-)

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  5. Le côté "ni queue ni tête" m'effraie un peu.... Et puis si tu t'es essoufflée.... Pas trop tentée !

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    1. Oui, ça risque de ne pas trop être ton truc.;-)

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